ASILEPourquoi l'immigration est un débat «inflammable» pour les députés LREM

Immigration: Les députés LREM veulent éviter les fractures avant un débat «inflammable»

ASILELes députés de la majorité présidentielle devront dans les prochaines semaines préparer le débat sur la réforme du droit d'asile et de l'immigration...
Laure Cometti

Laure Cometti

L'essentiel

  • La réforme de l’asile et de l’immigration n’a pas encore été dévoilée par le gouvernement.
  • Quelques députés LREM ont exprimé des inquiétudes après la circulaire Collomb sur le contrôle du statut des réfugiés.
  • Mais les macronistes réfutent le terme de « fronde » et prônent le rassemblement en amont d’un débat délicat.

Le sujet est « inflammable », selon un marcheur. A tel point qu’il alimente les spéculations sur une éventuelle « fracture » au sein de la majorité présidentielle. Le débat sur la réforme de l’asile et de l’immigration s’annonce délicat. Il a été abruptement ouvert avec la circulaire du 12 décembre dernier sur le contrôle du statut des personnes en hébergement d’urgence qui a suscité l'alarme du milieu associatif, mais aussi de quelques députés La République en marche, dont certains sont reçus ce mardi soir place Beauvau.

« La circulaire Collomb a précipité les choses »

A peine un mois plus tard, les députés de la majorité interrogés par 20 Minutes veulent calmer le jeu. La députée de la Manche Sonia Krimi qui a interpellé avec véhémence le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb le 19 décembre dernier, minimise désormais ses inquiétudes. Elle semblait pourtant inquiète puisqu’elle mettait en garde l’exécutif : « les centres de rétention deviennent des centres de détention et sont indignes de notre République ».

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Elle évoque auprès de 20 Minutes des « moyens humains insuffisants actuellement pour l’accueil des étrangers » mais refuse de se prononcer sur un projet de loi qu’elle « n’a pas encore lu ». Et précise avoir eu de « très bon retours » de la part des autres marcheurs sur son interpellation remarquée du ministre.

Aucun député de la majorité n’a pu consulter le texte. Les députés se trouvent forcés de temporiser, même si la réforme soulève déjà de nombreuses questions depuis plusieurs mois, avec le débat sur la proposition de loi sur la rétention préventive des demandeurs d’asile. « Ça s’est précipité avec la circulaire Collomb » admet Sonia Krimi. « Ça n’a pas été évident pour les députés sur le terrain, interrogés par les associations », reconnaît le groupe à l’Assemblée.

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« Fermeté » et en même temps « humanité »

Depuis, Gérard Collomb ne ménage pas ses efforts pour déminer le terrain. Une quinzaine de parlementaires est invitée ce mardi soir à dîner place Beauvau autour du ministre. Une première discussion alors que ces mêmes députés seront chargés d’animer un atelier sur le thème lors des journées parlementaires de la majorité les 15 et 16 janvier prochains. Ce doit être l’occasion de « définir une ligne de groupe », indique le groupe parlementaire LREM.

Le ministre de l’Intérieur assistera mercredi à Matignon à une consultation des parlementaires LREM sur le projet de loi et rencontrera jeudi des associations, toujours chez le Premier ministre. Tout l’enjeu pour la majorité est d’arriver à trouver l’équilibre entre la « fermeté » - plus de reconduites aux frontières pour les déboutés de l’asile - et en même temps l'« humanité » - l’accueil des réfugiés. Lors de la première réunion des députés avec Gérard Collomb, « les parlementaires ont fait preuve d’une vision très humaniste, ils ont tous la volonté d’améliorer les conditions d’accueil », affirme le groupe.

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« Des approches différentes » mais de fronde

« Il y a évidemment des approches différentes sur ce sujet comme sur d’autres. Certains sont plus sur le volet fermeté, d’autres sur le volet humanité », affirme le député Florent Boudié, ancien PS, qui n’a « pas du tout le sentiment que la majorité entame une période qui pourrait être chaotique ». Mais il précise que la majorité avance « avec prudence, sur la pointe des pieds ». Pas question de se faire « piéger » par l’opposition dans l’hémicycle.

Car la doctrine de LREM sur l’immigration n’est pas encore très développée. « Sur ce sujet, le candidat Macron n’avait pas précisé point par point comment allait se traduire son discours qui mêle une part d’humanité et de fermeté », note le député de Gironde. « Dans le groupe LREM, (…) il y a surtout un fort contingent de députés issus de la société civile, dont on ignore aujourd’hui quelle est leur conviction sur ce sujet. Il faut donc que le groupe se forge une opinion », a estimé dans L'Opinion la députée Marie Guévenoux. Plusieurs députés macronistes ont d’ailleurs commencé à visiter des centres de rétention et à rencontrer des associations qui s’occupe des réfugiés.

Selon Florent Boudié, un point fait consensus dans la majorité : un droit d’asile « plus efficace pour les plus vulnérables », comme les personnes persécutées dans leur pays d’origine. Ce n’était pas la position de Gérard Collomb, qui était favorable à l'expulsion des demandeurs d'asile vers des pays «tiers sûrs», avant de rétropédaler fin décembre 2017. Peut-être un signe que les députés pourront peser sur cette réforme, qui sera débattue en février ou en mars dans l’hémicycle.