POLITIQUESophie Montel, ex-FN, vedette de la partielle dans le Territoire de Belfort

Législative partielle dans le Territoire de Belfort: Sophie Montel, l’ex-FN passée Patriotes, vedette du scrutin

POLITIQUESophie Montel, candidate des Patriotes à la législative partielle dans le Territoire de Belfort, symbolise la fracture à l’extrême droite…
Anne-Laëtitia Béraud

Anne-Laëtitia Béraud

L'essentiel

  • Sophie Montel, vice-présidente des Patriotes, est candidate à l'élection législative partielle dans la première circonscription du Territoire de Belfort ce dimanche.
  • Membre du Front national depuis 1987, elle a rompu avec le parti présidé par Marine Le Pen en même temps que Florian Philippot, à la fin septembre 2017.
  • Si la candidate a peu de chance de bousculer le match entre le candidat de Les Républicains et celui du Modem-LREM, elle symbolise la rupture à l'extrême droite.

Ex-membre « historique » du Front national devenue vice-présidente du parti de Florian Philippot, Sophie Montel est candidate Les Patriotes à la législative partielle dans le Territoire de Belfort dimanche. Avec une autre partielle dans le Val-d’Oise, le parti vit son premier test électoral dans la première circonscription de ce département de l’est. Si l’eurodéputée et conseillère régionale de 48 ans a peu de chance de gagner le scrutin, la campagne est électrisée par le conflit entre anciens camarades frontistes.

La femme est tout d’abord une apparatchik du FN. Famille frontiste, carte du FN en 1987 pour ses 18 ans, Sophie Montel devient assistante des conseillers frontistes à la région Franche-Comté après son diplôme en histoire médiévale. La jeune frontiste courre les scrutins, devient élue à la région en 1998, avant d’être réélue en 2004 et 2010.

Scrutins après scrutins

Elue conseillère municipale de Montbéliard en mars 2014, elle démissionne quelques semaines plus tard à cause du cumul des mandats. Car en juin 2014, avec Florian Philippot, elle mène et gagne la campagne pour les européennes. Les deux obtiennent alors un siège d’eurodéputé. « On se connaissait avant mais c’est durant cette campagne des européennes que l’on s’est rapproché », dit Florian Philippot de son ancienne n° 2 de liste. L’homme trouve alors « une amie combative, convaincue et sincère portée par la fibre sociale et la lutte pour la cause des animaux ».

Les députés européens Sophie Montel, vice-présidente des Patriotes, et Florian Philippot, au Parlement européen le 25 octobre 2017 à Strasbourg
Les députés européens Sophie Montel, vice-présidente des Patriotes, et Florian Philippot, au Parlement européen le 25 octobre 2017 à Strasbourg - PATRICK HERTZOG / AFP

Discrète, Sophie Montel attire les médias nationaux à l’occasion d’une législative partielle dans le Doubs pour remplacer Pierre Moscovici (PS). Durant la campagne de février 2015, ses propos tenus en 1996 sur « l’inégalité des races » sont exhumés. Elle assume en évoquant le président d’alors, Jean-Marie Le Pen. Au premier tour dans la 4e circonscription du Doubs, elle arrive en tête du premier tour avant que le socialiste gagne l’élection de justesse. Le schéma se reproduit d’ailleurs aux régionales de décembre 2015 : elle vire en tête au premier tour avant d’être défaite de justesse dans une triangulaire. Conseillère de la nouvelle région Bourgogne-Franche Comté, elle prend la présidence du groupe FN.

Crise avec le FN

Sophie Montel perdra ce poste le 30 juin 2017, date de son exclusion du groupe pour avoir contesté plusieurs fois la ligne du parti. Les querelles durent en effet depuis des mois. Après l’élection présidentielle perdue par Marine Le Pen, elle est devenue un symbole de la lutte au sein du FN entre l’énarque et Louis Aliot, entre la vision souverainiste de l’ancien chevénementiste et la ligne identitaire du compagnon de Marine Le Pen. Entre les deux camps, les provocations se multiplient.

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La rupture avec le FN intervient le 21 septembre, date à laquelle Florian Philippot annonce quitter le parti, suivi dans la foulée par Sophie Montel. « Nos liens se sont resserrés au fil de nos combats pour ouvrir, en vain, le FN à un patriotisme moderne », dit encore Florian Philippot. Depuis lors, le parti de Marine Le Pen est honni, considéré comme obsédé par l’immigration.

Entre les anciens frères du FN, on ne voit pas de souci à se fâcher par voie de presse. « Elle ne travaille pas et le travail de terrain ne l’a jamais intéressé car elle ne voulait pas que le parti vive en dehors de sa personne. Elle a multiplié les campagnes électorales pour obtenir un poste d’élue et en vivre », dit-on au FN.

Proximité avec Florian Philippot

Jean-Raphaël Sandri, candidat FN pour cette législative partielle, évoque « une candidate qui n’est pas du Territoire de Belfort » et « en manque de notoriété », dit le Belfortain. « Sophie Montel a été connue uniquement grâce à l’étiquette du FN qu’elle vomit désormais », ajoute-t-il. Les deux candidats se connaîtraient depuis des années : « Sophie Montel est l’une des premières personnes que j’ai rencontrée quand je suis arrivé au FN en 2011. Et c’est elle qui a sélectionné ma candidature pour les législatives de 2017 car elle siégeait à la commission nationale d’investiture (CNI) du FN ». L’intéressée dément y avoir participé. Florian Philippot réfute lui aussi, affirmant qu’« une centaine de candidats ne sont pas passés par la CNI ».

Entre les deux camps, chaque jour apporte son lot d’accusations Sophie Montel accuse Jean-Raphaël Sandri de posséder un compte Facebook sous pseudonyme, dans lequel il révélerait son intérêt pour Pinochet ou le franquisme. Le candidat FN a réfuté. Ces hostilités éclipsent les « vrais sujets » aux yeux des médias, se désolent d’autres candidats. « On ne parle que de la guerre entre les Patriotes et le FN pour cette élection alors que ce n’est pas l’enjeu », déplore ainsi le candidat (LR) Ian Boucard.