POLITIQUEAprès l'élection de Faure, l'aile gauche du PS entre espoir et résignation

Congrès du PS: Après la victoire de Faure, l'aile gauche du PS entre espoir et résignation

POLITIQUEAvec 18.98 % des voix pour Emmanuel Maurel, l'aile gauche du PS se retrouve en position de faiblesse...
Thibaut Le Gal

Thibaut Le Gal

L'essentiel

  • Olivier Faure est le nouveau patron du PS.
  • Les militants de l'aile gauche vont-ils quitter le parti?

Le résultat est sans appel. Olivier Faure a balayé ses adversaires pour prendre la tête du Parti socialiste. Même Stéphane Le Foll, le « grognard » de Hollande, arrivé 2e, n’a pas cherché à combattre. Le député de Seine-et-Marne sera officiellement intronisé le 7 avril lors du Congrès d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). A la gauche du parti, c’est la douche froide.

« On est surpris par l’ampleur du score »

Avec 18.98 % des voix, Emmanuel Maurel rate son pari. La victoire de Hamon à la primaire socialiste paraît bien loin. « Une majorité de camarades a choisi ce qu’il faut bien appeler le changement dans la continuité », a regretté l’unique représentant de l’aile gauche dans cette élection. Ses soutiens sont déçus. « On est surtout surpris sur l’ampleur du score. On espérait voir Maurel face à Faure au second tour. Après les législatives, les militants étaient dans un état de sidération, et ont choisi celui qui apparaissait comme consensuel », souffle David Blanchon, premier secrétaire fédéral du PS dans l’Aube.

« On a été victimes des départs du PS qui se sont accélérés après la présidentielle, et les amis de Benoît Hamon qui l’ont rejoint à Génération. s », poursuit Marie-Noëlle Lienemann. La sénatrice de Paris espère peser avec les douze fédérations remportées par Emmanuel Maurel (contre 70 à Faure). « Le nouveau Premier secrétaire ne doit pas seulement rassembler mais renouer l’action du parti avec des catégories sociales populaires, en se situant dans l’opposition claire face à Emmanuel Macron ».

« Ceux qui veulent refaire 1917 peuvent rejoindre Mélenchon »

Reste qu’en juin dernier, le patron du groupe socialiste à l’Assemblée disait vouloir jouer «les bons amis» avec le président et « plutôt l’aider à réussir ». Depuis, le patron du PS a rectifié le tir. « On me demande d’avoir une ligne claire : ma ligne elle est simple, et elle est claire, vraiment à gauche et vraiment réaliste ».

Philippe Doucet, l’ancien vallsiste s’en amuse : « Avec Faure, on ne renverse pas la table. On est sur une ligne sociale-démocrate, une gauche de réforme, qui veut gouverner. Le vote a permis de trancher, avec le score de Le Foll, on voit bien que 75 % des militants sont sur cette ligne », dit l’ancien député. « Est-ce que Maurel acceptera d’être minoritaire ? Ceux qui veulent refaire 1917 peuvent rejoindre Mélenchon. Je préfère avoir un parti cohérent ».

« Les militants restés au PS sont perdus pour la plupart »

Avant même le Congrès, Olivier Faure a connu un premier coup dur : le départ d’une majorité de la direction du MJS pour rejoindre Génération. s « avec des milliers de jeunes socialistes ». Faut-il s’attendre à une saignée de l’aile gauche ?

« Je me suis posé des questions d’un départ, d’autant que Génération. s m’a contacté. Mais le PS ne leur appartient pas. Il ne faut pas que les sensibilités de gauche quittent le bateau sinon le parti ne pourra plus porter le nom de socialiste. Olivier Faure est inaudible. Pour exister, il faut se positionner clairement vis-à-vis de Macron », s’agace Patrick, secrétaire de section dans le Bas-Rhin.

« Je ne crois pas à un départ global. Car au niveau des fédé, on a encore l’occasion de se faire entendre. Ici à Paris, on garde espoir. On attend de voir le discours du Congrès et l’élaboration du programme européen en vue des élections de 2019 », résume Augustin, jeune militant parisien.

« Les militants restés au PS sont perdus pour la plupart. Mais s’ils sont encore là, c’est qu’ils ne se retrouvent ni dans Génération. s ni chez Mélenchon. C’est bien que quelque chose nous relie encore », dit David Blanchon. « Si on reste dans la vieille maison, c’est qu’on n’a pas trouvé ailleurs de parti qui nous ressemble »