VIDEO. Cravates, couacs et «bizutage»... Pourquoi cette session parlementaire a été passionnante (si, si)
RETRO•Après six semaines bien remplies, la session parlementaire extraordinaire s’achève…Laure Cometti
L'essentiel
- Elus le 18 juin 2017, les 577 députés ont travaillé pendant près de six semaines avant de prendre leurs congés d’été.
- Cette session extraordinaire a été l’occasion de découvrir une Assemblée nouvelle, renouvelée et plus paritaire.
La session parlementaire extraordinaire s’est achevée mercredi. Les députés élus fin juin entament leurs vacances d’été, deux semaines pour se reposer avant une rentrée qui s’annonce chargée. Si vous êtes plutôt MTV que LCP, 20 Minutes vous livre quatre raisons pour lesquelles ces six semaines d’activité parlementaire ont été passionnantes (si, si…).
1. Il y a plein de petits nouveaux
C’est une Assemblée plus jeune et plus paritaire que jamais qui a investi l’hémicycle dès le 28 juin. Un hémicycle largement renouvelé avec le départ de nombreux députés sortants et l’arrivée de 420 novices que le personnel du Palais-Bourbon et la presse peinent encore à reconnaître.
Compte tenu de ce renouvellement « historique », le Parlement « a montré sa résilience : il fonctionne, il continue à contrôler, adopter des lois, malgré l’arrivée de nouveaux élus. Peu d’organisations résisteraient à un tel changement », estime auprès de 20 Minutes Olivier Rozenberg, professeur à Sciences-Po Paris.
2. Deux engagements de Macron ont été mis en œuvre
Au cours des 33 séances, il y a eu 134 heures de débat, « nettement plus » que durant la session extraordinaire de 2012 selon le président de l’Assemblée François de Rugy. L’exécutif avait annoncé vouloir « aller vite », et l’Assemblée n’a pas chômé. « Le taux de présence est elévé », observe Olivier Rozenberg. « Ces nouveaux députés ne cumulent pas et prennent leur travail au sérieux. Ils ont travaillé tard, parfois la nuit : c’est du jamais vu à l’Assemblée fin juillet ».
Les députés ont prolongé l’état d’urgence et posé les jalons de deux mesures phares de la campagne d’Emmanuel Macron en autorisant le gouvernement à réformer le Code du travail par ordonnances et en adoptant la loi de moralisation de la vie politique. « On a beaucoup travaillé, les vacances vont nous permettre de prendre du recul », glisse Pacôme Rupin ( La République en marche) dans la salle des Quatre Colonnes mercredi.
3. Couacs, cravates et gaffes
C’est peu de dire que cette session a été animée. La rentrée a notamment été marquée par le « cravate-gate » initié par les députés de La France insoumise (LFI) qui ont aussi brandi le Code du travail ou des paquets de pâtes pour illustrer leurs discours en séance.
Plusieurs députés LREM ont commis des erreurs, par exemple sur la procédure de déroulé des débats. Certains sont d’ailleurs partis en vacances avec le règlement de l’Assemblée sous le bras, ou le Manuel de survie à l’Assemblée nationale, de Jean-Jacques Urvoas et Magali Alexandre, distribué par leur chef du groupe Richard Ferrand.
4. Majorité vs. opposition : un match musclé
Galvanisés après le discours d’Emmanuel Macron devant l’Assemblée et le Sénat réunis en Congrès à Versailles le 3 juillet, la majorité macroniste a parfois agi tel un seul homme, lorsqu’il s’agissait d’applaudir copieusement les membres de la majorité (parfois avant même qu’ils ne prennent la parole). « C’est en marche et tais-toi », juge Alexis Corbière (LFI).
« On manque encore de recul pour savoir si les députés LREM font preuve de suivisme. Sur les ordonnances pour réformer le Code du travail, la majorité a été peu présente pour amender », observe Olivier Rozenberg. « Mais sur la loi de moralisation, il y a eu des débats au sein de la majorité ». « Le couac principal, c’est d’avoir confié le poste de questeur à un LR-Constructif [Thierry Solère] alors que la tradition parlementaire veut qu’on le confie à l’opposition, comme garantie de pluralisme. Avoir privé l’opposition de ce poste, qui plus est par une forme de magouille procédurale, c’était plus qu’un couac, c’était une forme d’autoritarisme de la majorité », juge le politologue.
Face à une majorité aussi large, l’opposition a adopté une attitude musclée. Les 314 députés LREM ont été affublés de noms d’oiseaux : « godillots », « robots disciplinés, simples machines à voter » pour le socialiste Olivier Faure. Si les débats ont été aussi animés, c’est probablement parce qu’il y a « une plus grande diversité partisane » dans cette nouvelle Assemblée, estime Olivier Rozenberg. « L’opposition a beau être peu nombreuse et éclatée, elle peut exprimer ses critiques, amender des textes, servir de lieu de contre-pouvoir », affirme-t-il.
Face aux groupes LREM et MoDem, l’opposition se répartit en quatre groupes. Les Républicains se sont scindés entre « Constructifs », groupe LR rallié à la majorité, et les autres, qui forment le premier groupe d’opposition. Le Parti socialiste, réduit à 31 membres (dont 3 apparentés), s’est rebaptisé en Nouvelle gauche. Les députés communistes ont leur propre groupe, comme les Insoumis.
La session ordinaire de l’Assemblée débutera le 29 août.