LREM: Dans les coulisses de l'offensive européenne des macronistes
EUROPE•Le parti présidentiel organise dès samedi une « grande marche pour l’Europe » calquée sur l’opération de porte-à-porte menée par Emmanuel Macron pendant sa campagne présidentielle…Laure Cometti
MISE A JOUR : Après l'attaque terroriste de Carcassonne et Trèbes, La République en marche a décidé de ne pas lancer sa «grande marche pour l'Europe» le 24 mars mais le 7 avril 2018.
Pourquoi changer une recette qui gagne ? Avec sa « grande marche » lancée à l’été 2016, Emmanuel Macron avait réussi à faire connaître son jeune parti, En marche !, et à sonder les électeurs sur leurs attentes, à quelques mois de la présidentielle. Les macronistes s’apprêtent à remettre le couvert en organisant dès samedi leur « grande marche pour l’ Europe », dans l'espoir de retrouver la dynamique de la présidentielle.
En parallèle, le président de la République et le gouvernement ont lancé des consultations citoyennes sur l’Union européenne en France et dans d’autres Etats membres. Une double offensive pour la majorité présidentielle qui joue gros aux élections européennes de 2019.
Toquer à 100.000 portes
Dès samedi, des militants bénévoles de La République en marche, jusqu’à 3.000 personnes spécialement formées, iront toquer à 100.000 portes en six semaines. Ils poseront huit questions aux Français : « si je vous dis Europe, ça vous fait penser à quoi ? » attaqueront-ils, avant de demander aux habitants ce qui « marche bien en Europe » et ce qui « ne marche pas ».
Ces 100.000 foyers ont été choisis avec l’aide de Liegey Muller Pons, l’agence qui avait préparé la « grande marche » de 2016, et le porte-à-porte de la campagne de François Hollande en 2012. « Nous irons dans la ruralité, dans les quartiers Nord de Marseille, dans les beaux quartiers », égrène Christophe Castaner, délégué général de LREM qui a détaillé le programme devant la presse mercredi, au QG parisien du parti, avant de filer au théâtre Bobino pour une soirée-débat sur l’Europe. A l’affiche : le très médiatique Daniel Cohn-Bendit, le député européen Jean-Marie Cavada et la ministre en charge des Affaires européennes Nathalie Loiseau.
Montrer la force de frappe de LREM
Les réponses seront enregistrées dans l’application 50+1 développée par Liegey Muller Pons avant d’être synthétisées et de nourrir le programme macroniste pour les élections européennes. « Nous sommes le parti du réel et de l’écoute », martèle le patron du mouvement.
Ces remontées du terrain devront néanmoins cohabiter dans le programme, qui devrait être dévoilé fin 2018, aux côtés des engagements déjà pris par Emmanuel Macron, qui s’est positionné comme pro-européen pendant la campagne présidentielle. En septembre dernier, le chef de l’Etat a livré dans un discours-fleuve sa vision pour « transformer l’Europe ». Or certaines propositions du président français, comme la création d’un budget européen, suscitent des réticences chez certains partenaires européens, dont l’Allemagne. D’où l’importance pour Emmanuel Macron de cette « grande marche pour l’Europe », dont le coût total se chiffre autour de 200.000 euros.
Des consultations citoyennes dans 26 Etats-membres
En parallèle, le président lancera le 17 avril prochain à Strasbourg les consultations citoyennes. Cette initiative française devrait avoir des répliques dans 26 autres Etats membres de l’UE. Seuls le Royaume-Uni, sur le départ, et la Hongrie, n’en organiseront pas. « Il s’agit de permettre aux citoyens de se réapproprier l’Europe, à travers des consultations numériques et physiques », explique la députée LREM Valérie Gomez-Bassac, rapporteure d’un rapport parlementaire sur ce sujet.
Si les macronistes distinguent la « grande marche », portée par le parti présidentiel, de ces consultations « transpartisanes, institutionnelles », la méthode est la même et le calendrier est synchronisé. Ces consultations qui auront lieu d’avril à octobre 2018 seront ensuite restituées au public à la fin de l’année.
Bousculer l’échiquier politique européen
Signe que les marcheurs préparent consciencieusement le scrutin européen, le député Pieyre-Alexandre Anglade a été chargé d’engager des dialogues avec les différents partis « progressistes et pro-européens » d’Europe, notamment dans l’optique de bousculer l’échiquier politique et recomposer les groupes constitués au Parlement européen, comme En marche ! l’a fait à l’Assemblée.
« Nous abordons très tôt cette élection car sommes conscients de ses enjeux », assure Christophe Castaner. La liste des candidats, en revanche, ne sera révélée que début 2019. Cela laisse un peu de temps aux macronistes dont l’ambition est de rassembler des courants allant des écolos à la droite.