Coupe du monde 2018: «Pour voir les matchs, c'est la merde»... Comment les députés s'organisent pour regarder les matchs
POLITIQUE•Certains députés s'arrangent pour voir les matchs des Bleus...Thibaut Le Gal
L'essentiel
- En pleine Coupe du monde, les députés siègent dans l'hémicycle.
- Certains parlementaires ont annulé des rendez-vous pour regarder les matchs des Bleus.
- Les passionnés utilisent leur smartphone pour suivre les rencontres.
C'est le défi de tous les salariés pendant cette Coupe du monde. Comment regarder les matchs de foot programmé en pleine journée? L' Assemblée nationale n'est pas épargnée. «Pour voir les matchs? C'est la merde...», glisse un député. On a demandé aux parlementaires leurs astuces pour voir les exploits de Paul Pogba et Benjamin Pavard en Russie.
«Je prie pour qu'il n'y ait pas de prolongation»
Les plus prudents ont prévu l'affaire depuis longtemps. «Y’a le vital : c'est-à-dire les Bleus. Dès que le calendrier était connu, j’ai bloqué les dates pour que mes collaborateurs ne placent pas de rendez-vous. J'ai d'ailleurs alerté certains collègues qui avaient complètement zappé. Je leur ai dit qu'organiser une réunion publique en plein France-Australie, ce n’était pas judicieux... », lance François-Michel Lambert, député LREM des Bouches-du-Rhône.
«Un match de l’équipe de France, c’est un rendez-vous incontournable, poursuit-il. De toute manière, ma passion m’empêcherait de me concentrer. Pour le quart [France-Uruguay, vendredi à 16 heures], j’ai dû négocier car j’avais un rendez-vous avec la préfecture du Bouche-du Rhones. J’ai déplacé à 18h30, je prie pour qu’il n'y ait pas de prolongations...»
Même topo pour Sacha Houlié, député de la majorité: «Vendredi, j’ai décalé une ronde prévue avec la gendarmerie. Je suis sûr que les gendarmes avaient autant envie que moi de voir le match». Ce fervent supporter de l'OM a réussi à voir un tiers des rencontres. «Le week-end, je m’arrange pour les voir à des réceptions ou au PMU du coin. La semaine, en commission, c’est un peu plus difficile. Mais j’ai pu voir France-Pérou sur l’écran de la buvette ».
«Hors de question de louper les matchs des Bleus»
Dans les couloirs de l'Assemblée, plusieurs écrans permettent aux passionnés de s'y retrouver. Sinon, il y a les classiques. «Je regarde les alertes ou les replay. Quelques uns ont des tablettes ou regardent avec leur téléphone en séance», balance le député Insoumis Ugo Bernalicis. « Bien sûr qu’on le fait, parfois on ouvre une petite fenêtre en cachette, s'amuse Régis Juanico, député Nouvelle gauche et sélectionneur de l'équipe de France des parlementaires. Mais comme tous les salariés. Et comme les journalistes aussi j'imagine?» On confirme.
«En séance, ça m’arrive de regarder une dépeche ou les alertes. Si c’est pas le cas, il y a toujours un collègue pour vous tuyauter sur le résultat. Ca casse un peu les codes avec les autres partis. On se dit "alors ça en est où ?"», raconte le député LR Philippe Gosselin. «Si c’est un gros match, on essaye de voir quelques images entre deux passages dans l’hémicycle, dit Pierre Henri Dumont, député Les Républicains de Calais. En revanche je sacralise les matchs des Bleus. Hors de question de les louper! C'est pour ça que j'ai séché le discours de François de Rugy...».
Mardi 26 juin, à 16 heures, la France rencontrait le Danemark. Le moment choisi par le président de l'Assemblée pour faire un discours de fin de session. «On avait obtenu le droit de pouvoir regarder le match dans la salle des commissions des affaires culturelles avec l’équipe de foot des députés. Mais quand on a appris que le président avait prévu de prendre la parole, on a annulé et on s’est débrouillé autrement... Il n’y avait d'ailleurs pas beaucoup de monde pour l'écouter», confie Régis Juanico.
Un décalage en cas de demi-finale mardi?
Le quart de finale de vendredi ne devrait pas poser de problème aux députés. Mais mardi soir, l'éventuelle demie pourrait se téléscoper avec la séance publique consacrée au «projet de loi constitutionnelle».
«Pour l’Euro et le Mondial précédent, il y avait eu une adaptation des débats dans l’hémicycle quand la ferveur devenait importante. Je n’ose imaginer un rendez-vous dans l’hémicycle le soir de la demi-finale face au Brésil ou la Belgique. Si on gagne vendredi, je peux vous dire que de 20h à 23h, je ne prévois rien », prévient François-Michel Lambert.
Sacha Houlié, responsable du texte LREM, rassure. «Je pense pouvoir convaincre les rapporteurs, sans avoir à trop forcer, qu’on peut décaler d’un quart d’heure pour voir la fin. S’il y a une prolongation, ce sera un peu plus compliqué ».