SANTELes sénateurs à l’offensive pour protéger les tout-petits des écrans

Ecrans: Les sénateurs à l'offensive pour protéger les tout-petits

SANTELe texte vise à imposer la présence « d’un message à caractère sanitaire », avertissant des dangers liés à l’exposition aux écrans pour les enfants de moins de trois ans…
Photo d'illustration - Un enfant en bas âge face à un écran d'ordinateur.
Photo d'illustration - Un enfant en bas âge face à un écran d'ordinateur. - Alex Segre/Shutterstock/SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Mardi, journée internationale des droits de l’enfant, le Sénat a adopté une proposition de loi pour protéger les moins de trois ans de l’invasion des écrans, une mesure jugée insuffisamment étayée par le gouvernement.

Le texte vise à imposer la présence « d’un message à caractère sanitaire », avertissant des dangers liés à l’exposition aux écrans pour les enfants de moins de trois ans, sur les emballages « de tous les outils et jeux numériques disposant d’un écran », mais également toutes les publicités concernant ces produits. Il a reçu le soutien de l’ensemble des groupes du Sénat, y compris LREM, et a été voté par 333 voix contre 2.

La position du gouvernement surprend les sénateurs

Pour son auteure, Catherine Morin-Desailly (centriste), ce texte « traduit les alertes lancées par de nombreux pédiatres, psychiatres, professionnels de santé et de la petite enfance, ainsi que l’Académie des sciences sur les conséquences de l’exposition des jeunes enfants aux écrans pour leur développement ». Au « principe de précaution » invoqué par Catherine Morin-Desailly, Christelle Dubos a opposé « le principe de responsabilité » qui fait que « nous ne pouvons nous permettre d’imposer des messages de santé publique précis sur des produits en circulation s’ils ne sont pas clairement étayés par des analyses scientifiques ».

Le Haut conseil de la santé publique a été saisi pour faire « la synthèse des connaissances disponibles » et proposer « des recommandations afin de diffuser une information basée sur des preuves scientifiques », a-t-elle ajouté. Sur tous les bancs, les sénateurs ont exprimé leur « surprise » et leur « incompréhension » face à la position du gouvernement.

« L’idée, c’est de faire changer les esprits »

« S’il ne faut pas culpabiliser les parents, il ne faut pas ignorer les risques qui pèsent sur les jeunes enfants », avait déclaré le 18 octobre la ministre de la Santé, Agnès Buzyn devant les députés, évoquant des « conséquences sur le développement du cerveau, l’acquisition du langage et le niveau de concentration » ou des problèmes de santé physique comme les « troubles du sommeil et de la vision ».

Le psychiatre Serge Tisseron, spécialiste de la question, qui soutient la proposition de loi, explique lui qu'« il n’y a pas et il n’y aura jamais la démonstration de ce qu’on appelle en sciences la "dangerosité" ». « En revanche, il y a un faisceau de présomptions qui concordent pour dire qu’une utilisation excessive des écrans présente de grands risques ». « L’idée, c’est de faire changer les esprits », a-t-il déclaré, prévoyant « une levée de boucliers massive des fabricants de produits numériques » qui « craignent que les parents se mettent à réfléchir ».