POLITIQUEVIDEO. Comment Marine Le Pen veut se relancer grâce au congrès FN de Lille

VIDEO. Front national: Fragilisée, comment Marine Le Pen souhaite se relancer lors d'un congrès à Lille

POLITIQUEUn congrès de la « refondation » du FN est organisé à Lille samedi et dimanche, sous la houlette de Marine Le Pen…
Marine Le Pen, députée et présidente du FN, le 21 janvier 2018 à Paris
Marine Le Pen, députée et présidente du FN, le 21 janvier 2018 à Paris -  CHAMUSSY/SIPA
Anne-Laëtitia Béraud

Anne-Laëtitia Béraud

L'essentiel

  • Un congrès de la « refondation » du FN est organisé à Lille samedi et dimanche.
  • La présidente du parti Marine Le Pen, seule candidate à sa succession, va être réélue à la tête du parti.
  • La dirigeante va tenter de mobiliser ses partisans après une séquence électorale jugée décevante et une apparente lassitude.

Ambiance post-électorale morose au Front national. Le parti organise samedi et dimanche à Lille un congrès de « refondation » durant lequel Marine Le Pen va être réélue à la tête du parti. Déception des législatives, départ de proches, flottement programmatique, le FN se questionne alors que sa présidente confie sa lassitude. Subir « un trou d’air » après sept ans de présidence « n’a rien d’étonnant », a-t-elle ce jeudi. A l’occasion du congrès, comment la présidente de parti veut-elle se relancer ?….

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Le parti et sa présidente ont en effet vu des jours meilleurs. « La crise de leadership de Marine Le Pen est certaine », assure Bruno Cautrès, chercheur CNRS au Centre de recherches politiques de Sciences Po Paris (Cevipof). Revendiquant sa capacité à conquérir l’Elysée, la candidate a semé le doute après un débat télévisé calamiteux face à Emmanuel Macron, même si elle a recueilli un record de 10,6 millions de voix, au soir du second tour. « Les électeurs et même les militants s’interrogent aujourd’hui sur sa capacité, ou non, de donner le sentiment que l’aventure continue et que le parti peut encore progresser », souligne l’enseignant à Sciences Po Paris.

Une capacité à mobiliser

Le sentiment d’une dynamique enrayée se reflète dans la dernière enquête d’opinion Kantar Sofres, dans laquelle 55 % des personnes interrogées confient ne pas souhaiter que Marine Le Pen soit la candidate du FN pour la prochaine présidentielle. Et moins d’un Français sur cinq estime qu’elle est honnête et inspire confiance, contre 28 % en 2017.

Cette image dégradée est cependant relativisée par Jean-Yves Camus, directeur de l’Observatoire des radicalités politiques à la Fondation Jean-Jaurès. « Marine Le Pen est seule candidate à sa réélection. S’il y avait un espace jugé suffisant pour qu’un autre candidat obtienne un score honorable, il y serait allé », souligne ce spécialiste de l’extrême droite. « En un week-end, avec les nouveaux statuts, Marine Le Pen se débarrasse de son père président d’honneur. Et elle garde les coudées franches puisque Marion Maréchal-Le Pen n’est pas là », liste le politologue.

Marion Maréchal-Le Pen absente

L’ancienne députée, qui a réalisé fin février une intervention remarquée à la conférence des conservateurs américains, fait cependant toujours de l’ombre à sa tante, estime Bruno Cautrès. « Marine Le Pen a une difficulté à gérer l’image de Marion Maréchal-Le Pen car elle apparaît auprès des militants comme une personnalité qui a de l’avenir et qui porte potentiellement le projet politique d’une alliance avec la droite. Or, Marine Le Pen ne peut évacuer cette question avec de simples félicitations à sa nièce. Elle va être obligée, à un moment ou à un autre, de clarifier sa position », estime Bruno Cautrès.

Marine Le Pen devrait d’ailleurs marteler à Lille le besoin de changement stratégique de sa formation pour briser « le plafond de verre » électoral et faire le FN un parti de gouvernement. Pour cela, la députée du Pas-de-Calais mise sur des alliances électorales avec des « nationaux ». « La question des alliances est sensible car si une majorité des militants estime que les partis "du système" sont compromis, ils espèrent la victoire de leur formation », remarque le politologue Bruno Cautrès. « Mais il faut être deux pour signer une alliance. Et Les Républicains n’en veulent pas, quand la formation de Nicolas Dupont-Aignan reste marginale pour faire gagner le FN », tranche Jean-Yves Camus.

Les difficultés économiques inchangées

Outre ces alliances, Marine Le Pen devrait faire monter la pression médiatique à Lille avec sa proposition de nouveau nom du FN, dimanche. Le principe d’un changement de nom a été validé par une « courte majorité » de militants qui ont répondu à un questionnaire, a indiqué jeudi Marine Le Pen. Pour quel résultat garanti ? « Le changement de nom ne règle rien en lui-même, mais s’il s’accompagne d’un changement stratégique, cela peut apporter de la cohérence », remarque le politologue Bruno Cautrès.

À l’issue de ce congrès, Marine Le Pen pourrait continuer de subir un « trou d’air » politique. « Mais des crises, le parti en a connu des quantités industrielles. On l’a dit mort après le départ de Bruno Mégret et ses partisans, les diverses affaires de Jean-Marie Le Pen, le score de Nicolas Sarkozy en 2007, les finances exsangues… Il reste pourtant un phénomène ancré dans la vie nationale », relève Jean-Yves Camus. Par ailleurs, les difficultés économiques continuent d’alimenter le discours du Front national, estime Bruno Cautrès. « La situation socio-économique des milieux populaires reste inchangée depuis de l’élection d’Emmanuel Macron. La question de l’Union européenne, son projet, l’intégration ou non de nouveaux pays reste en suspens. Le terreau propice au FN est toujours là », conclut le politologue.