VIDEO. Pourquoi Les Républicains accordent-ils un sursis aux Macron-compatibles?
EXÉGÈSE•Le parti Les Républicains a différé mardi soir l’exclusion des frondeurs Macron-compatibles Edouard Philippe, Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu, Thierry Solère et Franck Riester…Anne-Laëtitia Béraud
Une décision qui interroge. Mardi soir, le bureau politique des Républicains (LR)a d’abord voté à la quasi-unanimité l’exclusion immédiate du secrétaire d’Etat aux comptes publics Gérald Darmanin pour « dissidence électorale »… avant de décider finalement que, si tous les chefs de file LR Macron-compatibles ne s’expliquaient devant le parti sous huit jours, «leur départ des Républicains serait acté ». Un départ qui serait synonyme d’exclusion pour les ministres Edouard Philippe, Gérald Darmanin, Sébastien Lecornu et les députés LR-Constructifs Thierry Solère et Franck Riester.
Cet arbitrage suit la procédure engagée le 11 juillet par le parti contre ces frondeurs de droite, repoussant tout règlement du dossier. Aveu de faiblesse face aux frondeurs ou stratégie électorale ? 20 Minutes analyse les raisons de cette sanction différée.
Une semaine pour « parler »
« Dans huit jours nous arriverons au bout de ce délai qui est la moindre des choses pour que nous puissions nous parler », a justifié ce mercredi matin sur RMC-BFMTV Bernard Accoyer, secrétaire général des Républicains. Une discussion repoussée par certains cadres du parti : « Ça ne sert à rien », lâche ce mercredi à 20 Minutes un reponsable LR présent au bureau politique.
Accusation de rétrécissement de l’ADN de LR
« Prononcer une exclusion immédiate aurait divisé le groupe alors que l’on a visé et obtenu l’unanimité mardi soir », confie le député LR de l’Ain Damien Abad à 20 Minutes. La décision de repousser l’échéance a reçu l’assentiment de proches des Constructifs, dont le maire LR de Nice Christian Estrosi, souligne-t-il. Pour l’élu de l’Ain, faire des chefs de file LR Macron-compatibles des victimes n’apporterait rien. Alors que la formation Les Républicains organise une campagne pour renouveler sa présidence, prononcer des exclusions pourrait donner du grain à moudre aux détracteurs - dont les Constructifs, mais aussi les présidents de région Xavier Bertrand et Valérie Pécresse- qui déplorent une formation politique « rétrécie ». Visant, sans toujours le nommer, le favori de cette élection interne Laurent Wauquiez.
Entrendre la colère des militants
Autre explication à la décision du bureau politique, confiée à l’AFP par un responsable LR : « Beaucoup de nos militants étant en colère contre ceux qui ont déserté, il faut parfois des gestes symboliques et sacrificiels ». Le parti LR pourrait réagir à la colère des militants qui refusent d’attendre que les Constructifs - qui réfléchissent à créer leur propre parti - quittent LR d’eux-mêmes, à l’instar du ministre Bruno Le Maire le 24 septembre.
Des recours à prévoir
Les Macron-compatibles viendront-ils s’expliquer devant la commission spéciale de LR ? Rien n’est moins sûr. « Le Premier ministre a beaucoup mieux à faire que d’aller s’expliquer devant une structure partisane », a estimé mardi soir sur CNews Bruno Le Maire. Le secrétaire d’Etat Sébastien Lecornu en appelle, ce mercredi sur Twitter, à ce « que la voix des militants et élus raisonnables se fasse entendre » chez les LR.
L’embrouillamini sur l’exclusion-pas exclusion des élus Macron-compatibles promet de nouveaux développements. Après la décision du 11 juillet, le député LR-Constructifs Thierry Solère avait déclaré qu’il déposerait un recours s’il était exclu du parti. Rappelant que le ministre Gérald Darmanin, le secrétaire d’Etat Sébastien Lecornu et le conseiller à Matignon Gilles Boyer, tous trois Macron-compatibles, siègent à la commission des recours du parti LR.