Remaniement: Pourquoi Macron et Philippe tardent à dévoiler le nouveau gouvernement
EXÉCUTIF•Le remaniement se faisait toujours attendre ce mardi soir, une semaine après la démission du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb...L.C.
L'essentiel
- Le remaniement gouvernemental tarde, alors que cela fait déjà une semaine qu’Edouard Philippe assure l’intérim place Beauvau après la démission de Gérard Collomb.
- Il devrait avoir lieu d'ici le Conseil des ministres prévu ce mercredi à 10 heures et avant le départ d’Emmanuel Macron pour un déplacement officiel en Arménie jusqu’à vendredi.
- Ce retard pourrait être expliqué par la difficulté à trouver un successeur à Gérard Collomb, des vérifications sur le patrimoine des nouveaux entrants au gouvernement, ou encore une volonté de l’Elysée d’imposer son tempo.
Le remaniement se fait attendre. Le Premier ministre s’est longuement entretenu avec Emmanuel Macron à l’Elysée ce mardi dans la matinée, mais rien n'a filtré de leurs échanges, alors qu'Edouard Philippe assure l’intérim au ministère de l'Intérieur depuis une semaine, et la démission fracassante de Gérard Collomb.
Les ministres, eux-mêmes, semblaient dans le flou. La garde des Sceaux, Nicole Belloubet, a ainsi déclaré ce matin sur RTL qu’elle « pensait que ce [le remaniement] serait dans la journée ». Puis, comme tous les mardis à 15 heures, ils se sont rendus dans l’hémicycle pour répondre aux questions des députés dans une ambiance électrique, sans que l’on sache si tous les ministres seront encore au gouvernement dans les heures à venir. A 19 heures, l'Elysée a finalement annoncé que le remaniement se fera « sans que le Premier ministre ne donne sa démission et celle de son gouvernement », avant d'informer deux heures plus tard qu'il n'aurait pas lieu ce mardi soir.
Le remaniement pourrait donc être présenté ce mercredi, alors que le Conseil des ministres est prévu à 10 heures, et que le président doit ensuite s'envoler pour l'Arménie, jusqu’à vendredi. Pourquoi le tandem exécutif tarde-t-il à présenter son nouveau gouvernement ? 20 Minutes fait le point sur les différentes hypothèses.
Parce que trouver un ministre de l’Intérieur, c’est compliqué
Selon des sources gouvernementales citées par l’AFP, trouver un successeur à Gérard Collomb s’est avéré plus compliqué que prévu, faute de candidats disposant du profil recherché par Matignon et l’Elysée, et prêts à accepter le poste. De très nombreux noms ont circulé, mais aucun ne coche toutes les cases pour la place Beauvau : CV solide côté sécurité, poids politique, proximité avec Emmanuel Macron et, si possible, un ancrage territorial.
Parce que le remaniement pourrait être plus large
Selon plusieurs sources, Edouard Philippe plaiderait depuis le départ de Nicolas Hulot début septembre pour un remaniement plus large. Des ministres seraient sur la sellette, dont Françoise Nyssen (Culture), Jacques Mézard (Cohésion des Territoires) ou Stéphane Travert (Agriculture). Si le Premier ministre est parvenu à rallier Emmanuel Macron à sa cause, le tandem exécutif pourrait avoir eu besoin de plus de temps afin de trouver leurs futurs remplaçants.
Par ailleurs, d’autres sources évoquent l’entrée de nouveaux MoDem au gouvernement, qui compte à ce jour deux centristes : Jacqueline Gourault, ministre auprès du ministre de l’Intérieur, et Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’Etat aux Armées pourraient ainsi être rejointes par Marc Fesneau, chef de file des députés MoDem à l’Assemblée, qui récupérerait le portefeuille de l’Agriculture. Un scénario qui implique là encore des tractations politiques pouvant expliquer le remaniement retardé.
Parce qu’il faut éplucher les patrimoines des nouveaux entrants
Comme lors des précédentes nominations gouvernementales, l’exécutif fait examiner a priori les profils des ministrables par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique afin d’éviter les mauvaises surprises. S’ils sont déjà élus, ils ont déjà dû remplir une déclaration auprès de la HATVP. S’ils sont issus de la société civile, l’instance se charge de collecter des informations publiques sur chaque potentiel entrant. Ce travail peut prendre un peu de temps. La formation du premier gouvernement du quinquennat, en mai 2017, avait été retardée d'un jour à cause de ce délai de « vérification », selon l’Élysée.
Parce qu’Emmanuel Macron veut « prendre son temps »
C’est ce que déclarent des députés de la majorité présidentielle, confirmant le sens de la communication d’Emmanuel Macron qui avait assuré pendant sa campagne qu'il serait le «maître des horloges».
Ce mardi, le président a choisi de ne pas bousculer son agenda. Il s'est entretenu avec ses homologues chilien et ouzbek avant de se rendre à la station F, temple de la start-up à Paris, pour s’exprimer devant de jeunes entrepreneurs. Sans dire un mot sur le remaniement.