FAKE OFFLe colloque Bandung du Nord n’était pas interdit aux Français

«Non-mixité» : Le colloque Bandung du Nord n’était pas interdit aux Français (ni aux blancs)

FAKE OFFLe colloque international Bandung du Nord, organisé à Saint-Denis début mai a réuni des militants décoloniaux...
Samba Doucouré

Samba Doucouré

L'essentiel

  • Un site militant affirme que la conférence Bandung du Nord a refusé l’accès aux Français tandis que Valeurs actuelles a annoncé « une réunion interdite aux Blancs ».
  • Pourtant une grande part des intervenants étaient de nationalité française.
  • Le colloque n'était pas en non-mixité mais en accès libre durant les 3 jours.

«La gauche m’a tuer », un site militant proche de l'extrême-droitea publié le 12 mai dernier un article titré « comment peut-on accepter dans notre pays des conférences publiques interdits aux Français ? ». L’auteur, répondant au pseudo de Paul Le Réactionnaire dénonce la tenue du Bandung du Nord. Ce colloque international a réuni des militants décoloniaux pendant du 4 au 6 mai à Saint-Denis.

Le post a déjà été partagé plus de 4 000 fois. Il est un copié-collé du même article, publié le 3 mai, veille du colloque et partagé plus de 1 700 fois sous le titre « Rokhaya Diallo organise le 4 mai une conférence interdite aux « blancs ». Et Macron laisse faire ! ». L’auteur accuse les organisateurs du colloque de vouloir démontrer que les « racisés ne peuvent pas vivre avec les blancs ».

FAKE OFF

Le Bandung du Nord fait référence à la conférence de Bandung qui s’est tenue dans l’Indonésie de Sukarno en 1955. En plein contexte de guerre froide, les représentants de 29 Etats afro-asiatiques dits du « Sud » se réunissent pour condamner la colonisation et affirmer leur autonomie face aux deux blocs soviétiques et occidentaux . Le rassemblement de Saint-Denis s’est en revanche présenté comme « la première conférence internationale de personnes de couleur prenant à bras le corps les questions concernant les non-blancs vivant dans le Nord global, afin de discuter de problématiques qu’elles ont en commun ».

Le 30 avril, l’hebdomadaire Valeurs actuelles annonçait « une conférence internationale pour les « non-blancs » ». Un titre qui a fait croire à certains qu’il s’agissait d’un évènement en non-mixité et donc réservé à une catégorie de personnes. En atteste ce tweet du média La France Libre.

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Le panel d’intervenants réunissait des personnalités telles que l’Américaine Angela Davis (ex-membre des Black Panthers), le Portoricain Ramon Grosfoguel (professeur à l’université Berkeley aux Etats-Unis), le Néerlandais Sandew Hira (fondateur du DIN, réseau international décolonial) et les françaises Rokhaya Diallo (éditorialiste), Michèle Sibony (membre de l’Union juive française pour la paix) et Houria Bouteldja (membre du Parti des Indigènes de la République).

Pas de filtrage à l’entrée

Premier fait : le colloque n'est nullement interdit aux Français... Rokhaya Diallo, comme une bonne partie des intervenants ce week-end-là possède la nationalité française.

L'événement n'était pas non plus en «non mixité». Même si un système de réservation en ligne était proposé, les places étants limités, les organisateurs ont offert un accès libre à tout public pour l’ensemble du colloque. Aucun filtrage n'a été remonté.

« Contrairement à ce qui a pu être diffusé dans certains médias, l’événement Bandung du Nord de ce week-end était bel et bien ouvert à tous et toutes », témoigne la journaliste de Politis présente à l’évènement. La reporter Doan Bui de l’Obs corrobore cette info dans l’hebdomadaire du 17 mai : « il y avait plein de monde, de couleurs diverses et, malgré ce qu’en avait dit la rumeur, plein de Blancs. »

Contacté par 20 Minutes, un des organisateurs du colloque précise « La non-mixité est un mode d’action qui est utilisé par certaines des organisations représentées au Bandung du Nord mais d’un commun accord il a été décidé que ce serait un évènement mixte ».

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