POLITIQUEContrôler ses militants, une pratique difficile pour les partis politiques

Tweets polémiques de Stéphane Poussier: Contrôler ses militants, une pratique de plus en plus difficile pour les mouvements politiques

POLITIQUELe parquet de Lisieux (Calvados) a prolongé lundi la garde à vue de l’ancien candidat de La France Insoumise Stéphane Poussier après ses tweets polémiques…
Thibaut Le Gal

T.L.G.

L'essentiel

  • Un ancien candidat insoumis a été arrêté pour avoir publié samedi deux messages sur Twitter se félicitant de la mort du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame.
  • La France insoumise a condamné ses propos.
  • Pour les mouvements politiques, il est difficile de contrôler le profil de leurs militants.

Le parquet de Lisieux (Calvados) a prolongé ce lundi la garde à vue de Stéphane Poussier après ses tweets polémiques. L’ancien candidat de La France insoumise (LFI) aux législatives a été interpellé dimanche pour apologie du terrorisme.

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Stéphane Poussier a été arrêté pour avoir publié samedi deux messages sur Twitter se félicitant de la mort du lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, tué dans l'attaque terroriste du supermarché de Trèbes (Aude). Les responsables de La France insoumise, dont Jean-Luc Mélenchon, ont dénoncé des « propos immondes » et indiqué vouloir porter plainte contre leur ancien candidat.

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« Il n’a pas la légitimité de se réclamer de la France insoumise et, par ailleurs, on va lui demander de retirer toute référence à notre formation », a indiqué le député insoumis Alexis Corbière sur le Huffington Post. La France insoumise n’est pas le seul mouvement touché par des polémiques de militants. L’été dernier, plusieurs candidats de La République en marche (LREM) avaient suscité la controverse pour des affaires plus ou moins embarassantes.

« Au sein d’un tissu militant, les profils sont un peu plus contrôlés »

Ces « erreurs de casting » peuvent s’expliquer par la jeunesse de ces mouvements, qui ont dû sélectionner en quelques mois des centaines de personnes pour les investitures aux législatives. « Quand vous choisissez des candidats sur leur C.V., sur des critères extérieurs, il est difficile de contrôler leur profil, de savoir s’il existe des casseroles. Le risque est évidemment moindre dans les partis traditionnels, à l’intérieur desquels les gens se connaissent depuis longtemps au sein des sections politiques », avance Frédéric Sawicki, professeur de science politique à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

« Au sein d’un tissu militant, les profils sont un peu plus contrôlés. Contrairement à En Marche, les insoumis ont quand même une base militante de longue date, avec la campagne de 2012 notamment. Le choix des candidats avait été associé à des collectifs locaux, ce n’était pas aussi centralisé qu’à En Marche, qui avait sélectionné ses candidats de manière plus verticale », poursuit le spécialiste du militantisme.

Adhérer en un clic

Au-delà du cas Poussier, la difficulté de contrôler la parole militante s’explique aussi par la nouvelle nature de l’adhésion politique. « On ne prétend pas avoir 550.000 militants actifs… D’ailleurs ce terme ne veut pas dire grand-chose. Il y a des forces d’engagement et des rythmes différents. Nous n’avons pas voulu avoir d’adhésion payante pour garder cette dimension poreuse avec la société », nous disait Manuel Bompard, coordinateur de l’équipe opérationnelle de LFI il y a quelques semaines.

Cette « dimension poreuse avec la société » expose ces mouvements au risque d’agréger des profils « détonants ». « Quand vous adhériez au PS par exemple, il fallait passer par une section locale, rencontrer le représentant de section, il y avait une forme de contrôle minimal sur le profil des adhérents », indique Frédéric Sawicki.

« Avec En Marche ou la France insoumise, on devient militant en quelques clics sur Internet. Ces mouvements ont rassemblé des personnages d’horizons différents, avec des gens pas toujours calibrés ». Dernier écueil, les réseaux sociaux : « Les organisations politiques ont du mal à imposer une forme de discipline dans la prise de parole. Sur Twitter, on encourage l’autonomisation de la parole, la distinction. Pour le responsable politique comme le militant lambda, poursuit le chercheur. Chacun a son blog, sa page Facebook et cherche à exister en l’alimentant. Cela augmente la propension à commettre des bourdes ».