«Gilets jaunes»: Les annonces d'Edouard Philippe peuvent-elles mettre un terme au mouvement?
POLITIQUE•Malgré les annonces du Premier ministre, les «gilets jaunes» veulent poursuivre la mobilisation...Thibaut Le Gal
L'essentiel
- Après des semaines de tension, le gouvernement a effectué un léger changement de cap.
- Edouard Philippe a annoncé ce mardi la suspension pendant six mois de trois mesures fiscales
- Pas satisfaits par les annonces, les «gilets jaunes» maintiennent la mobilisation.
Après trois semaines de tension face au mouvement des «gilets jaunes», l’exécutif effectue un petit changement de cap. Ou du moins, un léger coup de frein, pour « ramener l’apaisement et la sérénité dans le pays ». Edouard Philippe a annoncé ce mardi la suspension pendant six mois de trois mesures fiscales devant entrer en vigueur le 1er janvier 2019 : la hausse de la taxe carbone, sur l’essence, le fioul et le diesel, la convergence fiscale du diesel avec celle de l’essence et l’alignement sur la fiscalité des particuliers de la fiscalité du gazole des entrepreneurs non routiers.
Le Premier ministre a également annoncé que les tarifs du gaz et de l’électricité « n’augmenteront pas pendant l’hiver » comme prévu initialement, et la suspension, pour six mois là aussi, du durcissement prévu du contrôle technique. Ces annonces n’ont pas apaisé la colère des « gilets jaunes ».
« Ces annonces sont un plâtre sur une jambe de bois »
« Ils sont complètement déconnectés. Ils n’ont pas compris ce qu’il se passait dans la rue. Ils font un moratoire pendant six mois pour qu’on évite de leur casser les couilles, qu’on ne bloque pas les commerçants à Noël…, s’agace Yves Garrec, gérant d’une société de VTC et gilet jaune à Toulouse. Mais on sait bien qu’ils ne pourront pas s’asseoir sur plusieurs milliards d’euros et que les taxes reviendront au mois de juin ».
Selon le gouvernement, ces hausses auraient dû rapporter trois milliards d’euros sur l’ensemble de l’année 2019 dans les caisses de l’Etat, soit un manque à gagner de 1,5 milliard pour le report de six mois. « Ces annonces sont un plâtre sur une jambe de bois. Ces six mois de suspension sont une tentative de pourrir le mouvement, pour être tranquille lors des Européennes et tout réinstaurer pendant les vacances estivales… Les « gilets jaunes » ne sont pas des lapins de six semaines, nous ne lâcherons rien !, ajoute Guigui, « gilet jaune » à Sigean. Nous voulons la suppression des gestes fiscaux aux grandes entreprises qui délocalisent à l’étranger, la diminution des avantages des élus, du gouvernement et du Parlement, l’instauration de référendums populaires, notamment sur le pacte de Marrakech, etc. »
« Samedi, ça va être le feu »
« Nous voulons des réponses plus concrètes : une baisse du prix du carburant et des taxes, une augmentation du Smic et des retraites. On veut que Macron n’oublie pas non plus les gens, qui comme moi, vivent en dessous du Smic. On veut qu’il nous écoute, ou qu’il démissionne », poursuit un membre d’une page de blocage en Seine-et-Marne.
A Brest, ces déclarations du Premier ministre ont été jugées « satisfaisantes » par des manifestants qui ont décidé de lever le blocage du dépôt pétrolier, indique l’AFP. Mais sur de nombreux autres barrages, le mécontentement dominait dans les réactions recueillies par l’agence de presse. Une dizaine de groupes Facebook consultée par 20 minutes montre également que le mouvement devrait se poursuivre ce week-end. Yves Garrec prévient : « Le gouvernement est en train de créer une classe de désespérés. Des gens qui ne manifestaient pas, commencent à se renseigner sur les rassemblements. Les annonces sont une pièce de plus dans le jukebox, samedi, ça va être le feu ».