Au Salon de l'agriculture, Benoît Hamon creuse son sillon écolo
REPORTAGE•L’ancien candidat du PS à la présidentielle est au Salon de l’agriculture ce jeudi avec sa nouvelle casquette de fondateur du mouvement Générations…Laure Cometti
L'essentiel
- Benoît Hamon était au Salon de l’agriculture ce jeudi.
- Il est venu y parler d’écologie avec sa casquette de fondateur du mouvement Générations, lancé après son échec à la présidentielle.
Une visite tranquille. Benoît Hamon est arrivé au Salon de l’agriculture ce jeudi matin. Contrairement à Laurent Wauquiez, le patron des Républicains venu mardi, ou à Marine Le Pen, président du FN présente mercredi, l’ancien ministre socialiste n’est pas entouré d’une forêt de micros et de caméras.
Le fondateur de Générations est venu en équipe, avec l’écologiste Noël Mamère, pour visiter à sa façon l’incontournable salon. Il y a bien sûr quelques étapes imposées, comme les stands des filières agricoles ou des syndicats, et des stands où le chantre du « futur désirable » s’attarde plus que d’autres personnalités politiques, comme celui de l’Agence bio ou de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra)
« Dans une autre vie ! »
Dans les allées, des visiteurs reconnaissent l’ancien candidat du PS à la présidentielle. « Mais si, c’est celui qui s’est pris une déculottée ! » lance un grand-père taquin. C’était il y a moins d'un an, mais pour Benoît Hamon, c’est du passé. Au président de Groupama qui l’accueille d’un « on s’est déjà vus », il réplique en riant : « dans une autre vie ! » Sa nouvelle vie politique, il la veut écologique. Un ADN pas toujours facile à défendre au salon, où des agriculteurs ont hué le président Emmanuel Macron samedi pour sa position anti-glyphosate.
Benoît Hamon et les cadres de la Coordination rurale (deuxième syndicat agricole en 2013) ont eux aussi du mal à tomber d’accord sur la question ce jeudi. Mais le rejet des traités commerciaux - du Ceta à celui en cours de négociation avec le Mercosur - les rassemble. « Les discussions sont quelques fois très compliquées entre les écolos et le monde agricole », reconnaît l’ancienne ministre déléguée à la famille Dominique Bertinotti qui a rejoint les rangs de Générations.
« Les écolos sont les meilleurs alliés des agriculteurs, il faut sortir des jeux de rôle », assure Noël Mamère, habitué de l’événement. « Est-ce qu’ils ne se trompent pas de cible ? interroge Benoît Hamon au sujet des reproches faits par les paysans aux écolos. En agriculture comme dans notre société, c’est la richesse qui donne le pouvoir, au détriment des agriculteurs qui font un métier très difficile ».
Les européennes en ligne de mire
La visite du salon est l’occasion pour Benoît Hamon d’œuvrer à cette entente et de faire mieux connaître son nouveau mouvement politique, créé en juillet dernier. Entre deux quartiers de pomme (bio), une poignée de tomates cerise et quelques dés de fromage offerts par des étudiantes en BTS STA produits laitiers, l’ancien membre du PS se prête volontiers aux selfies et demandes d’autographes, détendu et souriant.
C’est dans l’espace réservé à la recherche et aux formations que Benoît Hamon est le plus sollicité, par des étudiants. « J’espérais vraiment qu’il vienne, mais mes amis me disaient "il n’existe plus" », raconte Marine, 20 ans, étudiante à AgroTech. Son favori est bien là, peut-il peser dans l’échiquier politique dans les prochaines années ? « J’aimerais bien, mais… », doute-t-elle.
Le scrutin européen, qui aura lieu dans un an, sera le premier test électoral pour Générations. La campagne a déjà commencé et le mouvement « a toute sa place dans le débat européen », prédit Noël Mamère. Première bonne nouvelle pour le jeune parti, les listes régionales seront remplacées par des listes nationales. Reste à rallier des personnalités de gauche, des écolos et des membres de la société civile, comme le souhaite l’ancien maire de Bègles. En attendant, le binôme s’accoude au stand « du neveu de Noël », viticulteur, pour déguster un peu de vin et des rillettes de canard, toujours dans une ambiance très détendue.