Après avoir comparé la PMA et l'eugénisme des nazis, Laurent Wauquiez temporise
JUSTIFICATION•Invité au « 20 heures » de TF1, ce lundi soir, Laurent Wauquiez, le patron des Républicains, devrait s’expliquer sur ses propos…20 Minutes avec AFP
Laurent Wauquiez fait (timidement) marche arrière. Après une comparaison qui a suscité un véritable tollé dimanche, Laurent Wauquiez a admis, ce lundi, que les débats sur la procréation médicalement assistée (PMA) et la gestation pour autrui (GPA) n’étaient « pas les mêmes » que ceux sur l’eugénisme pratiqué par le régime nazi.
Lors d’une prise de parole, dimanche, devant les militants de Sens commun, un courant conservateur des Républicains, le chef de file du parti avait expliqué que l’ouverture de la PMA à toutes les femmes « mènera nécessairement » à la GPA, « la marchandisation des gamètes » et « l’eugénisme ». « Tout ceci a un nom, c’est l’eugénisme ; tout ceci a été fait par un régime, c’est le nazisme », avait-il déclaré.
« En rappelant l’horreur de l’eugénisme et du nazisme, j’ai voulu rappeler les leçons de l’Histoire »
Après les vives réactions provoquées par ses déclarations, Laurent Wauquiez est revenu sur sa comparaison, tout en appelant à la « vigilance » : « En rappelant l’horreur de l’eugénisme et du nazisme, j’ai voulu rappeler les leçons de l’Histoire. Nos débats contemporains ne sont évidemment pas les mêmes mais quand on parle d’éthique, il faut être très vigilant sur les chemins que nous ouvrons », a tweeté le leader des Républicains. Invité ce lundi soir au 20 heures de TF1, Laurent Wauquiez devrait revenir sur cette polémique.
« Evidemment, aucun acte médical en France ne peut conduire à l’eugénisme. C’est dévoyer le sens des mots. C’est irresponsable pour un soi-disant responsable politique », a répondu la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, qui doit porter un projet de loi ouvrant la PMA pour toutes, et dont la discussion doit avoir lieu en 2019.
Des « sanctions judiciaires » réclamées
L’association SOS Homophobie avait condamné dimanche « les propos abjects » de Laurent Wauquiez. « L’opposition et le débat public n’autorisent pas tout. Ils exigent un minimum de sérieux de dignité et de responsabilité ». L’association des familles homoparentales (ADFH) a réclamé quant à elle des « sanctions judiciaires ». Dimanche, le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, avait déjà fustigé des « outrances les plus abjectes » de la part du patron de LR.
Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’égalité femmes-hommes et de la lutte contre les discriminations, y a vu, quant à elle, un « intolérable mélange de méconnaissance du sujet et d’agressivité contre les femmes ».
Le numéro deux du gouvernement, François de Rugy, a pour sa part dénoncé un « dérapage scandaleux » et « une injure faite aux couples hétérosexuels qui l’ont déjà pratiquée, et à tous ceux qui la pratiqueront demain ».
« Oui, nous le maintenons, il y a un risque d’eugénisme s’il y a commercialisation des gamètes »
Face à ce tollé, Les Républicains ont défendu la parole de leur président, ce lundi, lors d’une conférence de presse au siège parisien du parti. « Nous sommes contre la marchandisation du corps, contre les mères porteuses et c’est pourquoi nous nous opposons à la PMA », a martelé l’une des porte-parole de LR, Laurence Sailliet. « Oui, nous le maintenons, il y a un risque d’eugénisme s’il y a commercialisation des gamètes », a-t-elle ajouté.
Un sénateur LR, Henri Leroy, avait déjà fait polémique la semaine dernière sur le sujet, en évoquant le médecin nazi Josef Mengele, auteur d’expérimentations « médicales » sous le IIIe Reich. Sur ce point, la porte-parole n’a pas souhaité commenter. La sortie de Laurent Wauquiez, et les réactions qu’elle a suscitées, éloigne un peu plus les espoirs d’un « débat apaisé » souhaité sur le sujet par le gouvernement.