VIDEO. Les sénateurs Macron-compatibles forment le groupe «Les indépendants»
PARLEMENT•Le groupe parlementaire des « indépendants », soit « les constructifs » Macron-compatibles du Sénat, est né lundi avec onze sénateurs…Anne-Laëtitia Béraud
Ne les appelez pas« Les constructifs » du Sénat. Le groupe parlementaire « Les indépendants » composé de sénateurs Macron-compatibles de la droite et du centre a été porté sur les fonts baptismaux ce lundi à Paris. Sous la houlette de Claude Malhuret, sénateur Les Républicains (LR) de l’Allier, ce groupe composé de 11 sénateurs (soit juste au-dessus du minimum de 10 élus) ressemble sur le papier au groupe « Les Constructifs » à l’Assemblée nationale. Selon Claude Malhuret, la « nuance » tient à « l’image » des députés. « L’image des Constructifs s’est réduite au soutien à la majorité présidentielle, ce que nous ne voulons pas », a-t-il expliqué ce lundi après-midi. « C’est une nuance qui change tout », a souligné l’ancien maire de Vichy.
Le groupe est composé de sénateurs issus des Républicains, des centristes de l’UDI, de divers droite. Il s’agit de : Jérôme Bignon (LR-Allier), Emmanuel Capus (LR Maine-et-Loire), Daniel Chasseing (LR-Corrèze), Jean-Pierre Decool, apparenté (DVD-Nord), Alain Fouché (LR-Vienne), Joël Guerriau (Union centriste-Loire-Atlantique), Jean-Louis Lagourgue (LR-La Réunion), Claude Malhuret (LR-Allier), Alain Marc (LR-Aveyron), Colette Mélot (LR-Seine-et-Marine), Dany Wattebled (DVD-Nord).
« Nous ne sommes plus la même famille »
D’inspiration « libérale, sociale et européenne » et s’inscrivant « dans la majorité sénatoriale » de droite, ce groupe estime ne plus être en phase avec une « ligne plus conservatrice, sécuritaire et identitaire » qui serait à l’œuvre à droite. « Nous ne croyons plus qu’il soit possible de défendre notre ligne aujourd’hui », a remarqué Claude Malhuret, évoquant sans la nommer la sénatrice du Bas-Rhin Fabienne Keller, l’une des initiatrices de ce mouvement qui est finalement resté dans le groupe historique Les Républicains pour pouvoir y « peser ».
La ligne « modérée » chez Les Républicains aurait disparu après la présidentielle, selon Claude Malhuret. « Au groupe LR, on a une liberté de parole (…) mais quand on arrive au vote (…) c’est sans résultat. C’est pourquoi nous ne croyons pas, nous membres Les Républicains, qu’il soit possible aujourd’hui de défendre notre ligne avec une chance de succès au sein de ce groupe », a-t-il souligné. « Nous avons été une famille pendant quinze ans, nous sommes aujourd’hui des voisins, des alliés, des amis éventuellement, mais nous ne sommes plus la même famille », a précisé l’ancien ministre de Jacques Chirac.
« La politique c’est la clarté »
Bruno Retailleau, président d’un groupe Les Républicains réduit à une ligne « eurosceptique, conservatrice, identitaire » ? L’intéressé répond quelques heures plus tard au Sénat : « Notre groupe politique qui n’est pas le décalque du parti Les Républicains », a assuré l’élu de Vendée, ajoutant vouloir « faire vivre les différences » au sein de son groupe. Aux sénateurs Les Républicains désormais « indépendants », il leur a demandé de la clarté : « L’exclusion n’est pas mon premier réflexe. C’est à eux de voir. La politique c’est la clarté (…) mais ils peuvent rester ».
Exclusion, départ, que feront les sénateurs Les Républicains du groupe « Les indépendants » ? Claude Malhuret attend le congrès LR de décembre pour reprendre, ou non, sa carte au parti. Tout comme son collègue Jérôme Bignon, élu vice-président du groupe « Les indépendants » : « J’entends Laurent Wauquiez, Eric Woerth, j’entends Bruno Retailleau, pour qui tout ce qui est proposé est nul. Ce n’est pas vrai. Je n’ai pas encore décidé [du renouvellement de la carte d’adhérent], et j’adapterai en fonction des circonstances après le congrès. Je suis adhérent de la famille gaulliste depuis 1965, et c’est pourquoi je ne me soumets pas aux injonctions de clarté. »
Les Constructifs, des « traîtres » selon Wauquiez
Du côté du parti Les Républicains, « la clarté » pourrait cependant arriver plus vite que prévue. Un bureau politique est fixé mardi à 17h, durant lequel la question de l’exclusion des élus Macron-compatibles pourrait être évoquée. Les candidats à la présidence du parti y sont favorables : Laurent Wauquiez a estimé samedi, lors de la « fête de la violette » dans le Loir-et-Cher, que « Les Constructifs » sont des « traîtres » qui « n’ont plus rien à faire » dans le parti Les Républicains.