Jacques Chirac fête ses 85 ans: Connaissez-vous ces cinq anecdotes sur l’ancien président?
POLITIQUE•A l’occasion du 85e anniversaire de Jacques Chirac, « 20 Minutes » a sélectionné plusieurs anecdotes méconnues de la vie de l’ancien président de la République…Anne-Laëtitia Béraud
Jacques Chirac fête ce mercredi ses 85 ans. Désormais retraité à la santé fragile, l’ancien président a vécu quarante-trois ans de vie publique hors-norme : élu député puis plusieurs fois ministre à partir de 1967, maire de Paris pendant dix-huit ans, deux fois Premier ministre et président de la République pendant douze ans. L’homme est décrit par ses partisans comme un homme chaleureux quand ses détracteurs le qualifient de « tueur » et « versatile ». Retour sur cinq faits méconnus de la carrière de Jacques Chirac, tirés de plusieurs ouvrages récents.
La politique simple comme un coup de fil
Un président nature. C’est le souvenir d’Alain Nicolas, conservateur du musée des arts africains, océaniens et amérindiens en 1996, quand Jacques Chirac l’appelle pour la première fois au téléphone. Le chef de l’Etat veut créer un musée des arts premiers à Paris, le docteur en archéologie croit à une blague de son beau-frère Robert. Dans son ouvrage Un anthropologue nommé Chirac (éd. Archipel, 20 euros), Alain Nicolas retranscrit leur conversation :
« – Allô, Alain Nicolas ?
– Oui.
– Bonjour, c’est Jacques Chirac. (…) A partir d’aujourd’hui, considérez que, plus qu’un admirateur de votre musée, je suis votre « supporter ». (…) Alors n’hésitez pas à m’appeler quand vous le voulez.
J’en reste bouchée. Je m’entends balbutier :
– Entendu, monsieur le président… très honoré. Je ne manquerai pas de vous appeler. Mais, euh… à quel numéro ? A l’Elysée ?
– Bien sûr ! A mon bureau, sur ma ligne directe.
– Qui est ?
– Ah oui… Alors c’est le… je ne m’en souviens jamais ! Nathalie ! C’est quoi ce putain de numéro à mon bureau ?…. Et si je ne suis pas joignable, dites à ma secrétaire que vous souhaitez me parler : elle vous indiquera à quel moment je suis tranquille… ou bien c’est moi qui vous rappellerai dès que possible. »
Pendant onze ans, le conservateur rapporte avoir eu des centaines de conversations téléphoniques avec Jacques Chirac - « de deux minutes à une heure et demie », échangeant autant de fax et courriers, et le rencontrant une dizaine de fois.
Des surnoms à gogo
Pour découvrir les petites histoires qui se cachent derrière les nombreux surnoms de Jacques Chirac, cliquez sur les cartes pour les retourner :
Adoubé par Mitterrand ?
En pleine guerre entre Edouard Balladur et Jacques Chirac pour candidater à l’Elysée, François Mitterrand, alors président, va s’entretenir de longs moments avec Jacques Chirac. Un signe d’adoubement, alors que les deux adversaires politiques ne cachent pas leur animosité. Le premier aparté se tient le 17 juillet 1994, pour la première commémoration nationale de la rafle du Vélodrome d’Hiver des 16 et 17 juillet 1942.
Un second échange se tient le 25 août lors de la commémoration de la Libération de Paris. François Mitterrand rejoint le Maire de Paris pendant une heure dans son bureau. Présent lors de cette rencontre privée, le photographe Christian Boyer, auteur de * Jacques Chirac, une vie pour la France (éd. Tallandier, 24,90 euros) entend François Mitterrand soutenir Jacques Chirac qui est alors donné perdant, comme il le raconte à 20 Minutes.
Le troisième échange se déroule le 20 avril 1995 au Panthéon, lors du transfert des cendres de Pierre et Marie Curie au Panthéon. Comme le raconte le photographe Éric Lefeuvre, dans Jacques Chirac. Coulisses d’un destin (éd. de la Martinière, 32 euros), « les deux hommes parlent pendant près d’une demi-heure, au grand dam des journalistes tenus à l’écart, qui pestent de ne pas savoir ce que les deux hommes ont de si important à se dire. »
Une mauvaise foi récurrente
« Surtout, ne te bouffe pas le foie en cas d’échec ». Jacques Chirac adresse ce conseil à Jean-Louis Debré, concurrent d’Edouard Balladur pour l’élection à la présidence de l’Assemblée nationale en 2002. Quand Jacques Chirac s’oppose à la candidature de Jean-Louis Debré, ce dernier est finalement élu. « Chirac sera le premier à me féliciter : "Tu vois, j’avais bien dit que tu serais élu". Sa mauvaise foi, dont il n’est pas dupe, me fait rire. Je lui réponds, avec autant de malice que lui : "C’est vrai, vous ne m’avez pas dissuadé de me présenter" », évoque-t-il dans Tu le raconteras plus tard (éd. Robert Laffont, 21 euros). Malgré les déceptions, l’ancien président de l’Assemblée nationale reste un fidèle.
L’héritage et le néant
« Que retiendront de vous les prochaines générations ? Que voulez-vous qu’on n’oublie pas ? », demande Jean-Louis Debré à Jacques Chirac, lors d’une entrevue en mai 2014. « Il m’a regardé, souri, il a fait la moue, haussé les épaules, pris la main, mais ne m’a pas répondu », écrit l’ancien président du Conseil constitutionnel.