POLITIQUEPour Juppé, «le président a pris conscience de la gravité de la situation»

«Gilets jaunes» à Bordeaux: «Le président a pris conscience de la gravité de la situation», estime Juppé

POLITIQUELe maire de Bordeaux a réagi ce matin aux annonces du chef de l’Etat…
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • Alain Juppé voit un « changement de cap » dans la politique du président de la République après ses annonces de lundi soir.
  • Il s’inquiète toutefois des réactions de certains partis politiques à ces annonces.
  • Il demande aux « gilets jaunes » de ne pas appeler à manifester samedi prochain et d’entrer dans le processus de discussion.

Le maire de Bordeaux Alain Juppé a réagi ce mardi matin depuis sa mairie, aux annonces du président de la République Emmanuel Macron, suite à la crise des « gilets jaunes ». « Il a montré, je crois, qu’il avait pris conscience de la gravité de la situation, et des raisons légitimes de certaines colères. C’est un changement de cap. Il a fait des avancées, notamment pour les retraités modestes, et surtout il a ouvert la voie à une large discussion sur tous ces sujets. Pour ma part, je suis évidemment prêt à m’associer à cette démarche. »

Alain Juppé s’est montré toutefois inquiet. Notamment en raison de certaines réactions politiques à ces annonces. « Il est clair qu’il y a des mouvements politiques dans notre pays qui veulent faire la révolution, renverser le gouvernement, voire le président de la République. Ce sont des adversaires, et des dangers pour la démocratie, et nous devons les combattre. Ils font courir à notre pays un risque grave, un risque d’ordre public. »

« Il faut accepter d’entrer dans le processus de discussion »

Autre inquiétude pour le maire de Bordeaux : le risque d’un éventuel nouvel appel à manifester samedi prochain. Sachant que de violents heurts se sont déjà produits dans sa ville. « Il faut que tout le monde prenne ses responsabilités, en particulier les “gilets jaunes” de bonne foi. Et je leur lance un appel : ils savent qu’en organisant une nouvelle manifestation samedi prochain, ils convoquent les casseurs à venir casser. Cela se reproduira inévitablement. Il faut donc changer de méthode, et accepter d’entrer dans le processus de discussion qui est proposé. »

Mais ce changement risque d’être compliqué, puisque, selon Alain Juppé, « ce qui change la donne par rapport à ce que l’on a connu auparavant, c’est la totale inorganisation de ce mouvement, voire le refus de certains de s’organiser. Cela ne peut pas durer. »

« Un ralentissement de la croissance » observé

Enfin, l’ancien Premier ministre s’interroge aussi sur les risques que ce conflit fait peser sur l’économie du pays. « L’économie française est gravement déstabilisée aujourd’hui. Le commerce joue un rôle extrêmement important dans notre économie, notamment dans l’économie locale, comme ici à Bordeaux. Et nombre de commerçants, d’artisans, réalisent une grosse partie de leur chiffre d’affaires au mois de décembre, et ceci est aujourd’hui gravement compromis. On voit bien qu’il y a déjà un ralentissement de la croissance, et je ne parle de l’image de la France à l’étranger qui est désastreuse. »

Enfin, concernant le « tour de France des maires » suggéré par Emmanuel Macron, Alain Juppé y est évidemment favorable. « Je demande au pouvoir central d’être plus proche du terrain. C’est quoi le terrain ? Ce sont les citoyens bien entendu, mais c’est compliqué de parler à 60 millions de Français en direct. Or, le terrain, ce sont aussi les corps intermédiaires, c’est-à-dire des personnes au contact des citoyens et qui représentent quelque chose, comme les élus. Tout ce tissu doit être consulté. Je suis prêt à organiser cela ici. »