Blocage du 17 novembre: Soutenir ou non? La manifestation des «gilets jaunes» divise les partis
MOBILISATION•Face à la manifestation du 17 novembre, les partis politiques se divisent sur la position à tenir...T.L.G.
L'essentiel
- De nombreux collectifs de citoyens ont appelé à une journée de blocage des routes samedi pour protester contre la hausse du prix des carburants.
- La mobilisation se veut apolitique mais de nombreux partis d’opposition y ont apporté leur soutien.
- En interne, toutefois, certaines voix dissonantes se font entendre.
La France va-t-elle être bloquée par les «gilets jaunes» ? De nombreux collectifs de citoyens ont appelé à une journée de blocage des routes samedi pour protester notamment contre la hausse du prix des carburants. La mobilisation, qui a émergé sur Internet, se veut apolitique mais de nombreux partis d’opposition y ont apporté leur soutien. La question d'une participation à la journée de samedi divise toutefois au sein même de ces mouvements, qui tentent de concilier défense de l’écologie et pouvoir d’achat.
Au RN et à Debout la France, on soutient le blocage
Nicolas Dupont-Aignan ne quitte plus son gilet jaune. L’ancien candidat à la présidentielle a une nouvelle fois demandé mardi aux Français de soutenir « le grand mouvement de samedi dans toute la France […] à être le plus nombreux possible, quelle que soit votre opinion politique [pour] faire reculer le gouvernement ». Le président de Debout la France, qui appelle au blocage, distribue lui-même un tract pour dénoncer « le racket des automobilistes ».
Marine Le Pen a prévenu : elle ne participera pas personnellement au blocage mais elle a reconnu ce mardi sur France inter que les militants du Rassemblement national distribuaient également des tracts en tenue jaune. « L’ensemble de nos élus et délégués départementaux, de nos fédérations, rejoindront la contestation qui est en train d’émerger, avait récemment indiqué Marine Le Pen sur Europe 1.
A droite, un soutien mais des divergences sur le chèque-carburant
Laurent Wauquiez participera à une manifestation dans son département de la Haute-Loire, tout en soulignant qu’il n’appelait pas au blocage. « La position de LR est simple : nous serons du côté des manifestants en colère, mais sans appel à bloquer, car c’est contre-productif », affirme le vice-président du parti Guillaume Peltier, qui participera samedi à Romorantin à la mobilisation. Les Républicains mettent en avant un « chèque carburant » de 100 euros pour aider les plus modestes, qui serait financé par « une taxe exceptionnelle sur les sociétés d’autoroutes ». Mais la proposition ne fait pas l’unanimité à droite : le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau s’y est notamment opposé, dénonçant le coût de 15 milliards d’euros.
Ces divisions auraient d’ailleurs obligé le patron de la droite à renoncer à la conférence de presse qu’il espérait organiser sur le sujet mercredi, en compagnie des ténors du parti, rapporte RTL. La droite marche aujourd’hui sur des œufs : selon une journaliste de cette radio, LR a revu le tract sur le prix des carburants, gommant l’idée du « chèque carburant » prévue initialement.
A gauche, entre malaise et division
Tout en dénonçant la présence de « fachos » au sein des « gilets jaunes », Jean-Luc Mélenchon souhaite le «succès» de la mobilisation. Mais La France insoumise est divisée : les députés Alexis Corbière, Adrien Quatennens et François Ruffin participeront à la journée du 17 « à titre personnel ». Clémentine Autain, elle, n’en sera pas, préférant lutter « contre l’injustice fiscale » plutôt que défendre « un ras-le-bol fiscal », a-t-elle précisé sur France info ce mardi. « Dans nos rangs, certains vont y participer, d’autres non. On respecte ces deux positions », nous assurait Manuel Bompard, le directeur national des campagnes de La France insoumise.
Autre exemple d’acrobatie au Parti socialiste : Olivier Faure dit « entendre la colère » exprimée, tout en évoquant les « formes parfois critiquables » du mouvement. Les écologistes, défendent eux la taxe carbone et n’appellent pas à manifester. Mais leur chef de file Yannick Jadot veut s’adresser aux ménages les plus modestes, qu’il appelle à aider dans cette transition écologique, tout en s’indignant du peu d’effort des constructeurs automobiles, épargnés selon lui par le gouvernement. Enfin, pour le fondateur de Génération. s Benoît Hamon, estime qu’il y a des « colères politiques légitimes […] Mais je n’irai pas manifester à côté du FN », a-t-il estimé.