Hausse de la CSG: «Il ne faut pas mettre tous les retraités dans le même panier», défend un député LREM
INTERVIEW•Le député LREM Jean-François Cesarini a déposé un amendement contre l'avis du gouvernement pour moduler la hausse de la CSG selon les revenus des retraités...Propos recueillis par Thibaut Le Gal
Une tentative d’émancipation ? Les députés ont adopté la semaine dernière en commission un amendement prévoyant de moduler la hausse de la CSG pour les retraités en fonction de leurs niveaux de revenus. Ce texte, porté par des élus de La République en marche a été voté… sans l’aval du gouvernement et a provoqué des remous dans la majorité. Le député LREM du Vaucluse à l’origine de l’amendement, Jean-François Cesarini, explique avoir voulu proposer « un texte plus juste » pour les retraités les plus pauvres.
Pourquoi avoir déposé cet amendement ?
Cette hausse de la CSG sur les petites retraites est l’une des critiques les plus récurrentes qu’on entend sur la majorité, avec la limitation à 80km/h. Face à cette incompréhension, il est normal qu’on tente de trouver des solutions. Le Premier ministre lui-même a identifié cette tension sur les retraités, puisqu’il a fait un geste en septembre [près de 300.000 retraités vont bénéficier d’un geste fiscal destiné à compenser la hausse de la CSG]. Contrairement au geste d’Edouard Philippe, qui représente 350 millions d’euros, notre amendement ne coûte rien à l’Etat.
Que proposez-vous ?
Plutôt que de faire une hausse générale d’1,2 point de la CSG pour tous à partir de 1.200 euros de retraite, nous proposons une hausse progressive, par tranches, afin que les retraités les plus riches contribuent un peu plus et que les retraités les plus pauvres soient ponctionnés un peu moins. L’idée est de ne pas mettre tous les retraités dans le même panier. Nous souhaitons garder le cap fixé par Emmanuel Macron, mais prendre un chemin différent pour y parvenir, en proposant un texte plus juste.
Avez-vous été surpris que votre amendement soit voté en commission des affaires sociales ?
Oui, clairement. Il est très rare qu’un amendement soit voté contre l’avis du rapporteur.
Avez-vous subi des pressions ou des remontrances après ce vote ?
On a eu une réunion de groupe ce mardi. Personne n’a haussé le ton. Gilles le Gendre a fait son travail de président de groupe, en nous disant de faire attention à la cohésion, à la collégialité. J’ai pris la parole pour expliquer je n’avais aucun péché à confesser. Si j’avais dit « il ne faut pas du tout toucher à la CSG », j’aurais été dans une opposition au gouvernement. Ce n’est pas le cas. J’essaye d’être utile pour qu’on soit plus juste socialement et plus populaire. Le Premier ministre m’a répondu qu’il n’était pas d’accord avec ma proposition. Cela fait partie du jeu démocratique.
Êtes-vous un frondeur ?
Quand on vote avec le gouvernement, on nous dit « vous êtes des godillots », et quand on ne vote pas avec, on nous dit « c’est le bordel ». Nous ne sommes ni des frondeurs, ni des godillots. Est-ce que des lois ne sont pas votées ? Non. Est-ce que nous ne sommes pas d’accord avec la ligne politique ? Non. Avons-nous un problème avec la personnalité d’Emmanuel Macron ? Non. Il n’y a ni crise, ni tension, ni bras de fer.
En relançant le débat autour de la CSG, n’offrez-vous pas des armes à l’opposition ?
Il me semble que la semaine dernière, les retraités étaient dans la rue. Moi j’ai déposé l’amendement après. Si on me dit que tout allait bien, et que ce débat était derrière nous, pourquoi certains retraités ont-ils manifesté ? Pourquoi viennent-ils se plaindre dans nos permanences ? Nous sommes des lanceurs d’alerte pour faire remonter ce qui se dit sur le terrain.
L’amendement peut-il être voté ce mercredi soir à l’Assemblée ?
Cela paraît très compliqué. Mais au moins, on aura posé le débat et montré que la majorité a des opinions diverses sur le sujet.