MIGRANTSComment Macron va défendre sa politique migratoire à Calais

Immigration: Comment Macron va défendre sa politique migratoire à Calais

MIGRANTSLa rencontre du présidents avec les associations d'aide aux migrants s'annonce délicate...
Laure Cometti

Laure Cometti

L'essentiel

  • Alors que l'exécutif est déjà attaqué par l'opposition sur sa réforme de l'asile et de l'immigration, Emmanuel Macron se rend ce mardi à Calais pour défendre une politique migratoire «équilibrée» entre «humanité et efficacité».
  • Deux associations ont refusé de le rencontrer.

Sera-t-il le bienvenu ? Emmanuel Macron se rend ce mardi à Croisilles et Calais, dans le Nord-Pas-de-Calais. Le choix du lieu et de la date n’a rien de surprenant : le président veut défendre sa politique migratoire, critiquée par l’opposition et jugée « inflammable » au sein de la majorité, deux jours avant un sommet franco-britannique où Paris espère obtenir de Londres davantage de soutien dans la gestion des flux migratoires. Il a choisi de le faire à Calais, « le territoire le plus emblématique des crises migratoires », selon l’Elysée.

Une visite pour donner le ton de la réforme migratoire

Si la situation « a considérablement évolué, elle reste extrêmement fragile », selon l’Elysée. A Calais, où l’on dénombre entre 300 et 500 migrants actuellement, Emmanuel Macron va rencontrer des immigrés, les forces de l’ordre, des élus locaux, des acteurs économiques et des associations. Ces dernières se sont montrées particulièrement critiques du projet de loi asile et immigration qui doit être officiellement présenté en Conseil des ministres courant février et deux d’entre elles ont décidé de boycotter la rencontre avec le chef de l’Etat.

Lors de ce déplacement médiatisé, le président veut « s’assurer que toutes les orientations de la nouvelle loi sur l’asile sont mises en œuvre sur ce territoire (…) et que les instructions qu’il donne aux services de l’Etat sont appliquées (…) ». Il sera accompagné de quatre ministres, dont Gérard Collomb et Nicole Belloubet.

Un appel à l’exemplarité des forces de l’ordre

Il se rendra d’abord à Croisilles pour visiter l’un des quatre centres d’accueil et d’examen de situation (CAES) créés entre août et décembre 2017, pour héberger temporairement les migrants et accélérer l’examen de leur situation administrative avant de les orienter vers des centres d’accueil pour demandeurs d’asile (CADA) ou de les renvoyer dans leurs pays d’origine. Un modèle que l’Etat compte développer dans l’Hexagone. Pour l’Elysée, « ces règles sont une des conditions d’acceptabilité des flux migratoires ».

Le chef de l’Etat s’adressera aussi aux forces de l’ordre à la caserne mobile de gendarmerie de Calais. Avant de déjeuner avec elles, il leur dira « qu’il faut qu’ils soient exemplaires dans leurs interventions », annonce l’Elysée. Les 1.130 policiers et gendarmes déployés dans le Calaisis sont « régulièrement mis en cause », et Emmanuel Macron souhaite « sanctionner les auteurs de faits avérés, ou poursuivre ceux qui seraient à l’origine de fausses accusations », indique la présidence. « Il faut qu’à Calais on soit plus exemplaire qu’ailleurs ».

La rencontre avec les associations s’annonce tendue

Après un échange avec les élus locaux à la mairie de Calais et un tour sur le front de mer - en rénovation avec un budget de 8,5 millions d’euros - avec des acteurs économiques, Emmanuel Macron abordera la séquence la plus délicate de ce déplacement. Il rencontrera des associations impliquées dans l’aide aux migrants dans le Calaisis à la sous-préfecture. Le président s’invite en fait à une réunion qui rassemble le préfet et les acteurs associatifs tous les quinze jours. Ce n’est pas du goût de toutes les associations : Utopia56 et l’Auberge des migrants ont annoncé lundi qu’elles boycotteraient ce face-à-face.

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« Nous recevoir, c’est juste un alibi pour des projets déjà bien établis », a estimé François Guennoc, de l’Auberge des migrants qui a porté plainte lundi avec le Secours catholique Caritas France « contre X pour destruction et dégradation de biens » qu’elles disent avoir prêtés aux migrants.

Les associations, qui ont été reçues le 11 janvier dernier à Matignon, ont déjà dénoncé un projet de loi « déséquilibré ». Dans ce contexte, le président pourrait avoir du mal à faire passer son message « d’humanité ».