Journée de lutte contre les violences faites aux femmes: Emmanuel Macron attendu au tournant par les associations
PARITÉ•Le président va-t-il commencer à mettre en œuvre son programme en matière d’égalité entre les femmes et les hommes ?Laure Cometti
L'essentiel
- Après une campagne présidentielle notamment axée sur la parité, Emmanuel Macron est attendu au tournant par les associations de lutte contre les violences faites aux femmes.
- Le président doit présenter samedi un plan quinquennal pour l'égalité entre les femmes et les hommes.
C’est l’une de ses promesses de campagne. Emmanuel Macron a finalement attendu plus de six mois pour faire officiellement de « l’égalité entre les femmes et les hommes » la « grande cause du quinquennat ».
Le président de la République a choisi de le faire samedi, à l’Elysée, devant des associations féministes, des ministres et d’autres invités. La date n’a pas été choisie au hasard, puisqu’il s’agit de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes.
Des attentes très fortes après l’affaire Weinstein et #BalanceTonPorc
Elle intervient cependant un peu tard pour nombre d’associations, dont les attentes sont très fortes vis-à-vis d’Emmanuel Macron. A de nombreuses reprises, le candidat en campagne avait défendu la parité, en particulier en politique, au moment d’investir des candidats LREM pour les législatives ou en parlant de son futur gouvernement. Les militants pour l’égalité entre les sexes espèrent donc que le président prendra des mesures fortes. Certains ont d’ailleurs manifesté ce vendredi, réclamant notamment « un plan d’urgence contre les violences sexuelles ».
« Le sujet mérite plus qu’une réponse devant un micro tendu », estime Axelle Tessandier, qui se réjouit du « rendez-vous officiel » de samedi. « C’est une décision très importante que de décréter une grande cause du quinquennat, et j’attends que cette appellation s’incarne », poursuit la déléguée nationale de LREM.
Le chef de l’Etat, qui prône une « distance avec la vie médiatique » et n’a que très peu réagi à l'affaire Weinstein (il a néanmoins demandé à l’Ordre de la Légion d’honneur de retirer sa décoration au producteur américain) ou aux témoignages de harcèlement sexuel publiés sur les réseaux sociaux, devrait faire annoncer samedi plusieurs mesures pour le quinquennat.
Une campagne de communication et des signalements en ligne
Le premier thème sera la lutte contre les violences faites aux femmes, « un choix personnel et politique du président », selon l’Elysée. L’action du gouvernement passera par la communication : un spot de publicité sera diffusé à partir de vendredi soir sur plusieurs chaînes de télévision. Un « plan de prévention et de lutte contre les violences sexistes et sexuelles » d’une durée de cinq ans doit être détaillé samedi.
La ministre de la Justice Nicole Belloubet avait évoqué la possibilité de faire une « préplainte » en ligne pour les victimes de violences sexuelles. Emmanuel Macron devrait officialiser la mise en place d’un signalement en ligne sera mis en place pour les victimes de violence, harcèlement ou discrimination. Toujours sur le plan judiciaire, la préservation des preuves dans les unités médico-judiciaire des hôpitaux pourrait être rendue possible, et ce même si la personne ne souhaite pas déposer plainte.
Le président doit aussi aborder le projet de loi qui prévoit la pénalisation du harcèlement de rue, l’allongement du délai de prescription pour les crimes sexuels commis sur mineurs, et la mise en place d’un âge de présomption de non-consentement à une relation sexuelle entre un mineur et un majeur.
Des arrêts de bus « à la demande » la nuit et une appli
Dans l’escarcelle du gouvernement figure aussi une application mobile pour les victimes de cyberharcèlement ainsi que des arrêts de bus « à la demande » en soirée, une initiative déjà testée dans plusieurs communes.
Dans les collèges, le gouvernement veut faire de la lutte contre la pornographie une « priorité », pour « lutter contre les stéréotypes et les rapports dominants ». Cela devrait être fait avec une campagne de prévention lancée par l’Education nationale et des actions de sensibilisation menées auprès des parents de collégiens, dès la rentrée 2018.
Le budget dédié à toutes ces mesures n’est pas encore connu. En parallèle, le parti présidentiel a lancé le 14 novembre dernier une consultation en ligne pour les citoyens.