Des députés novices nous racontent leur première rentrée parlementaire
INTERVIEW•Les trois quarts des députés entrants à l’Assemblée nationale vivent mardi leur première rentrée parlementaire…Océane Marache Martin Guimier
L’Assemblée nationale a connu un profond renouvellement à l’issue des élections législatives. 429 députés sur 577, soit près de 75 % d’entre eux, découvrent le Palais Bourbon. Un record sous la Ve République. Jeunes ou moins jeunes, rompus ou non à la politique, ils vont connaître ce mardi leur première séance publique dans l’hémicycle. 20 Minutes a demandé à certains d’entre eux comment appréhender une première rentrée parlementaire.
Bastien Lachaud (France Insoumise), 36 ans
« En entrant au Palais Bourbon, j’ai immédiatement ressenti un grand sens de la responsabilité vis-à-vis de nos électeurs. Nous sommes 17 députés la France Insoumise pour 7 millions de personnes qui ont voté pour nous. C’est une particularité de ce mode de scrutin, qui n’est pas représentatif. Nous allons définir aujourd’hui qui fera quoi, en tout cas, nous serons présents dans l’ensemble des commissions parlementaires. »
Ludovic Pajot (Front national), 23 ans
« C’est une fierté pour moi d’entrer à l’Assemblée nationale, d’autant que le Front national représente la jeunesse, étant donné que nous sommes le premier parti chez les jeunes. Nous avions eu David Rachline élu sénateur le plus jeune de France, et Marion Maréchal-Le Pen plus jeune députée. C’est un honneur de reprendre le flambeau. Nous continuerons le travail commencé par Gilbert Collard et Marion Maréchal-Le Pen, avec notamment une grosse présence sur le terrain. En sachant que nous avons toujours comme objectif de former un groupe parlementaire. Il nous reste encore à définir nos différents rôles, mais j’aimerais faire partie de la commission portant sur le développement durable ».
Pierre-Henri Dumont (Les Républicains), 29 ans
« En tant que député, le poids des responsabilités est forcément important. Le Palais Bourbon n’est pas un lieu anodin, nous allons devoir nous mettre au travail dès aujourd’hui, pour ne pas décevoir ceux qui nous ont élus. Je suis heureux de pouvoir montrer ce dont je suis capable. On me met souvent dans la catégorie des « jeunes », mais je suis un député comme les autres après tout. Je me suis préparé tout seul car je suis maire depuis 2014. Pour ce qui est de l’Assemblée nationale j’ai été attaché parlementaire de 2012 à 2014, donc je connais un peu la maison. Comme représentant du Nord Pas-de-Calais, j’ai deux priorités : la question des migrants, puisqu’il faut débloquer la situation, et celle du Brexit car nous sommes les premiers touchés, Calais étant la porte d’entrée vers le Royaume-Uni. »
Patrick Mignola (MoDem), 46 ans
« C’est une grande émotion pour moi d’entrer à l’Assemblée nationale. Être élu, ça montre que la République est belle. Mais il faut être professionnels, et se mettre directement au travail, c’est pour cela que les citoyens nous ont choisis. Personnellement, je suis élu local depuis 22 ans, j’ai donc une certaine connaissance des institutions politiques. J’ai bien été préparé aux techniques parlementaires : en sortant de Sciences Po, j’ai eu l’occasion d’être proche de François Bayrou et Michel Mercier, ce qui m’a aidé à comprendre le cœur du métier. La réforme du Code du travail me tient particulièrement à cœur. Etant chef d’entreprise, c’est un sujet que je suis de près. Je vais veiller à ce que l’axe choisi par le président de la République soit suivi. Je souhaite que toutes les négociations, des grandes entreprises aux PME, soient égales. L’objectif est donc de travailler en groupements territoriaux pour faciliter ces discussions. »
Yannick Kerlogot, (La République en marche), 47 ans
« Comme la plupart des nouveaux, je suis plein d’enthousiasme et d’envie de bien faire. On a encore besoin de s’adapter mais ça va aller très vite au fil des premières séances. Il faut avoir en tête que dans le groupe La République en marche, nous sommes dans une logique de fidélité, nous voulons que les idées que nous partageons se concrétisent. Il ne s’agit pas de se démarquer, mais plutôt de se singulariser en mettant à profit notre expérience de la société civile. Nous sommes dans une dynamique de préparation, ensemble depuis plusieurs mois, reste maintenant à appliquer le programme. Je pense notamment à l’objectif d’Emmanuel Macron d’atteindre les 7 % de chômage à la fin de son mandat, mais aussi d’adapter le monde du travail à la société d’aujourd’hui avec la réforme du Code du travail. »