«Je suis son héritière dans ma chair»... Des femmes politiques parlent de Simone Veil
TEMOIGNAGES•De gauche comme de droite, plusieurs femmes politiques françaises engagées dans la lutte pour les droits des femmes reviennent sur l'héritage de Simone Veil...Anne-Laëtitia Béraud
L'essentiel
- L'icone de la lutte pour les droits des femmes Simone Veil est décédée ce vendredi
- De droite comme de gauche, de nombreuses femmes françaises s’engagent pour garantir des droits à la moitié de l’humanité
- Parmi elles, 20 Minutes a recueilli le témoignage d'Esther Benbassa (EELV), Rama Yade (France qui ose), Danielle Simmonet (PG), Françoise Laborde (PRG), Brigitte Gonthier-Maurin (PC) et Fabienne Keller (LR).
Qui sont les héritières politiques de Simone Veil ? De droite comme de gauche, de nombreuses femmes françaises s’engagent pour garantir des droits à la moitié de l’humanité. Elles inscrivent leur engagement dans les pas de l’icône de cette lutte, Simone Veil. Esther Benbassa (EELV), Rama Yade (France qui ose), Danielle Simmonet (PG), Françoise Laborde (PRG), Brigitte Gonthier-Maurin (PC), Fabienne Keller (LR) se confient à 20 Minutes…
« Une femme à qui je m’identifie » pour Esther Benbassa
« Je ne me considère pas comme une héritière de Simone Veil car je n’en ai pas le calibre. Mais elle est évidemment un modèle, une femme à qui je m’identifie », estime Esther Benbassa, sénatrice Europe-Ecologie-Les Verts du Val-de-Marne qui se dit « en phase avec Simone Veil, car comme elle, je suis minoritaire et immigrée ». En lutte pour la procréation médicalement assistée (PMA) pour toutes les femmes, investie dans la cause LGBT, favorable à la légalisation du cannabis, Esther Benbassa n’a pas grand-chose à voir sur l’échiquier politique avec Simone Veil. Mais pour la sénatrice à l’origine du texte d’abrogation du délit de racolage public, « il y a une lutte pour les femmes qui transcende les sensibilités politiques ». « Simone Veil a été au-dessus des partis pour mener le combat pour l’IVG. Elle a tenu bon face à une Assemblée très hostile. Je comprends ce qu’elle a dû endurer car je me suis pris pas mal de coups en politique », confie encore Esther Benbassa.
« Les combats d’aujourd’hui » pour Rama Yade
« Un pilier qui s’effondre. » Pour Rama Yade, la mort de Simone Veil représente « la perte d’un repère, tant sur le plan personnel que pour le pays ». Secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme sous Nicolas Sarkozy, l’actuelle présidente du mouvement « La France qui ose » a notamment rencontré Simone Veil lors d’un déjeuner d’anniversaire. Une entrevue qui l’a marquée : « Elle était dans la transmission, c’est la marque d’une très grande dame. » L’engagement politique constitue son héritage. « On a parlé des combats d’aujourd’hui : des femmes en Afghanistan, au Congo, des jeunes filles d’aujourd’hui qui ne connaissent pas bien les acquis des femmes », raconte celle qui a dénoncé à plusieurs reprises le sexisme en politique.
« Je suis héritière dans ma chair », estime Danielle Simonnet
« Je me suis fait avortée et je sais très bien grâce à qui j’ai eu ce droit. Je suis une héritière, dans ma chair, de Simone Veil », dit Danielle Simonnet, porte-parole de la France Insoumise et coordinatrice du Parti de gauche. La conseillère de Paris, qui a écrit une pièce de théâtre Uber, les salauds et mes ovaires, estime que « le combat féministe est étroitement lié au combat laïc ». Héritière affirmée de Simone Veil, Danielle Simonnet estime que « l’émancipation des femmes n’est pas un combat du passé, car il y a des coups de butoir permanents contre le féminisme, et au nom de l’austérité ». Parmi ses combats, figure le maintien du centre IVG de l’hôpital Tenon à Paris.
« Le devoir de continuer », selon Françoise Laborde
« Simone Veil est un modèle de pugnacité. Je lui suis redevable », estime de son côté la sénatrice radicale de gauche de Haute-Garonne, Françoise Laborde. La vice-présidente de la délégation aux droits des femmes au Sénat se dit « fille du féminisme, qui a eu des droits car des femmes se sont battues pour les avoir ». « Aujourd’hui, on piétine, on recule sur les droits, et c’est au nom des femmes comme Simone Veil que nous avons le devoir de continuer », indique encore la sénatrice engagée pour la laïcité. Pourquoi ? « Car les acquis des femmes ne le sont jamais. »
« Une soeur de combat » pour Brigitte Gonthier-Maurin
« Plutôt qu’une héritière, je dirais plutôt que je suis une sœur de combat de Simone Veil », déclare la sénatrice communiste des Hauts-de-Seine, Brigitte Gonthier-Maurin. La vice-présidente de la délégation aux droits des femmes au Sénat pense que la lutte pour les droits « transcende les clivages politiques ». Et quand les querelles éclatent régulièrement entre « néo-féministes », Brigitte Gonthier-Maurin croit en « une grande communauté de tous les horizons politiques pour œuvrer à une convergence des droits des femmes. Et cela ne veut pas dire rabaisser les droits des femmes, au contraire ! » s’exclame-t-elle. Son engagement : « Libérer les femmes fait avancer les sociétés dans lesquelles elles vivent, que ce soit en France ou ailleurs. »
« La flamme de mon engagement en politique » pour Fabienne Keller
« C’est en classe de cinquième que j’ai découvert Simone Veil, quand elle défendait l’IVG. J’écoutais la radio, j'écoutais les débats, j’en parlais ensuite aux copines au collège. C’est à ce moment que la flamme de mon engagement politique s’est allumée, grâce à cette femme notamment », raconte la sénatrice Les Républicains Fabienne Keller. Le combat des féministes des années 1970 l'a servie personnellement: « J’ai fait l’Ecole polytechnique, et j’ai pu y rentrer car des femmes se sont battues pour y être acceptées. J’ai été considérablement aidée par celles qui m’ont précédée et qui ont ouvert la voie pour les autres », confie encore l’ancienne maire de Strasbourg. Mobilisée pour l’éducation et l’émancipation des femmes dans les quartiers, Fabienne Keller souligne : « Le combat des femmes n’est jamais acquis, même en France. Il faut toujours rester vigilant, notamment sur l’IVG, et avancer. »