ELECTIONS 2020A Lyon, la révolte des maires «indépendants» contre Gérard Collomb

Lyon: La révolte des maires des communes «indépendantes» contre Gérard Collomb

ELECTIONS 2020Vingt-deux élus refusent de « faire allégeance » à l’ancien ministre de l’Intérieur…
Caroline Girardon

Caroline Girardon

L'essentiel

  • Vingt-deux maires des communes «sans étiquettes» de la Métropole de Lyon se révoltent contre Gérard Collomb. Ils dénoncent le mode de scrutin pour les élections de 2020, porté par l’ex ministre de l’Intérieur.
  • Le président de la Métropole de Lyon sera désigné au suffrage universel direct et les élus auront moins de sièges au sein du conseil communautaire.
  • Anciens soutiens de Gérard Collomb, ils annoncent vouloir présenter des listes indépendantes.

«Le système Collomb » ? Ils en ont marre. Tellement remontés qu’ils se disent prêts à constituer des listes indépendantes et présenter des candidats « partout où ça sera possible » lors des élections de 2020, notamment lors du scrutin concernant la Métropole de Lyon.

Les maires du groupe Synergies-Avenir (indépendants) ont tenu une conférence de presse, quelques jours seulement après l'annonce de huit d'entre eux de soutenir Gérard Collomb. Une position dont se désolidarisent les vingt-deux autres élus. Pas question de « faire allégeance » au baron local.

Changement de scrutin

En 2020, le mode de scrutin va changer. Et c’est là la grande nouveauté. Le président de la Métropole de Lyon (devenue en 2015 une collectivité territoriale) sera élu au suffrage universel direct. Jusqu’à présent, il était désigné par les conseillers communautaires, à savoir les maires des différentes villes de l’agglomération. Désormais, ce sont les électeurs eux-mêmes qui voteront pour une liste. Gérard Collomb a porté le projet. La loi est passée. Lyon fera ainsi figure d’exception puisque les autres métropoles ne sont pas concernées par ce changement.

« Nos communes ne seront pas légitimement représentées au sein du conseil métropolitain », s’inquiète Marc Grivel, président du groupe Synergies. Par exemple, la circonscription Val de Saône, qui englobe 25 communes, n’aura plus que 14 sièges, contre 26 actuellement. « Il y aura des maires de première classe et d’autres, de seconde classe. Les communes vont devenir des coquilles vides, redoute Max Vincent, maire de Limonest. Il est évident qu’on ne peut pas continuer à travailler avec quelqu’un qui entend nous exclure dans quinze mois ».

Les « petits maires » sanctionnés ?

Pour les élus indépendants, ce mode électoral est « injuste » voire « scandaleux » car il sanctionne d’office les « petits maires » qui auront de fait moins de pouvoir, notamment dans les instances délibératives. « Est-ce que les partis des villes doivent décider pour l’ensemble de la périphérie ? Je ne suis pas certaine que cela soit une bonne idée. Comment pourront-ils prendre des décisions concernant les transports en commun, qui ne desservent pas nos communes, alors qu’ils ne sont pas confrontés au problème ? », s’interroge Rose-France Fournillon, maire de Dardilly.

« C’est un système malsain. Cela va engendrer une IV république et cela sera ingérable », prédit pour sa part Hubert Guimet, maire de Fleurieu-sur-Saône. « Il n’est pas question de faire allégeance à Gérard Collomb. Nous refusons de voir nos communes diluées et notre rôle de maire, aussi », poursuit Marc Grivel pour lequel « le temps de l’obéissance est révolu ». Et de préciser : « Certaines de nos listes seront autonomes et d’autres seront des rapprochements de projets à projets ». Quant aux huit élus « dissidents », il n’a pas été précisé s’ils seront exclus du groupe. « Il leur appartient de » décider si leur place est à l’extérieur ou à l’intérieur du groupe », conclut-il. ​