Rassemblement national: «On est désargentés mais pas démotivés», les militants à bloc pour la rentrée Marine Le Pen
FREJUS•La présidente du Rassemblement national a lancé sa campagne des Européennes ce dimanche dans le Var devant 1.000 militants...Mathilde Frénois
L'essentiel
- Le parti traverse une mauvaise passe financière. Impliqué dans une affaire d’emplois d’assistants parlementaires soupçonnés fictifs, le RN a vu ses subventions publiques être gelées.
- Des difficultés financières qui n’empêchent pas le parti d’être « au coude à coude » avec La République en marche aux élections européennes de mars 2019, d'après un récent sondage.
Marie-Jo a pris de l’avance. Deux heures avant le meeting de rentrée de Marine Le Pen au théâtre Le Forum de Fréjus, elle patiente avec une coupe à la main, offerte par le Rassemblement national. « A l’intérieur, c’est du crémant », précise très vite la quinquagénaire originaire de Narbonne. « On n’a pas peur du low-cost. L’âme du FN, c’est celle des Français, pas celle de l’argent, dit-elle. On vote pour des valeurs et des idées : on est désargentés mais pas démotivés. Moi, je suis FN jusqu’à la moelle épinière. »
Si Marie-Jo se rassure, c’est qu’elle a été revigorée par un récent sondage. Selon Odoxa-Dentsu Consulting, la liste la République en marche/MoDem et celle du Rassemblement national seraient « au coude à coude », selon l’expression de Marine Le Pen, lors des élections européennes en mai 2019. 21,5 % pour les premiers, 21 % pour les seconds.
« On a encore de la ressource »
« C’est la victoire du grand éclaircissement. Nous sommes la seule opposition », dit Philippe Vardon, vice-président du Rassemblement national en Paca. Pourtant, le parti traverse une mauvaise passe financière. Impliqué dans une affaire d’emplois d’assistants parlementaires soupçonnés fictifs, le RN a vu ses subventions publiques être gelées. Et ses caisses se vider. « On a encore de la ressource, affirme Philippe Vardon. On a de quoi faire. Ce qui compte, c’est le positionnement politique. On nous fait des croche-pattes. Mais ce qui est important, ce sont les discours, les marchés… »
Marie-Jo a toujours sa coupe à la main. « Les militants n’ont pas besoin d’argent pour être motivés, affirme-t-elle. Regardez, en 1789, les Français ont fait la révolution sans un sou. C’est possible. » C’est l’heure de rentrer dans le théâtre du forum, de jeter sa coupe en plastique et de passer au stand des goodies. Drapeaux, mugs, soupe de poissons et tapenade sont présentés sur des nappes bleu pétrole. C’est ici que Dominique vient de dépenser 8 euros pour un pins et un porte-clefs. « Il est important de financer d’une manière ou d’une autre, explique cet Antibois qui a signé un chèque de 100 euros à l’ordre du parti. Je ne serais pas là et je n’achèterais pas si je n’y croyais pas. »
« La vague nationale qui monte »
Alors que Fréjus accueillait Marine Le Pen pour sa rentrée politique, Marion Maréchal-Le Pen organisait la rentrée des classes dans son école. « Elle est en train de se faire réclamer. Les gens l’attendent, l’appellent. C’est comme ça qu’elle va booster le parti, espère étrangement Dominique. Elle est belle, elle est jeune, elle est intelligente. »
Dans la salle, la présidente du Rassemblement national fait applaudir ses militants. Avec deux thèmes : l’immigration et l’Europe, en vue des élections de mai prochain. « Puisque Macron nous a dit de venir le chercher, nos électeurs lui répondent immédiatement on arrive, déclare-t-elle face à une salle de 1.000 militants. La vague nationale qui monte va prendre toute sa force durant les huit mois qui nous séparent des élections pour balayer de sa puissance ce monde ancien. »
Geoffrey, T-shirt de Génération identitaire sur le dos et responsable dans les Bouches-du-Rhône, est rassuré. « En fait, je n’ai jamais été angoissé, rectifie-t-il. Entre ce discours et les 600.000 euros de dons récoltés, on peut aller loin. »