VIDEO. Six mois de Macron: Le président a-t-il tenu sa promesse de rénovation des pratiques politiques?
BILAN•Six mois après l'élection d'Emmanuel Macron, «20 Minutes» fait le bilan...Thibaut Le Gal
L'essentiel
- Pendant la campagne, le candidat indiquait vouloir changer les pratiques politiques.
- Les engagements sur la moralisation de la vie publique et la participation citoyenne ont-ils été tenus?
C’était une promesse d’Emmanuel Macron pendant la campagne. Le candidat d’En Marche indiquait vouloir changer les pratiques et les visages de la classe politique. « Je veillerai à ce qu’il y ait un renouvellement démocratique. Les citoyens auront voix au chapitre, ils seront écoutés », lançait-il également le jour de son investiture. Six mois plus tard, c’est l’heure du bilan. Le chef de l’Etat a-t-il réussi son opération de rénovation ?
>> Renouvellement des visages
Emmanuel Macron avait promis d’ouvrir l’enceinte politique à la société civile. Aux législatives, la République en Marche avait ainsi ouvert la moitié des candidatures aux non-professionnels de la politique. Au final, seuls 23 députés sur les 308 élus exerçaient déjà la fonction de parlementaire auparavant et 169 n’avaient jamais eu de mandat, avait relevé le Parisien cet été. « Malgré un profond renouvellement, malgré une entrée des femmes et de députés plus jeunes, cette Assemblée nationale continue de passer à travers le filtre sociologique d’une classe moyenne supérieure », nuançait à l’époque le chercheur du CNRS Bruno Cautrès.
Au gouvernement, depuis le remaniement de juin, une majorité de ministres (17 sur 29) est issue de la société civile.
>> Moralisation de la vie publique
Votées pendant l’été, les lois pour la moralisation de la vie politique ont été polluées par les affaires. « Ces lois tirent de manière minimaliste la leçon des scandales qui ont surgi pendant la présidentielle. Elles concernent essentiellement la conduite des parlementaires, estime Eric Alt, vice-président d’Anticor. Le minimum a été fait avec l’interdiction de recruter un membre de sa famille par exemple, mais le vrai problème ce sont les emplois de complaisance. Il aurait été souhaitable de redéfinir globalement les modes de recrutement et de rémunération des assistants parlementaires ».
Si l’association se satisfait du contrôle des frais de représentation de mandat et de la suppression de la réserve parlementaire, elle pointe des oublis : « Il y a eu des promesses non-tenues sur la question du casier vierge obligatoire pour les élus et le renforcement du contrôle des lobbys », poursuit Eric Alt. Le spécialiste attend notamment « le nécessaire volet constitutionnel de ces lois » (réforme de la Cour de justice de la république, diminution des parlementaires, réforme de l’Assemblée, etc.)
>> Compte rendu du pouvoir
Dans un souci de transparence, Emmanuel Macron avait promis que le chef de l’Etat présenterait « son bilan national et européen une fois par an devant le Congrès ». Les ministres devraient aussi rendre compte de leur action. « Je ne doute pas que cette promesse sera tenue, mais ce n’est pas pour nous un sujet essentiel. On est plus dans la communication autour de la confiance politique qu’autre chose car les Français n’ont pas de pouvoir de sanctions dans la Ve République », assure Eric Alt.
>> La consultation des citoyens
Dans son programme, Emmanuel Macron promettait de « développer la participation des citoyens ». La République en marche avait indiqué cet été vouloir multiplier « les consultations citoyennes » et créer des « points de contact » appelés « kiosques », notamment pour « recueillir les réactions citoyennes ». Pour le moment, un seul chantier a été lancé concernant la stratégie Logement présentée par le ministère de la Cohésion des territoires.
La consultation avait recueilli en un mois près de 20 000 contributions, précise le parti. D’autres outils d’évaluation du travail parlementaire et législatif (jurys citoyens, compte rendu de mandat via les réseaux sociaux…) étaient évoqués dans le programme du candidat. Le groupe de travail « démocratie numérique et participation citoyenne », doit rendre en décembre ses premières pistes dans le cadre de la réforme du parlement annoncée par François de Rugy.