La visite d'Emmanuel Macron à Ouvéa ne fait pas l'unanimité
DIPLOMATIE•C’est la première fois qu’un chef de l’Etat se rend à Ouvéa depuis la prise d’otage de 1988…20 Minutes avec AFP
Le déplacement d’Emmanuel Macron prévu le 5 mai à Ouvéa en Nouvelle-Calédonie, trente ans après l’assaut sanglant de la grotte, continue de susciter des désaccords au sein de la population de l’île, a assuré jeudi le collectif de Gossanah à l’AFP.
« On maintient notre position. Macron n’ira pas au monument des 19 (nombre de Kanaks tués lors de l’assaut de la grotte) », a déclaré à l’AFP Macky Wéa, responsable du collectif de Gossanah. Dès le 16 avril, les habitants de la tribu de Gossanah à Ouvéa (3.400 habitants) avaient exprimé leur refus que le président de la République se rende sur place le 5 mai « jour de deuil et de recueillement des familles ».
« Macron Stop »
« La France nous a toujours trompés. Macron ne doit pas être sur la tombe des 19 le 5 mai. Cest une insulte, c’est une provocation », a également indiqué le collectif dans un communiqué. Mercredi, une trentaine de personne, arborant des drapeaux kanak et des banderoles hostiles à Emmanuel Macron, a manifesté pacifiquement devant la gendarmerie de Fayaoué et devant le mémorial situé à Hwadrilla.
Au pied des poteaux sculptés, des pancartes « Macron ne fais pas le forcing » ou « Macron Stop » ont été déposées. Les habitants de Gossanah déplorent également que les équipes de l’Elysée, qui sont venues à Ouvéa mi-avril pour préparer ce déplacement officiel, ne les aient pas rencontrés.
L’assaut de 1988 avait fait 21 morts
En revanche, le « comité du 5 mai » d’Ouvéa, soutenu par la commune et la province des îles Loyauté, souhaitent la venue du président de la République, ainsi que de nombreux habitants. Dans un communiqué deux des quatre grandes chefferies kanak d’Ouvéa ont « invité la populations d’Iaii (Ouvéa, ndlr) à venir se recueillir devant la stèle des 19 morts d’Ouvéa et à accueillir le président Emmanuel Macron ».
Le 5 mai 1988, l’assaut militaire contre la grotte d’Ouvéa où des gendarmes étaient retenus en otages par des militants indépendantistes avait fait 21 morts, deux militaires et 19 kanaks, dont certains sommairement exécutés. Emmanuel Macron, attendu jeudi à Nouméa jusqu’à samedi soir, sera le premier chef de l’Etat à se rendre à Ouvéa depuis ce drame, qui a profondément traumatisé la population.