Front national: Y a-t-il un malaise Marine Le Pen?
POLITIQUE•Le présidente frontiste sort affaiblie de la séquence présidentielle-législatives...T.L.G.
Aux abonnés absents, la présidente du Front national ? Marine Le Pen a, semble-t-il, du mal à se remettre de sa défaite à la présidentielle. A franceinfo, un des piliers du parti décrit une candidate « groggy », encore sous le choc de son échec, « en roue libre ». « Elle se cherche et n’a pas encore une idée de la ligne qu’il faut adopter », précise-t-il anonymement.
Affaiblie par le départ de Florian Philippot, Marine Le Pen semble également moins présente dans son opposition à Emmanuel Macron que peuvent l’être les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon. Pourquoi la patronne du FN fait-elle sa rentrée sur la pointe des pieds ?*
1. Une présidente affaiblie
Comme une gueule de bois qui n’en finit plus. Marine Le Pen a du mal à évacuer les défaites. « Le FN est sorti de la séquence présidentielle-législatives avec le plein de voix, mais a paradoxalement échoué dans sa stratégie de transformer le vieux parti d’extrême droite en parti de gouvernement », avance Gilles Ivaldi, chercheur au CNRS à l’université de Nice. Cet échec a réactivé des tensions déjà perceptibles sur la ligne politique et Marine Le Pen est sortie affaiblie de cette séquence. La série des succès électoraux depuis 2014 n’a pas suffi. Elle n’a pas réussi à amener le FN là ou elle prétendait l’amener », poursuit le spécialiste du FN.
Le départ fracassant de Florian Philippot, désormais très critique à son encontre, n’a rien arrangé. « Ces départs sont plus marginaux qu’à l’époque de son père quand Bruno Mégret avait entraîné de nombreux cadres avec lui. Mais Marine Le Pen perd tout de même quelqu’un d’important et reste confrontée à une contestation en interne sur sa ligne ni droite-ni gauche », poursuit Gilles Ivaldi. « Au-delà du débat raté de l’entre-deux-tours, une partie du FN veut ramener le parti vers la droite de l’échiquier politique. »
2. Peu audible sur les questions sociales
Depuis quelques semaines, le débat politique tourne autour de la réforme du Code du travail. Sur les questions sociales, les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon semblent plus audibles. « On ne confond pas notre rôle avec celui des syndicats », nous expliquait récemment le député FN Sébastien Chenu. « La France insoumise fait de la politique spectacle, nous sommes là pour aider réellement les Français. »
Mais pour Gilles Ivaldi, « la question sociale n’est pas vraiment un thème porteur pour le FN. Si Marine Le Pen a beaucoup intégré les questions économiques depuis 2012, le parti reste plus à l’aise et audible sur l’immigration, la sécurité, ou l’islam ». Il poursuit : « Jean-Luc Mélenchon s’intègre à un mouvement plus vaste de contestation social, ancré à gauche et porté par des syndicats comme la CGT. Ce n’est pas vraiment le terrain de jeu habituel du Front national ». Les frontistes n’ont pas vraiment la culture de la manif'. Le message de Florian Philippot depuis un camion forrain avait ainsi entraîné la colère de plusieurs responsables.
3. Mais une présidente incontestée ?
Marine Le Pen a récemment entamé une tournée des fédérations pour rencontrer les militants, dans le cadre d’une refondation du parti. Un moyen de se relégitimer avant le congrès en mars, qui décidera de la ligne ? « Le parti et Marine le Pen sont un peu sonnés, mais si le congrès avait lieu aujourd’hui, elle serait la seule candidate car la culture du chef reste forte au FN », répond Gilles Ivaldi. « Le congrès devrait donc la consacrer car personne n’émerge aujourd’hui. Si Marion Maréchal-Le Pen décidait de revenir, on pourrait imaginer un match, mais c’est peu probable aujourd’hui. »
*Contactés par 20 Minutes, plusieurs cadres du FN n'ont pas répondu