«Gilets jaunes»: Les annonces de Macron coûteront entre «8 et 10 milliards d'euros»
BUDGET•C'est la fourchette donnée par le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Action et des comptes publics, lundi soir...20 Minutes avec AFP
Pour éteindre l’incendie de la crise des « gilets jaunes », Emmanuel Macron a sorti son chéquier. Face à « un état d’urgence économique et social », le président français a annoncé quatre mesures pour le pouvoir d’achat : une hausse du Smic de 100 euros (par un bricolage sur la prime d’activité), l’annulation de la hausse de la CSG pour les retraités touchant moins de 2.000 euros, et une suppression des charges pour les heures supplémentaires et les primes de fin d’année. Le coût : « entre 8 et 10 milliards d’euros », a estimé sur BFMTV Olivier Dussopt, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Action et des comptes publics.
Dussopt n’a pas livré les détails, laissant ce soin au Premier ministre, qui doit s’exprimer mardi. Mais on sait que la défiscalisation des heures supplémentaires avait, à elle seule, coûté 4,4 milliards d’euros par an sous Nicolas Sarkozy. L’annulation de la hausse de la CSG pour les retraités les plus modestes pourrait se chiffre en milliards d’euros, auxquels il faut ajouter le coût de la hausse du Smic via une augmentation de la prime d’activité.
Le chiffre inclut-il le coût de l’annulation de la taxe carburant (4 milliards d’euros) ? La réponse du secrétaire d’Etat n’a pas été claire mais ce n’est sans doute pas le cas. « Nous sommes en train de voir comment nous allons financer » ces mesures, a-t-il conclu.
Bruxelles « attentive » à l’impact budgétaire
La Commission européenne va étudier «attentivement l’impact budgétaire de ces mesures», a déclaré le vice-président de l’exécutif européen, Valdis Dombrovskis. «Nous suivons de près les mesures potentiellement nouvelles annoncées, mais nous ne pouvons pas faire de commentaires avant qu’elles ne soient correctement annoncées et détaillées», a expliqué le commissaire chargé de l’euro à Strasbourg où les députés européens sont réunis en session plénière.
La Commission européenne a toujours défendu la même position : chaque dépense non prévue dans le projet de budget national doit faire l’objet d’une recette ou d’une mesure d’économie. Avec un déficit budgétaire prévisionnel de 2,8 % du PIB, à 98,7 milliards d’euros pour 2019, la marge de manœuvre d’Emmanuel Macron est très limitée. Une dizaine milliards d’euros de dépenses supplémentaires non financées par d’autres revenus ferait passer le déficit au-delà de la barre des 3 % fixée par le pacte de stabilité.
La France risquerait donc une procédure pour déficit excessif, alors qu’elle venait d’en sortir l’été dernier après trois années consécutives dans les clous. Ce serait avant tout symbolique, car les sanctions financières n’ont jamais été infligées aux pays de l’Union européenne, quasiment tous en infraction au cours des années qui ont suivi la crise financière de 2008. Mais la crédibilité d’Emmanuel Macron auprès de ses partenaires en prendre un coup. Un comble pour un ancien banquier.