Nice: Après l'effondrement du pont de Gênes, Estrosi relance l'idée de l'écotaxe
TRANSPORTS ROUTIERS•Le maire LR de Nice veut lutter contre les 2,5 millions de poids lourds qui traversent le département des Alpes-Maritimes…Mathilde Frénois
L'essentiel
- «Une grande part des pollutions, des saturations et des accidents que nous subissons sont provoqués par cette montée en puissance des transports internationaux franco-italien. En réalité, ce sont des transports qui viennent de Pologne, d’Autriche, d’Allemagne, de Croatie. De l’autre côté, d’Espagne et du Portugal pour la plupart », affirme Christian Estrosi.
- Ce sont ces camions qui seront taxés, pas les transporteurs locaux.
Les camions qui se suivent comme des fourmis et qui traversent la Côte d’Azur, c’est une image que Christian Estrosi ne veut plus voir. Deux semaines après l’ effondrement du pont de Gênes, le maire LR de Nice entre en guerre contre les poids lourds et relance… le débat sur l’écotaxe.
« L’effondrement du pont de Gênes a montré la vulnérabilité de notre modèle d’échanges économiques, trop exclusivement tourné vers le transport routier. Cette tragédie nous permet de rouvrir le débat », a affirmé Christian Estrosi lors d’une conférence de presse ce mardi après-midi. Il pointe les 2,5 millions de poids lourds qui traversent le département des Alpes-Maritimes et qui contournent Nice tous les ans, soit 6.800 par jour. Des chiffres en augmentation de 8 % par rapport à 2010. « Une grande part des pollutions, des saturations et des accidents que nous subissons sont provoqués par cette montée en puissance des transports internationaux franco-italiens. En réalité, ce sont des transports qui viennent de Pologne, d’Autriche, d’Allemagne, de Croatie. De l’autre côté, d’Espagne et du Portugal pour la plupart. » Ceux-là seront taxés, pas les transporteurs locaux.
Un écart de prix important
Le maire de Nice est arrivé en conférence de presse avec un calcul : pour faire le trajet Montpellier-Turin, il est plus attractif pour les poids lourds de passer par Vintimille (142 euros) que par le Mont-Blanc (488 euros). Pour contrebalancer cet écart de prix, Christian Estrosi a donc ressorti des cartons, l’écotaxe. Définitivement enterrée par Ségolène Royal en 2014 après la grogne des bonnets rouges en Bretagne, elle avait pour objectif de taxer les poids lourds sur le réseau secondaire.
Pour la mettre en place, il réunira le jeudi 4 octobre les responsables français et italiens afin de « dresser un état des lieux du transport routier », « aborder la question des financements » et prévoir la mise en place de cette nouvelle écotaxe. « Ce dont nous parlons, ce sont les transporteurs internationaux qui ne laissent que du CO2, de l’ozone, de la pollution mortelle. Pas un emploi dans l’économie locale et pas un centime reversé. Ils nuisent à la santé publique de l’ensemble de notre métropole, dit l’élu. Vous savez ce qu’est le coût d’un cancer du poumon ? Le coût d’un enfant qui né avec une maladie respiratoire ? Je n’ai pas d’état d’âme là-dessus. »
« Ce n’est pas automatique »
Et les ponts dans tout ça ? « Il faut voir techniquement si la réduction du transport va avoir une conséquence sur le pont, dit Raffaele De Benedictis, consul général d’Italie à Nice. Ce n’est pas automatique. » Le consul, qui n’avait pas été mis au courant de l’annonce, rapportera la proposition à son ministre des Affaires étrangères. « Il vaut mieux fixer les règles du jeu avant que la nouvelle infrastructure soit en place, qu’après », a annoncé Christian Estrosi qui espère être entendu par le gouvernement.
En parallèle, pour alléger les ponts azuréens et italiens, le maire de Nice affirme étudier les transports ferroviaire et maritime.