VIDEO. Abandon de Notre-Dame-des-Landes: Accusé de «reniement», l'Elysée tente (difficilement) de démentir
ARCHIVES•Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron disait vouloir respecter la consultation des habitants, et donc construire un nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique)...L.C.
L'essentiel
- A de nombreuses reprises pendant la campagne présidentielle, le candidat Macron avait assuré que l’aéroport serait construit à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique).
- Mercredi 17 janvier, le Premier ministre Edouard Philippe a annoncé l’abandon définitif du projet.
- L’Elysée affirme pourtant que le chef de l’Etat n’a pas renié sa parole.
Le gouvernement a décidé mercredi d’enterrer le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique). Ce projet vieux d’un demi-siècle avait pourtant été défendu par le président Emmanuel Macron lorsqu’il était candidat à la présidentielle et par Edouard Philippe avant qu’il ne soit nommé Premier ministre.
« Il y a eu un vote, mon souhait est de le respecter »
Pendant la campagne, le candidat d’En marche ! avait assuré que s’il était élu président, il respecterait le résultat de la consultation organisée en juin 2016. La population locale avait alors répondu « oui » au transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique vers Notre-Dame-des-Landes, à plus de 55 %.
Lors d’un entretien avec Mediapart, le 2 novembre 2016 Emmanuel Macron avait invoqué la primauté de cette consultation (qu’il avait même qualifiée, à tort, de référendum - à partir de 2h39 dans cette vidéo) :
« « Il y a eu un référendum local, il a tranché. (…) Il y a une consultation, elle a donné un résultat. » »
Il utilisait le même argument sur France Inter le 1er février 2017 :
« « On a consulté le peuple, il s’est exprimé, je suis pour respecter cette décision. » »
Interrogé sur le sujet par le journaliste David Pujadas puis le sénateur LR Bruno Retailleau sur le plateau de L’Emission Politique (France 2) le 6 avril 2017, le candidat à la présidentielle avait été on ne peut plus clair sur son soutien au projet.
« Macron : « Il y a eu un vote, mon souhait est de le respecter. » Retailleau : « Donc de le faire [l’aéroport de Notre-Dame-des-landes] ? » Macron : « De le faire ! » »
Un extrait que la droite s’est empressée de publier mercredi après l’annonce du gouvernement sur l’abandon du projet, à l’instar du président des Républicains Laurent Wauquiez par exemple.
« Pas de reniement » selon l’Elysée
En guise de réplique, les macronistes ont exhumé un article de Ouest-France daté de 2013 dans lequel Bruno Retailleau dit son opposition au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Pour être précis, le président du département Vendée conditionnait alors son soutien au nouvel aéroport à la construction d’un nouveau pont sur la Loire, un projet qui reste à l'étude mais n'a toujours pas abouti à ce jour.
L’Elysée s’est empressé de communiquer pour contrer cette accusation de reniement.
aa« Le contexte n’est pas le même aujourd’hui que pendant la campagne », assure la présidence qui a contacté 20 Minutes mercredi. « L’option de l’extension des aéroports existants n’existait pas. Elle a été mise sur la table a vec le nouveau rapport des médiateurs ». Une position défendue sur Twitter par le porte-parole de l’Elysée Bruno Roger-Petit.
Un démenti erroné
Cette affirmation n’est pas tout à fait vraie. A une reprise pendant la campagne, le candidat Macron avait émis des doutes sur la pertinence du projet de nouvel aéroport. Il avait alors dit vouloir lancer une médiation pour trancher entre la construction à Notre-Dame-des-Landes et « le projet Nantes-Atlantique de réaménagement », lors d’un entretien avec l’association de protection de l’environnement WWF, en février 2017 (à partir de 29 minutes 45 secondes dans la vidéo ci-dessous).
Edouard Philippe a lui aussi changé d’avis sur NDDL
Le chef de l’Etat n’est pas le seul à avoir opéré un revirement sur ce sujet. Son Premier ministre Edouard Philippe soutenait lui aussi le nouvel aéroport et souhaitait que le chantier soit lancé au plus vite. Il l’avait notamment expliqué sur France Info en octobre 2016, lorsqu’il était porte-parole d’Alain Juppé pour la primaire de la droite, et invoquait la même raison que le candidat Macron : le respect du vote de la population locale. Un argument massue il y a quelques mois pour l’actuel couple exécutif… qui l’a finalement balayé mercredi.