VIDEO. Echanges tendus, annonces... Ce qu'il faut retenir de l'entretien d'Emmanuel Macron
ENTRETIEN•Le ton est régulièrement monté entre le président de la République et les deux journalistes…O. P.-V.
L'essentiel
- La Syrie a été abordé dès le début de l'entretien.
- Le président de la République est revenu sur plusieurs dossiers brûlants, en assumant à chaque fois.
- Il envisage la création d'un deuxième jour de solidarité.
«Vous n’êtes pas le professeur et nous ne sommes pas les élèves ». C’est Edwy Plenel, le fondateur du site Mediapart, qui prononce cette phrase, une demi-heure après le début de la grande interview dimanche soir du président Emmanuel Macron par lui-même et son confrère de BFMTV Jean-Jacques Bourdin. La sentence intervenait à la suite de quelques minutes de tension entre les trois hommes sur la question de l’évasion fiscale.
Bourdin lui avait demandé « de ne pas s’énerver », Macron avait rétorqué ne pas aimer « la malhonnêteté intellectuelle ». Là, l’échange portait sur une possible convergence des luttes entre mécontents (cheminots, personnel soignant, retraités, etc.) de la première année du macronisme à la tête de la France. Entre deux crochets du gauche (Plenel), du droit (Macron), et quelques coups de menton (Bourdin), il y a aussi eu des propos purement politiques à retenir, notamment sur la Syrie. On fait le point.
Macron assume les frappes en Syrie et tend la main à Poutine
Après les frappes de la coalition internationale contre des sites tenus par le régime de Bachar al-Assad dans la nuit de vendredi à samedi, le président a indiqué que l’opération « a été parfaitement conduite », que « la France n’a pas déclaré la guerre au régime de Bachar el-Assad », et qu’elle visait « de manière légitime » l’arsenal chimique supposé du pouvoir syrien.
Interrogé sur l’absence de mandat de l’ONU, le chef des armées a mis en avant « une résolution de septembre 2013 qui prévoit l’usage de la force si l’interdiction de l’usage d’armes chimiques n’était pas respectée. Les Russes ont bloqué constamment les votes. » Emmanuel Macron a assuré qu’il rendrait bien visite à Vladimir Poutine en mai à Saint-Pétersbourg, et ajouté que « pour construire une solution durable en Syrie, il faut discuter avec l’Iran, la Syrie, la Russie ».
Il assume sur à peu près tout en fait
« J’assume », c’était le mantra macroniste de la soirée. Après son passage chez Jean-Pierre Pernaut, le président a de nouveau demandé un « effort » aux retraités concernés par la hausse de la CSG, « pour pouvoir justement réussir à baisser les cotisations sociales salariales de tous les travailleurs de France pour que le travail paye mieux ». Sur les différentes grognes dans le pays, il a rejeté une « coagulation » des mécontentements.
Il a aussi assumé « totalement » la réforme de l’ISF, « ces gestes fiscaux qui ont été faits sur l’ISF lorsque l’argent est réinvesti dans l’économie. Il faut qu’on ait un système qui favorise les entrepreneurs. » Sur Notre-Dame-des-Landes, où il reste des zadistes, « tout ce qui doit être évacué, le sera ». Là encore, il assume. Même la « duplicité » dont l’a récemment accusé son prédécesseur François Hollande ne l’a pas ébranlé : « Je peux regarder en face ce que j’ai fait ».
Et il assume aussi des (demi-) annonces
Quelques points abordés en filigrane dans cette très longue interview reviendront dans l’actualité ces prochains mois. D’abord, Emmanuel Macron a rebondi sur la proposition jeudi par sa ministre de la Santé d’un second jour de solidarité pour financer la dépendance, une « piste intéressante » pour le président qui promet des annonces pour « fin 2018, début 2019 ».
Autre extrait à retenir, le fait qu’il n’y aura « pas de nouvel impôt », ni local, ni national, pour compenser la suppression de la taxe d’habitation. Le président de la République a également évoqué son projet de réforme du régime de retraites, qui restera par répartition, qu’il voudrait voir voté en 2019, et dans lequel « tout le monde converge dans un système unique ». Dernier point, promesse d’Emmanuel Macron, l’Etat reprendra progressivement la dette de la SNCF à partir du 1er janvier 2020.