«Gilets jaunes» à Bordeaux: Après les débordements, Juppé estime que Macron «doit parler vite et tenir un discours fort»
POLITIQUE•Le maire de Bordeaux a été à la rencontre des commerçants et des riverains des rues les plus touchées par les dégradations et actes de vandalisme qui ont eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche...Elsa Provenzano
L'essentiel
- Après la manifestation des « gilets jaunes » des casseurs ont sévi dans le centre-ville de Bordeaux.
- Des commerces, des engins de chantiers, des vitrines ont été saccagés, principalement rue Ravez, et sur le cours Victor Hugo.
- 32 personnes ont été blessées dont une grièvement, qui a eu la main arrachée.
Jusqu’à 16 h, samedi, des milliers de « gilets jaunes » ont défilé pacifiquement dans les rues de Bordeaux, rejoignant à un moment les manifestants de la marche pour le climat.
Une partie du cortège est même passée par la rue Sainte-Catherine, devant des boutiques qui avaient enfermé leurs clients derrière leurs rideaux de fer, en scandant « on n’est pas des casseurs » et un peu plus loin « la police, avec nous ».
C’est en fin de journée que la situation a dégénéré, alors que la plupart des « gilets jaunes » s’étaient dispersés, après l’usage par les forces de l’ordre de gaz lacrymogène.
Des barricades ont été installées cours Victor-Hugo, deux banques y ont été vandalisées et un fourgon brûlé. L’Apple Store proche de la place de la Comédie a lui été pillé. Du mobilier urbain, des vitrines et des façades ont également été dégradés.
Le maire de Bordeaux Alain Juppé s’est rendu sur place, ce dimanche matin, pour évaluer les dégâts et il n’hésite pas à parler de « guérilla urbaine ». Il s’est dit indigné et ému par les événements.
69 interpellations et 32 blessés
Les forces de l’ordre ont procédé à 69 interpellations qui ont donné lieu à 54 gardes à vue. On dénombre 32 blessés dont une personne qui a eu la main arrachée par une grenade qu'elle venait de ramasser. « Et je rappelle qu’il y a eu six personnes blessées parmi les forces de sécurité intérieure », a souligné Didier Lallement, préfet de la Gironde. « Ce n’étaient pas des phénomènes qui étaient connus à Bordeaux, ville de modération », a-t-il ajouté.
Un véhicule blindé de la gendarmerie a été utilisé pour évacuer le cours Victor-Hugo et la dispersion des « casseurs » en différents points de la ville a compliqué la tâche des forces de l’ordre, dont la mobilisation était pourtant sans précédent. « Nous n’avons jamais engagé autant de forces de gendarmerie et de police à Bordeaux depuis mémoire des uns et des autres, a réagi le préfet, c’est-à-dire 566 policiers et gendarmes et deux véhicules blindés. » Au moment du pillage de l’Apple store, les forces de l’ordre étaient engagées sur neuf points différents, a aussi détaillé Didier Lallement.
Un appel au président
Le maire de Bordeaux déplore des « conséquences désastreuses pour l’économie locale » avant les fêtes de fin d’année et sur « l’image de la France à l’international ». « Il faut que le président parle vite et tienne un discours fort, estime Alain Juppé. Un discours d’autorité, mais aussi de compréhension et d’empathie. Car beaucoup de revendications de gilets jaunes "responsables" méritent d’être prises en considération. »
L’ancien Premier ministre souhaite un geste sur le sujet du pouvoir d’achat pour les salariés les plus modestes et les retraités. Pour ces derniers, il estime que le gouvernement a « trop chargé la barque ». Il a aussi appelé à un « autre discours sur la gouvernance ».
Il a enfin appelé les « gilets jaunes » à changer de méthode. « Il y a d’autres façons d’exprimer [son] mécontentement, on peut se mettre autour de la table, a-t-il affirmé. J’ai proposé à plusieurs reprises de recevoir des représentants. »