PORTRAITVIDEO. Qui est Sophia Chikirou, la conseillère communication de Mélenchon?

VIDEO. Ex-socialiste, fondatrice du Média... Qui est Sophia Chikirou, la conseillère communication de Mélenchon?

PORTRAITSophia Chikirou, conseillère communication de Jean-Luc Mélenchon, soupçonnée d’avoir surfacturé ses prestations au candidat en 2017, était entendue par la police anticorruption ce lundi…
Laure Cometti

Laure Cometti

L'essentiel

  • Sophia Chikirou, conseillère communication de Jean-Luc Mélenchon, était entendue par la police anticorruption ce lundi.
  • Cette audition a eu lieu dans le cadre de l’enquête sur les comptes de campagne du candidat de La France insoumise à la présidentielle 2017. L’agence de communication de Sophia Chikirou, Mediascop, est soupçonnée d’avoir surfacturé certaines prestations.
  • Cette ancienne socialiste, très brièvement tentée par le sarkozysme, a rallié Jean-Luc Mélenchon en 2008, dès son départ du PS. Elle est depuis l’un des rouages clés de la communication de l’insoumis.

De l’ombre à la lumière. Plutôt habituée à être en coulisse, préparant la communication de personnalités publiques, Sophia Chikirou, 39 ans, est depuis quelques jours sous les projecteurs. La communicante de Jean-Luc Mélenchon était de nouveau auditionnée ce lundi dans le cadre de l’enquête sur les comptes de campagne de La France Insoumise (LFI). Retour sur le parcours d’une socialiste devenue insoumise, passionnée de communication politique.

« Une famille modeste »

Fille de parents algériens kabyles, Sophie Chikirou est née à Bonneville en Haute-Savoie. « Elle vient d’une famille modeste, ses parents ont tout fait pour qu’elle, ses deux sœurs et son frère fassent de bonnes études », se souvient Virginie Duby-Muller, née dans la même ville, aujourd’hui députée Les Républicains et membre de l’équipe dirigeante du parti. Elles se sont suivies sur les bancs du collège Jean-Jacques-Gallay, (classé en ZEP, à Scionzier), puis du lycée Charles-Poncet, à Cluses, puis de Sciences Po Grenoble.

« Elle était toujours l’une des meilleures élèves. C’était quelqu’un de brillant, très posé, qui comprenait très vite, avec une grosse capacité de travail », raconte son ancienne camarade de classe. Puis les deux femmes prennent des chemins politiques différents, ce qui ne les empêche pas de « garder contact » et de conserver du « respect et de l’amitié », assure celle qui est devenue proche de Laurent Wauquiez.

Dix ans au PS

A 18 ans, Sophia Chikirou prend sa carte au Parti socialiste. Après Sciences Po Grenoble, elle se rend à Paris pour suivre un master de communication politique à la Sorbonne. Elle milite aussi dans le 20e arrondissement et se fait repérer par Michel Charzat, député-maire PS dont elle devient l’attachée parlementaire de 2002 à 2007.

Lors de la primaire socialiste, en 2006, elle soutient Laurent Fabius, notamment pour ses prises de position sur la laïcité, un sujet qui lui tient à cœur, dira-t-elle plus tard. A nouveau, elle se fait repérer, puisqu’il la nomme porte-parole. Elle s’exprime lors de meetings du candidat, notamment le 8 octobre 2006.

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Quelques mois plus tard, c’est la rupture avec le PS. Alors qu’elle espérait être investie par le parti pour prendre la succession de Michel Charzat lors des législatives de 2007, Solférino lui préfère George Pau-Langevin. « Elle a été vraiment dégoûtée par l’épisode », se souvient Virginie Duby-Muller. « François Hollande et ses amis m’ont écartée de façon pour le moins sournoise (…). Ils ont eu la courtoisie de m’assigner à mes origines ethniques en préférant une candidate "antillaise" à la "maghrébine" que je suis à leurs yeux », écrit-elle rageusement plus tard. Elle se lance tout de même dans la campagne, récolte une exclusion du PS après dix ans de militantisme, et 14 % des voix.

Sophia Chikirou en juin 2006.
Sophia Chikirou en juin 2006. - POUZET/SIPA

Du centre gauche à Mélenchon

La dissidente fait ensuite une incursion chez La Gauche moderne, un parti fondé par l’ex-socialiste Jean-Marie Bockel après son entrée au gouvernement de Nicolas Sarkozy. A l’époque, la « militante de gauche » finit par trouver des qualités au sarkozysme, relate Marianne. Dix ans plus tard, elle justifie cette parenthèse à Libération : « Je n’étais pas encore terminée idéologiquement. » Mais confesse son admiration pour celui qui « a cassé tous les codes conservateurs, il a tout osé ».

La parenthèse ne durera qu’une année. Sophia Chikirou rallie Jean-Luc Mélenchon lorsqu’il claque la porte du PS, comme elle, un an plus tôt. Elle le rejoint au Parti de gauche et devient son attachée de presse pendant la campagne présidentielle de 2012.

Sophia Chikirou au siège du Front de Gauche de Jean Luc Melenchon en octobre 2016.
Sophia Chikirou au siège du Front de Gauche de Jean Luc Melenchon en octobre 2016. - JEROME MARS/JDD/SIPA

Kerviel, Equateur et Sanders

Après le mauvais score du Parti de gauche aux législatives de 2012, elle se recentre sur Mediascop, l’agence de communication qu’elle a fondée en 2011. Elle gère notamment la com de l’ex-trader Jérome Kerviel. Elle se rend aussi en Equateur pour prendre part à une campagne du gouvernement contre une multinationale accusée d’avoir pollué la forêt amazonienne.

Pour préparer 2017, elle part observer d’autres campagnes à l’étranger. Celle de Bernie Sanders, défait lors des primaires démocrates en 2016, l’inspire particulièrement. Elle rapporte de ses voyages à New York, Miami et en Pennsylvanie, la stratégie de contourner les médias dits « traditionnels » et de miser gros sur les réseaux sociaux et YouTube, un choix qui permettra de toucher particulièrement les jeunes électeurs.

Sophia Chikirou, au QG de campagne de LFI à Paris, le 26 janvier 2017.
Sophia Chikirou, au QG de campagne de LFI à Paris, le 26 janvier 2017. - WITT/SIPA

Cofondatrice du Média

« Si Mélenchon fait 19 % en 2017, c’est beaucoup grâce à elle. Elle lui a apporté son expérience de campagnes internationales qu’elle a observées, et aussi le côté people. C’est plus ou moins elle qui a impulsé le choix de faire la une de Gala », rapporte Virginie Duby-Muller.

« A Sciences Po Grenoble, elle voulait devenir journaliste », souligne son amie. Elle a d’ailleurs fait un stage au Dauphiné Libéré, avant de préférer la politique. En janvier 2018, la vocation journalistique fait son retour : Sophia Chikirou cofonde Le Média, un site et une chaîne YouTube se présentant comme «indépendant». Après six mois de présidence très houleuse, elle quitte son bébé sur fond de règlements de comptes en interne, critiquée pour sa gouvernance et sa gestion financière. « Elle peut être un peu dure parfois, parce qu’elle est passionnée, exaltée, elle a un caractère très affirmé », glisse un proche. La Savoyarde revient à la politique et se consacre désormais à la campagne européenne de LFI.

Soupçonnée d’avoir surfacturé des prestations en 2017

Depuis plusieurs jours, Sophia Chikirou est à nouveau sous les projecteurs. Elle a été entendue par la police anticorruption (OCLCIFF), dans l’enquête sur les comptes de campagne de LFI. Son agence Mediascop est soupçonnée d’avoir surfacturé ses prestations auprès de Jean-Luc Mélenchon en 2017. Le même jour, l’insoumis a déclaré lors d’une conférence de presse avoir une « confiance totale » en Sophia Chikirou, un « bouc émissaire » selon lui.

« Elle n’est pas ma compagne », a même déclaré l’ancien candidat à l’Elysée, dans une vidéo qu’il a filmée et diffusée samedi. Jean-Luc Mélenchon réagissait à un article publié vendredi sur Mediapart. Des journalistes du site d’information assurent que « selon [leurs] informations », le patron de LFI et sa communicante « partagent une relation intime régulière », « de longue date ».

Virginie Duby-Muller décline tout commentaire, mais, le jour de la publication de l’article, elle a tweeté : « Soutien à mon amie Sophia Chikirou dans cette épreuve. » « Elle a une grande force de caractère, c’est quelqu’un de solide », décrit-elle.

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Sur Twitter, Sophia Chikirou a violemment dénoncé le travail de Radio France, accusant le média de « mentir » après avoir publié un article sur les tarifs pratiqués par Mediascop pendant la campagne.

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Contactée par 20 Minutes ce lundi, elle n’a pas répondu à nos sollicitations, tout comme plusieurs cadres de LFI.