VIDEO. Emmanuel Macron interviewé par Edwy Plenel, une idée qui déplaît à Marine Le Pen et aux Républicains
DESACCORD•La présidente du Front national en veut pour preuve un billet écrit par Edwy Plenel à l’âge de 20 ans…L.Br.
Pour l’une de ses rares apparitions cathodiques, Emmanuel Macron fera face à Edwy Plenel dimanche. Réaction immédiate de la présidente du Front national (FN), qui a fermement condamné le choix du journaliste. Elle l’estime « tout à fait illégitime » pour cet exercice, ressortant en guise de preuve, un document daté de 1972.
C’est un billet d’humeur écrit en 1972 qu’a ressorti la présidente du FN, révèle Le Figaro. Dans cette chronique publiée dans la revue Rouge, Joseph Krasny, nom de plume d' Edwy Plenel, soutient l’assassinat des 11 athlètes israéliens lors des Jeux olympiques de Munich par le groupe terroriste palestinien Septembre Noir.
« Une position que je récuse fermement aujourd’hui »
« Aucun révolutionnaire ne peut se désolidariser de Septembre Noir. Nous devons défendre inconditionnellement, face à la répression, les militants de cette organisation », écrivait-il alors. Ces paroles ont été exhumées en 2008, et figurent désormais en bonne place sur la page Wikipédia du fondateur de Mediapart. Contacté par Liberation, qui a consacré un fact checking à cette question, Edwy Plenel est revenu sur ces propos, dont il assume la paternité.
« Ce texte, écrit il y a plus de quarante-cinq ans, dans un contexte tout autre et alors que j’avais 20 ans, exprime une position que je récuse fermement aujourd’hui », assure-t-il. Mais il ajoute toutefois que ce discours « n’avait rien d’exceptionnel dans l’extrême gauche de l’époque », et ajoute qu’il « refuse l’intimidation qui consiste à taxer d’antisémite toute critique de la politique de l’État d’Israël ».
« Une drôle de leçon, un drôle de signal »
Un discours qui ne passe pas pour Marine Le Pen. « C’est un homme qui a justifié et défendu un acte terroriste ignoble. (…) Cela devrait le discréditer totalement, et le discréditer a fortiori à interviewer le président de la République », a-t-elle affirmé, « scandalisée ». « Il réitérerait ses propos aujourd’hui, il serait traîné devant le tribunal correctionnel - à juste titre ! - pour incitation et défense du terrorisme », a poursuivi la cheffe de file du FN, regrettant que l’on aille « devant lui comme si c’était une autorité morale ».
« Je trouve ça extrêmement grave et je le dis clairement », a-t-elle abondé, estimant qu’Edwy Plenel « doit avoir beaucoup d’influence pour réussir à obtenir, malgré ses positions, une interview de ce type ». « C’est une drôle de leçon et un drôle de signal lancés, tout de même », a-t-elle poursuivi.
« Alors que nous sommes en guerre contre le terrorisme islamiste, que tous les jours, sur les réseaux sociaux, des centaines de personnes se croient autorisées à défendre les exactions de Daesh et le terrorisme islamiste, le gouvernement nous fait croire qu’il a de la fermeté à l’égard de ces personnes-là… Et il va aller répondre aux questions de M. Plenel ? Quel signal les terroristes islamistes vont-ils entendre ? »
Ça coince aussi chez les Républicains
Le sujet s’est également invité ce mardi lors des questions au gouvernement à l’Assemblée. Le député Les Républicains du Maine-et-Loire, Jean-Charles Taugourdeau, a en effet interpellé le Premier ministre au sujet du journaliste.
« En principe, les présidents de la République ont toujours été interrogés par des journalistes faisant autorité morale dans le monde de la presse », a déclaré l’élu ajoutant « que monsieur Plenel avait soutenu, en son temps, les assassins des 11 membres de l’équipe israélienne aux JO de Munich », reprenant ainsi l’argumentaire de Marine Le Pen.
Par ailleurs, Jean-Charles Taugourdeau a affirmé que « Monsieur Plenel a sciemment fraudé le fisc en s’octroyant son propre taux de TVA », faisant référence au refus de Mediapart d’admettre une inégalité de traitement entre la presse écrite et la presse en ligne. « Pensez-vous que monsieur Plenel soit la bonne personne face au président de la République dimanche soir ? », a-t-il ainsi interrogé.
Une question à laquelle n’a pas tardé à répondre le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux. « Nous ne choisissons pas les journalistes », a-t-il affirmé.