TEMOIGNAGESLes assistants parlementaires entre colère et déprime après le PenelopeGate

Affaire Penelope Fillon: «Cela me blesse qu'on tape sur mon métier»... Des collaborateurs parlementaires témoignent

TEMOIGNAGES«20 Minutes» a interrogé plusieurs assistants parlementaires au sujet de leur métier au coeur de l'actualité avec l'affaire Penelope Fillon...
Laure Cometti

Laure Cometti

Méconnu du grand public, le métier de collaborateur parlementaire est sous les projecteurs depuis les révélations du Canard enchaîné sur l’affaire Penelope Fillon. En 2015, 2. 099 hommes et ces femmes occupaient ce poste à l’ Assemblée nationale et 921 au Sénat. A quoi ressemble leur travail et ont-ils été affectés par le « PenelopeGate » ? 20 Minutes a recueilli les témoignages de trois assistants parlementaires.

Un métier « protéiforme »

Les députés et les sénateurs ont généralement un collaborateur à Paris, pour les aider dans leur travail législatif, et un dans leur circonscription. Leurs missions sont variées : « il y a les tâches administratives, comme gérer l’agenda, répondre au courrier, réserver des taxis, des restaurants, des tâches de communication, c’est-à-dire les réseaux sociaux, les relations presse, et puis il y a toute la partie législative. On rédige des rapports, des amendements, des notes techniques, des discours… », détaille Victoria, 27 ans, collaboratrice d’un sénateur de droite, qui est seule à Paris pour gérer toutes ses tâches.

« Ce métier est très protéiforme et il faut être capable de tout faire », résume le secrétaire général adjoint du syndicat national des collaborateurs parlementaires (SNCP-FO), lui-même collaborateur d’une députée de droite. Il n’existe pas de fiche de poste ni de statut pour les collaborateurs parlementaires. Certains sont en CDD, d’autres en CDI avec une clause qui entraîne leur licenciement pour motif personnel si leur parlementaire n’est pas réélu ou ne se représente pas.

Quant au salaire, « le député ou sénateur est libre de fixer leur rémunération, dans la limite de l’enveloppe » [7.593,39 euros au Sénat et 9.561 euros à l’Assemblée]. Pour les horaires, là aussi, c’est variable. « En général on fait du 9h-18h30, mais cela varie en fonction du travail du député ou du sénateur. Lorsqu’il y a des séances de nuit, on travaille jusque très tard », souligne le jeune homme. « Quand j’aidais mon député à écrire son livre, il m’arrivait de quitter le bureau à 4 heures du matin », se souvient Victoire, ancienne assistante parlementaire.

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« Ça me blesse qu’on tape sur mon métier »

L’affaire Penelope Fillon a eu de bonnes et de mauvaises conséquences pour ce collaborateur d’une députée de droite. « Pour une fois qu’on parle de nous, c’est pour dire qu’une collaboratrice aurait gagné jusqu’à 7.000 euros par mois. Les sommes évoquées sont délirantes. C’est indécent par rapport au quotidien des Français. Mais au moins, cela nous permet de parler de la réalité de notre métier », explique-t-on au SNCP-FO. Selon le syndicat, le salaire médian des assistants parlementaires à l’Assemblée est de 2.200 euros net et 90 % d’entre eux gagnent moins de 3.200 euros net par mois.

« J’ai été très surprise par le salaire que Penelope Fillon aurait touché, c’est n’importe quoi. L’accusation d’emploi fictif m’a moins étonnée », lâche Victoire, « désabusée » par « toutes les affaires politiques ».

« Ça me blesse qu’on tape sur mon métier », souffle Victoria. « On passe beaucoup de temps à se justifier : on n’est pas payé à ne rien faire, c’est pas vrai. J’ai fait de longues études, ce n’est pas pour finir à faire le café à un élu », insiste la diplômée en droit. « On travaille comme des malades », renchérit Victoire.

« Notre métier est totalement tangible ! »

La petite phrase de l’avocat de François Fillon qui estime que le travail d'assistant parlementaire n'est pas forcément «tangible», en a fait tiquer plus d’un. « Mais si, c’est totalement tangible ! On a des dizaines et des dizaines de giga de données de notre travail parlementaire, il y a beaucoup de traces qui attestent de la teneur de notre travail », répond le SNCP-FO.

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L’affaire Penelope Fillon devrait avoir des conséquences sur cette profession de l’ombre. « Il y aura une réglementation après ce qui s’est passé », estime le SNCP-FO. « Pas uniquement sur les emplois familiaux, qui sont un symptôme, mais sur la fictivité de l’emploi », espère le syndicat. Un encadrement que nombre de ces « petites mains » parlementaires appellent de leurs vœux.