POLITIQUELe cas Viktor Orban ravive les divisions de la droite avant les Européennes

Les Républicains se déchirent sur le cas Viktor Orban avant les élections européennes

POLITIQUELa droite française, comme d’autres en Europe, s’est montrée divisée mercredi au Parlement européen sur le cas du Premier ministre hongrois, qu’elle côtoie au sein du Parti populaire européen (PPE)…
Thibaut Le Gal

Thibaut Le Gal

L'essentiel

  • La droite française, comme d’autres en Europe, s’est montrée divisée mercredi au Parlement européen sur le cas du Premier ministre hongrois.
  • Ces divisions pourraient ressurgir au moment des élections européennes.

Viktor Orban ciblé par le Parlement européen. Les eurodéputés ont activé mercredi l’article 7 du traité de l'Union Européenne, une procédure rare pouvant mener à des sanctions sans précédent contre Budapest. Les parlementaires reprochent au Premier ministre hongrois de bafouer les «valeurs de l'UE» sur des sujets comme l’indépendance de la justice, la liberté d’expression ou la question migratoire.

Le vote a entraîné des divisions au sein du PPE (parti de droite majoritaire au Parlement), auquel appartient le Fidesz de Viktor Orban. La droite française s’est elle aussi déchirée sur le sort du dirigeant hongrois : neuf eurodéputés ont voté pour, cinq se sont abstenus, trois ont voté contre. Un révélateur des contradictions internes au sein du parti de Laurent Wauquiez, qui doit définir une ligne à quelques mois des élections européennes.

« Le vote de soutien à Orban de trois eurodéputés LR dont Madame Morano est indigne »

« Je n’ai pas assisté hier à un débat mais à un procès. Monsieur Orban n’a eu droit qu’à quelques minutes d’intervention pour deux heures d’une salve à charge orchestrée par les groupes européens, qui veulent tendre un piège politique à neuf mois des échéances électorales, rage l’eurodéputée LR Nadine Morano, qui a voté contre l’article 7. Je suis totalement en phase avec Viktor Orban ou Matteo Salvini, qui a eu le courage de dire non aux bateaux [transportant des migrants secourus en mer Méditerranée] ».

Cette position ne fait guère l’unanimité au sein de la droite. Jeudi dernier, Laurent Wauquiez avait bien refusé de diaboliser le dirigeant hongrois, disant parler « aussi bien à Angela Merkel qu’à Viktor Orban ». Mais mercredi, le numéro 2 du parti Jean Leonetti, dont le nom circule pour conduire la liste LR aux Européennes, a haussé le ton sur le site l'Opinion. « Si malheureusement il continue cette attitude de défi, je ne vois pas comment on pourra […] le garder au sein du PPE ».

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Maël de Calan, vice-président du mouvement Libres ! de Valérie Pécresse, va plus loin. « Le vote de soutien à Orban de trois eurodéputés LR dont madame Morano est indigne et témoigne d’une dérive populiste très dangereuse. Orban s’attaque aux libertés. Il n’a plus rien à faire avec le PPE ».

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L’ancien candidat à la présidence LR demande une clarification au patron de la droite. « Il met sur le même plan la droite de gouvernement pro-européenne de Mme Merkel et la droite populiste europhobe de M. Orban. Ce grand écart n’a aucun sens. Laurent Wauquiez doit enfin sortir de l’ambiguïté et nous dire quelle Europe il veut construire ».

« Les Républicains prônent une fermeté absolue sur l’immigration »

Le consensus fragile trouvé au Conseil national consacré à l'Europe à Menton en juin dernier paraît loin. « Ne tombons pas dans le piège tendu par Emmanuel Macron, qui tente d’enfermer la droite dans un débat simpliste : nationalistes contre Européens. Viktor Orban doit rester membre du PPE car la droite est le meilleur rempart contre l’extrême droite, avance le député européen Geoffroy Didier, qui s’est abstenu mercredi. Nous avons émis des réserves sur les questions concernant l’Etat de droit en Hongrie. Mais dans leur ensemble Les Républicains prônent une fermeté absolue sur l’immigration ».

C’est en se concentrant sur l’immigration et l’identité que le parti avait réussi à entériner cet été une liste de sept « piliers », comme autant de chantiers de travail pour les mois à venir. « Notre fibre européenne n’est pas à discuter. Laurent Wauquiez l’a rappelé à Menton : oui à l’Europe mais à une Europe changée, notamment sur la question migratoire. A nous de construire un projet, qui ne soit pas un filet d’eau tiède, mais clairement européen et patriote, répond Damien Abad, vice-président du parti. Il n’y a pas de différences de ligne entre Pécresse ou Wauquiez. Et ce serait une grave erreur d’alimenter les divisions ». La tête de liste pour les Européennes, qui sera connue en fin d’année, pourrait relancer les débats.