Nicolas Hulot, critiqué par les écolos, va-t-il tenir un an au gouvernement?
ECOLOGIE•Le ministre de la Transition écologique est critiqué par certains écologistes qui le jugent impuissant au sein du gouvernement d’Edouard Philippe…Laure Cometti
L'essentiel
- Nicolas Hulot, nommé ministre de la Transition écologique en mai dernier, est sous le feu des critiques des écologistes après le report de la réduction de la part du nucléaire dans la production d'électricité française.
- Il s'est donné un an pour voir s'il est utile au gouvernement.
Une nouvelle couleuvre à avaler ? Nicolas Hulot a été chargé mardi d’annoncer que le gouvernement renonçait à réduire la part du nucléaire dans le mix énergétique français à 50 % d’ici à 2025. Une décision qui va à l’encontre de la promesse de campagne d’Emmanuel Macron, de la loi sur la transition énergétique votée en 2015, et aussi des convictions du ministre de la Transition écologique. Et qui interroge une nouvelle fois sur la marge de manœuvre de Nicolas Hulot au sein du gouvernement, qui s’est donné un an pour voir s’il est « utile », sous peine de quitter l’exécutif.
« Un spectateur impuissant » pour Mamère
Le report sine die de la réduction à 50 % de la part du nucléaire dans la production d’électricité française a fait bondir les écologistes. Après un bras de fer sur les néonicotinoïdes remporté par Nicolas Hulot, le ministre bataille pour l’interdiction du glyphosate par l’Union européenne et contre les « effets néfastes » du Ceta, traité qui pourrait autoriser la vente en France de viande aux antibiotiques et saumon aux OGM.
Noël Mamère, qui plaçait beaucoup d’espoirs en Nicolas Hulot dès sa nomination en mai dernier, ne cache pas sa déception à 20 Minutes. « Son entrée au gouvernement était pour nous une sorte d’assurance, un rempart. En fait, il est dans une position d’extrême faiblesse par rapport à des lobbies puissants, pas seulement financiers, mais aussi dans l’agro-industrie, ainsi que le corps des ingénieurs des mines et polytechnique. Il n’a même plus la force d’une caution verte, c’est un spectateur impuissant », déplore l’ancien député écologiste.
« Il est populaire, mais a-t-il une capacité d’agir ? », s’interroge l’ex député Europe-Ecologie-les Verts (EELV) Sergio Coronado. « Il n’a pas de relais politiques ou parlementaires. Les budgets sont tenus par des personnalités pas écolo compatibles ». Le ministre se retrouve isolé dans son propre camp, alors que le report de la réduction nucléaire a été critiqué par la fondation qui porte son nom et de nombreuses associations écologistes dont Greenpeace ou NégaWatt. Pour le porte-parole d’EELV Julien Bayou, « la question de son départ [du gouvernement] est posée ».
« Trop tôt pour faire son bilan » selon Orphelin
Nicolas Hulot compte encore des défenseurs, dont la députée socialiste Delphine Batho qui a affirmé ce mercredi sur RMC qu’il « doit rester [au gouvernement] : on n’a que lui pour se battre et faire avancer cette cause ». « Il a fait un pari difficile, celui de l’action. C’est plus dur que d’être un commentateur », défend son ancien porte-parole de la Fondation Nicolas Hulot Mathieu Orphelin, devenu député de La République en marche en juin dernier. « Il est trop tôt pour faire le bilan de son action », ajoute-t-il, soulignant néanmoins que « sur le glyphosate, je pense que ça n’aurait pas été la même histoire sans Nicolas au gouvernement, et je ne suis pas sûr que le Ceta aurait eu la même tête s’il n’avait pas été là. L’heure de vérité, ce sera la programmation pluriannuelle de l’énergie qui doit être discutée avant juin 2018 ».
Noël Mamère ne croit pas que Nicolas Hulot puisse peser à l’avenir en faveur d’arbitrages plus écologistes. « Il faudra scruter ce qui va se passer pour Notre-Dame-des-Landes et la PPE en 2018. Mais le report de la réduction du nucléaire ne le met pas en position de gagner, puisqu’il vient de céder sur un sujet-clé ». Le député européen écologiste Pascal Durand, proche de Nicolas Hulot semble lui aussi pessimiste, à en juger par son tweet : « la question n’est pas celle de Hulot, mais notre incapacité à peser dans le débat, dans les décisions finales et de gagner les arbitrages ».