L'ancien «Sarko boy» et ambassadeur sulfureux, Boris Boillon, est jugé ce lundi
JUSTICE•L’ancien ambassadeur en Tunisie est jugé lundi et mardi pour « blanchiment de fraude fiscale », « faux et usage de faux », « abus de biens sociaux » et « manquement à l’obligation déclarative de transfert de capitaux »…
Hélène Sergent
L'essentiel
- Le diplomate a été interpellé le 31 juillet 2013 à la gare du Nord avec 350.000 euros et 40.000 dollars en liquide sur lui.
- Le Quai d’Orsay l’avait suspendu en novembre 2016 suite à ses démêlés judiciaires.
- En poste en Tunisie pendant le mandat de Nicolas Sarkozy, Boillon s’était retrouvé au cœur de plusieurs polémiques.
«Trop complexe » pour être jugée sur une seule journée. C’est ce qu’a estimé en mars dernier, le président de la 11e chambre Peimane Ghaleh-Marzban, qui a décidé de renvoyer le procès de Boris Boillon, ex-ambassadeur de France en Tunisie et en Irak. Deux mois plus tard, ce « Sarko boy » au style abrupt est de retour devant le tribunal correctionnel de Paris.
Jugé ce lundi et mardi, il est poursuivi pour « blanchiment de fraude fiscale », « faux et usage de faux », « abus de biens sociaux » et « manquement à l’obligation déclarative de transfert de capitaux ». Le 31 juillet 2013, il est arrêté gare du Nord à Paris par des douaniers qui trouvent dans son sac 350.000 euros et 40.000 dollars en liquide.
Une carrière sulfureuse
Nommé en 2009 ambassadeur de France en Irak à 39 ans, Boris Boillon casse les codes qui prévalent habituellement dans les couloirs feutrés du Quai d’Orsay. L’homme entretient son image de « James Bond à la française » et le phrasé brutal. Son arrivée à l’ambassade de France en Tunisie en 2011 signe le début des polémiques.
Une séquence filmée face à des journalistes tunisiens, au cours de laquelle Boillon enchaîne jurons et excès de colère, provoque des manifestations devant l’ambassade de France à Tunis. Quelques mois plus tôt, en novembre 2010, le haut fonctionnaire prenait, sur le plateau du Grand Journal de Canal +, la défense de Mouammar Kadhafi, l’ex-dictateur Libyen. Maintenu en poste jusqu’à l’élection de François Hollande en 2012, l’ambitieux proche de Nicolas Sarkozy se reconvertit rapidement dans le privé.
L’origine des espèces
Usant des relations tissées en Irak lors de son passage au Quai d’Orsay, Boris Boillon créé sa société de consulting international, Spartago, et propose ses services auprès de sociétés irakiennes. En août 2013, le site d’information Mediapart révèle que le haut fonctionnaire a fait l’objet d’une interpellation par des douaniers à la gare du Nord alors qu’il tentait de rejoindre Bruxelles. Dans son sac, qu’il refuse d’ouvrir dans un premier temps, les forces de l’ordre découvrent des liasses de billets de 50, 100, 200 et 500 euros. Au total, Boillon transporte ce jour-là 350.000 euros et 40.000 dollars en liquide.
Dans les extraits de procès-verbal publié par Mediapart, l’ex-ambassadeur expliquait aux enquêteurs avoir voulu transférer cet argent liquide - obtenu du fait des « carences du système bancaire irakien » - pour « régulariser la chose au plus vite ». Au-delà du montant, c’est surtout la provenance des fonds qui attise la curiosité des policiers. Les investigations n’ont toutefois pas permis de retracer l’origine des espèces, a fait savoir à l’AFP, une source proche de l’enquête. Lors de la courte audience, tenue en mars dernier, Boillon a assuré au président du tribunal qu’il souhaitait s’expliquer.
En 2010, sur le plateau de Canal +, Boillon plaidait l’indulgence envers Kadhafi. « Dans sa vie, on fait tous des erreurs et dans sa vie on a tous droit au rachat. » Gageons qu’aujourd’hui il la sollicite pour lui-même.