Assemblée nationale: Les nouveaux députés vont-ils bousculer le dress code?
Dress-code•Certains députés fraîchement élus pourraient bien bousculer la coutume vestimentaire à l’Assemblée nationale ...Martin Guimier
L'essentiel
- L’Assemblée nationale a été profondément renouvellée
- Certains députés entrants affichent leur volonté de se démarquer
- En adoptant un style vestimentaire non conventionnel
La quinzaine de députés de la France insoumise (FI) a fait une entrée remarquée au Palais Bourbon mardi. Chemise ouverte, veste au bras pour certains, le groupe a d’entrée de jeu affiché une volonté de se démarquer de l’inévitable « costard-cravate » du député. Et ils ne sont pas les seuls à vouloir rompre la tradition parmi les nouveaux entrants.
« Casser les codes »
Le jeune député FI de la deuxième circonscription du Nord, Ugo Bernalicis, s’amusait mardi de cette touche d’excentricité : « On est d’abord allés prendre des photos dans l’hémicycle, prendre nos marques, et sans cravate ! Ça nous a voulu quelques remarques mais on les prend avec plaisir, j’ai dit que j’étais là pour casser les codes ». Si selon Dominique Rousseau, professeur de droit constitutionnel à l’université Paris I, cette attitude « relève de la posture », cela pourrait avoir pour effet de bousculer les mœurs.
D’autres personnalités élues risquent également de ne pas passer inaperçu. A l’instar du mathématicien Cédric Villani, qui assure vouloir porter sa fameuse lavallière dans l’hémicycle. Ou même du député indépendantiste polynésien Moetai Brotherson, arrivé en sandales et en chemise à fleurs devant le Palais Bourbon, et qui souhaite siéger vêtu d’un lava-lava, tenue polynésienne traditionelle : « C’est une sorte de jupe-portefeuille. J’aimerais porter une belle chemise polynésienne avec. J’ai une manière de m’habiller qui est liée à ma culture. Après je respecte les institutions, on verra ce que l’on me dira, les huissiers ne m’ont pas dit non mais ils avaient l’air perplexes lorsque je leur ai demandé », explique-t-il à 20 Minutes.
Plus qu’une règle, une coutume
De son côté, l’Assemblée nationale assure qu’« aucun texte ne stipule que les députés doivent porter une tenue spécifique ». Néanmoins, la « coutume, qui veut qu’un député homme siège en costard-cravate, est, sauf exception, toujours respectée ». Pas de règle officielle donc, mais une tradition profondément ancrée. Au point que l’on puisse lire dans le compte rendu du bureau de l’Assemblée nationale en 2008, le rappel à « tous les membres de l’Assemblée la nécessité jusque-là observée d’avoir en toutes circonstances une tenue respectueuse des lieux ». Les huissiers possèdent d’ailleurs à cet effet « une réserve de cravates pour les députés négligents ».
Certains députés ont déjà fait les frais d’une tenue légèrement osée dans l’hémicycle. On se souviendra notamment de la fameuse veste à col Mao, assorti d’un costume Thierry Mugler porté par Jack Lang en 1985, qui lui avait valu les railleries de ses camarades.
Vers un assouplissement ?
L’hémicycle a déjà vu les coutumes évoluer par le passé. « Le président de l’Assemblée nationale devait par exemple porter un habit d’apparat au début de la Vème République. Il y a eu quelques assouplissements depuis », explique un spécialiste du Palais Bourbon. Le rajeunissement de l’hémicycle, dont la moyenne d’âge des députés est passée de plus de 54 ans à moins de 49 ans pourrait notamment faciliter un assouplissement de la tradition. Même si pour le professeur Dominique Rousseau, la volonté de se démarquer par la tenue vestimentaire « est un peu démagogique. Certains ne portent pas de cravates aujourd’hui, et en porteront dans quatre ans ».
Reste à savoir si la nouvelle génération de députés osera se démarquer de ses prédécesseurs.