Sécurité, indépendance et influence de la France: Les grands axes de la diplomatie selon Macron
DIPLOMATIE•Le chef de l'Etat a donné ce mardi son premier discours de politique étrangère dans lequel il donne les grandes lignes de sa diplomatie...A.B. avec AFP
Emmanuel Macron a placé mardi la lutte contre le terrorisme au cœur de sa diplomatie et assuré qu’il allait redonner à une France « indépendante » son rang dans le monde, dans son premier discours de politique étrangère devant les diplomates français donné à l’occasion de la semaine des ambassadeurs.
Sécurité, indépendance et influence de la France
« La sécurité des Français est la raison d’être de notre diplomatie, cette exigence est viscérale et nous devons y répondre sans faiblir », a lancé le chef de l’Etat devant plus de 150 ambassadeurs réunis à l’Elysée pour la traditionnelle rentrée diplomatique. Fixant à ses diplomates « trois axes forts », la sécurité, l’indépendance et l’influence de la France, Emmanuel Macron a décliné, dans un long inventaire de l’état du monde, sa volonté d’une France « reprenant son rang parmi les nations » et « capable de se faire entendre ».
Depuis son arrivée au pouvoir en mai, il s’est fait remarquer sur la scène internationale par des coups d’éclat qui ont séduit ou irrité, mais c’est la première fois qu’il dessine les contours de sa doctrine étrangère générale.
« Daesh est notre ennemi »
« La lutte contre le terrorisme islamiste (est) la première priorité de notre politique étrangère. Oui, je parle bien d’un terrorisme islamiste et j’assume parfaitement l’emploi de cet adjectif », a déclaré le chef de l’Etat, assurant que « l’angélisme n’est pas de mise à cet égard ». « Daesh (acronyme arabe du groupe Etat islamique) est notre ennemi », a martelé Emmanuel Macron, ajoutant que « le retour de la paix et la stabilisation en Irak et en Syrie sont une priorité vitale pour la France ». Emmanuel Macron, qui avait choqué l’opposition syrienne en juin en disant qu’il ne voyait pas de successeur légitime au président Bachar al-Assad, a estimé que « la reconstitution d’un Etat de droit en Syrie devra s’accompagner de la justice pour les crimes commis, notamment par les dirigeants ».
Concernant les autres terrains où la France est engagée dans cette lutte, Emmanuel Macron a annoncé la nomination d’un envoyé spécial sur le développement et la sécurité pour le Sahel et une réunion fin septembre sur la Libye en marge de l’Assemblée générale des Nations unies.
Une « dictature » au Venezuela
Sur le Moyen-Orient en général, le chef de l’Etat s’est refusé à « choisir son camp » entre les deux grands rivaux de la région, l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite, et a réaffirmé l’attachement de la France à l’accord nucléaire de 2015 avec l’Iran, au moment où cet accord est menacé par la dégradation des relations entre Téhéran et les Etats-unis de Donald Trump.
S’il n’a que très brièvement abordé certaines régions comme l’Asie et l’Amérique latine, le président français n’a pas hésité à qualifier le régime du président vénézuélien Nicolas Maduro de « dictature », un mot qui n’a été que très rarement employé jusque-là, sauf par exemple par le président américain. « Une dictature tente de se survivre au prix d’une détresse humanitaire sans précédent », a commenté Emmanuel Macron au sujet de la grave crise qui secoue le Venezuela depuis des mois et qui a déjà fait plus de 130 morts.
Résolument pro-européen
Le chef de l’Etat est en revanche longuement revenu sur l’Europe, « outil » de la puissance française, et a assuré que Paris ferait des propositions de réformes après les élections allemandes du 24 septembre. Il a de nouveau plaidé pour une Europe « refondée » et « à plusieurs formats », tirée par une « avant-garde » des pays qui voudront « aller plus loin » dans la convergence de leurs économies et de leurs politiques.
Le Brexit montre que « quand l’Europe n’est qu’un marché, elle est rejetée », a-t-il dit. « Cela doit nous obliger à être plus innovants : nous devons penser une Europe à plusieurs formats, aller plus loin avec tous ceux qui souhaitent avancer, sans être entravés par les Etats qui désirent, et c’est leur droit, avancer moins vite ou moins loin », a-t-il poursuivi.
Enfin, sur le climat, un sujet dont s’est emparé Emmanuel Macron pour s’affirmer face à Donald Trump, dont le pays est sorti en juin de l’Accord de Paris, il a confirmé une conférence internationale à Paris le 12 décembre et annoncé qu’il œuvrerait à l’ONU pour « un pacte mondial » sur l’environnement, sans plus de détails.