VIDEO. Soutane, maillot de foot, bleu de travail... Ces habits désormais bannis de l'Assemblée nationale
POLITIQUE•« La tenue vestimentaire adoptée par les députés dans l’hémicycle doit rester neutre et s’apparenter à une tenue de ville », a indiqué la présidence de l’Assemblée…T.L.G.
L'essentiel
- François Ruffin avait arboré un maillot de foot à l'Assemblée.
- La présidence de l'Assemblée a fixé de nouvelles règles.
- Retour sur les vêtements désormais interdits au Parlement.
Nouveau règlement à l'Assemblée. Après de longs débats, le bureau de la présidence de l’Assemblée nationale a suivi la proposition de François de Rugy, son président, pour mettre fin aux « coups d’éclats médiatiques » des parlementaires.
Désormais, «la tenue vestimentaire adoptée par les députés dans l’hémicycle doit rester neutre et s’apparenter à une tenue de ville. Elle ne saurait être prétexte à l’expression d’une quelconque opinion. Est ainsi notamment prohibé le port de tout signe religieux ostensible, d’un uniforme, de logos ou messages commerciaux ou de slogans de nature politique », a indiqué la présidence. 20 Minutes liste trois vêtements portés par des députés que l’on ne devrait plus voir à l’Assemblée nationale.
1. Fini, le bleu de travail
En juin 1997, le député communiste Patrice Carvalho entre en bleu de travail à la première séance. « Ce que je voulais faire, c’était montrer qu’à l’Assemblée, il n’y avait pas d’ouvrier. Que ceux qui avaient les mêmes origines que moi dans la société française n’étaient pas représentés », explique-t-il. A l’origine de cette entrée fracassante, un drôle de pari. « Un journaliste d’Oise Hebdo m’avait interviewé quelques mois plus tôt, et à la fin, il m’apprend qu’au XIXe siècle, Christophe Thivrier, député de l’Allier était entré en bleu de travail à l’Assemblée nationale. Il me demande si je suis capable d’en faire autant. Je réponds que je ne renie pas mes origines. A ma grande surprise, le journaliste titrera à ma grande surprise que si j’étais élu député, j’irais en bleu de travail à l’Assemblée. »
« Après la dissolution par Chirac, j’ai été élu et les gars de l’usine m’ont dit "maintenant tu ne te dégonfles plus". Je suis donc arrivé sans calculs avec le bleu de travail que je portais à l’atelier. J’étais la vedette… Quand les huissiers ont fait barrage. Je leur ai dit : "j’ai consulté le règlement, j’ai mis une chemise et la cravate". J’ai lancé mes 100 kilos et ils se sont écartés ». Pour autant, le maire PCF de Thourotte ne comprend pas les récents « coups vestimentaires » de La France insoumise. « Je ne cherchais pas à faire le spectacle. Moi, quand j’ai été battu en 2002, je suis reparti à l’usine. J’étais vraiment un ouvrier qui travaillait ».
2. Finie, la soutane
Le port « de tout signe religieux » est désormais banni. Une première dans l’histoire parlementaire. « Les ecclésiastiques furent très nombreux à siéger dans les Chambres comme l’abbé Sieyès, l’abbé Grégoire, ou l’évêque Talleyrand qui fut même le Président de l’Assemblée nationale constituante. Un siècle et demi plus tard, c’est l’illustre fondateur du mouvement Emmaüs, l’abbé Pierre, qui fera son entrée au Palais Bourbon, tout comme le résistant chanoine Kir qui fut le dernier prêtre député à avoir porté la soutane sur les bancs de l’hémicycle et qui laissera son nom à une boisson célèbre », rappelle dans une tribune sur le Huffpost Samir Hammal, enseignant à Sciences Po en institutions politiques et créateur d’un cours sur « les habits du pouvoir ».
Dans la Croix, le juriste Pierre-Henri Prélot estime que le nouvel article de la présidence de l’Assemblée serait contraire aux principes constitutionnels.
3. Fini, le maillot de foot
Début décembre, François Ruffin arbore dans l’hémicycle le maillot vert de l’Olympique Eaucourt, petit club amateur d’Eaucourt-sur-Somme en soutien à un texte UDI-Agir-indépendants pour taxer les gros transferts. Après une polémique, le député insoumis a finalement reçu « un rappel à l’ordre avec inscription au procès-verbal », et une sanction pécuniaire de 1.378 euros, soit le quart de l’indemnité parlementaire. Contacté par 20 Minutes, l’entourage du député a indiqué que François Ruffin n’était « pas intéressé » par le sujet. Le député a quand même réagi ce mercredi sur Europe 1 :
« Ce qui les inquiète, c’est que l’Assemblée devienne une assemblée populaire car jusqu’à maintenant personne ne regardait ce qu’il s’y passait. Et en effet, à partir de quelques coups d’éclats comme ça, l’Assemblée peut devenir une tribune populaire. Ça les embête et donc il faut qu’ils nous passent les menottes aux poignets un petit peu pour qu’on n’attire plus l’attention de la même manière ».