Un salaire pour le futur patron du PS? L'hypothèse qui agace Solférino
POLITIQUE•Najat Vallaud-Belkacem aurait demandé un salaire pour prendre la tête du parti...T.L.G.
L'essentiel
- Un proche de l’ancienne ministre de l’Education ne trouve pas « idiot » de poser la question
- Alors que le PS est en plein plan social, l’hypothèse agace les autres candidats pressentis
Tout travail mérite salaire. Alors pourquoi le futur patron du PS ne bénéficierait-il pas d’une obole pour le job ? « Ce n’est quand même pas le point le plus important du congrès à venir », évacue le député européen Emmanuel Maurel. La question serait pourtant posée. D'après le Figaro, Najat Vallaud-Belkacem, candidate pressentie à la présidence du parti et actuellement sans mandat, aurait ainsi posé deux conditions à sa candidature : « obtenir la tête de liste lors des prochaines élections européennes, et que le poste de premier secrétaire soit rémunéré et non plus bénévole ».
« Ça ne me paraît pas idiot de poser la question du salaire »
« Ce n’est pas le cas », balaie François Pirola, son conseiller politique. Mais ce proche de longue date de l’ancienne ministre de l’Education pose tout de même la question… à titre personnel, bien entendu : « Ce n’est pas une question de principe, mais d’organisation. Si l’on est dans une refondation profonde du parti, pourquoi ne pas redéfinir la fonction, et passer de l’animateur bénévole à un vrai patron, à temps plein ? Alors, ça ne me paraît pas idiot ni scandaleux de poser la question du salaire ».
La question irrite pourtant les autres candidats pressentis. Luc Carvounas, député Nouvelle Gauche : « Je ne trouve pas ça opportun. Ça me semble impossible d’imaginer salarier le chef du parti au moment où le PS vend Solférino, et pendant un plan social qui entraîne le départ de 67 permanents historiques, qui ont travaillé au PS pendant des décennies ».
Même si la future patronne n’a, par ailleurs, aucun mandat rémunéré ? « J’ai toujours dit qu’il fallait que le prochain patron du PS soit au Parlement, à l’Assemblée ou au Sénat, car c’est le cœur nucléaire de la Ve République. Et quand je dis ça, je ne suis pas dans la confrontation avec Najat Vallaud-Belkacem », répond l’ancien proche de Manuel Valls, qui devrait se déclarer jeudi dans son fief.
« Il n’y a pas de raison de rémunérer le Premier secrétaire »
« On ne met pas de conditions à sa candidature, on le fait par envie, par devoir », tranche Emmanuel Maurel, eurodéputée PS également pressenti. « Certains partis salarient leur chef, comme les Verts. Mais il y a un truc tout bête : le plan social ne prévoit pas l’embauche d’un Premier secrétaire. Vu le contexte, ça va être compliqué d’expliquer qu’on va rénumérer le futur patron… »
« Non mais arrêtons… il n’y a pas de raison de rémunérer le Premier secrétaire. Il s’agit de pratiques d’un autre temps, ils ne se rendent pas compte de ce que vivent les gens… La question du chef doit d’ailleurs être secondaire dans le futur Congrès. Si on continue comme avant, ça va nous amener vers le même drame », s’agace la sénatrice de Paris Marie-Noëlle Lienemann, qui soutient Emmanuel Maurel.
Un bureau national du parti doit fixer mardi soir les conditions du futur Congrès. La question du salaire sera-t-elle abordée ? « Je ne crois pas, répond Emmanuel Maurel. C’est quand même un point accessoire. Je rappelle que nous ne sommes d’ailleurs pas dans une primaire. A l’occasion d’un Congrès, on choisit surtout une ligne, une équipe. On ne fait pas le story telling de tel ou tel ancien ministre de Hollande ».