JUSTICEPourquoi Marine Le Pen doit 340.000 euros au Parlement européen

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JUSTICEL’eurodéputée est accusée par le Parlement européen d’avoir perçu 340.000 euros pour rémunérer deux assistants qui n’auraient travaillé que pour son parti…
La présidente du Front national, Marine Le Pen, le 21 janvier 2017, à Coblence, en Allemagne.
La présidente du Front national, Marine Le Pen, le 21 janvier 2017, à Coblence, en Allemagne.  - Roberto Pfeil / AFP
Oihana Gabriel

Oihana Gabriel

Marine Le Pen, accusée d’irrégularités sur la rémunération de plusieurs de ses assistants parlementaires, a toujours nié les accusations d'« emplois fictifs ». Mais elle risque d’être touchée au porte-monnaie rapidement. En effet, la présidente du Front national a jusqu’à ce soir pour trouver les presque 300.000 euros que le Parlement européen lui réclame. 20 Minutes fait le point sur cette affaire.

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Les faits

Marine Le Pen doit rembourser un peu moins de 300 000 euros au Parlement européen avant ce soir. En août 2016, l’Office européen de lutte contre la fraude (Olaf) a demandé au Parlement européen de recouvrer 339 946 euros auprès de Marine Le Pen elle-même, une somme correspondant aux salaires versés à deux de ses assistants parlementaires, Catherine Griset et Thierry Légier. Le plus haut fonctionnaire du Parlement européen, Klaus Welle, a envoyé par courrier deux demandes de recouvrement, le 5 décembre 2016 et le 6 janvier 2017. Avec deux timings différents, donc : la présidente du Front national a jusqu’au 31 janvier pour rembourser 298 497 euros pour les salaires « indûment versés » à Catherine Griset. Et jusqu’au 28 février pour verser les 41 500 euros de préjudice pour le salaire du deuxième assistant.

Qui sont les deux assistants ?

Catherine Griset a été assistante parlementaire accréditée au Parlement européen du 3 décembre 2010 au 15 février 2016, mais l’enquête de l’Olaf a conclu que la cheffe de cabinet de Marine Le Pen ne se rendait pas souvent à Bruxelles. « Il résulte du rapport et des conclusions d’Olaf que Catherine Griset, dont le contrat prévoyait comme lieu de travail Bruxelles, n’a pas été en mesure de démontrer qu’elle résidait de façon continue ou avec un caractère permanent en Belgique, ni qu’elle se rendait régulièrement à son lieu de travail », écrit Klaus Welle dans le document révélé par Challenges. Le deuxième assistant mis en cause n’est autre que le garde du corps de Marine Le Pen, Thierry Légier.

De quoi est accusée Marine Le Pen ?

D’avoir rémunéré ces deux assistants avec les deniers des Européens… alors qu’ils n’auraient travaillé que pour le parti français. Challenges, qui s’est procuré les deux lettres, dévoile que Klaus Welle, secrétaire général du Parlement européen, rappelle l’article 62 du statut des députés qui précise que : « Les montants versés aux députés, notamment au titre de l’assistance parlementaire, sont exclusivement réservés au financement d’activités liées à l’exercice du mandat des députés. »

Quelles conséquences pour Marine Le Pen ?

Si les 298 497 euros ne sont pas remboursés avant le 1er février, le Parlement européen sucrera la moitié de l’indemnité parlementaire de Marine Le Pen (qui s’élève à 6 200 euros), la totalité de son enveloppe de 4 300 euros de frais généraux et la moitié de son indemnité de séjour. Et ce jusqu’à avoir récupéré la totalité de la somme, soit 340 000 euros. « Elle va se retrouver avec 3 000 euros par mois pour élever ses trois enfants, car elle ne perçoit aucune rémunération du Front national », s’insurge Me Marcel Ceccaldi, son avocat, contacté par 20 Minutes.

La défense de Marine Le Pen

Me Ceccaldi a dénoncé dans cette affaire une « manœuvre » pour « gêner l’action de Mme Le Pen au Parlement européen ». Il critique le manque de transparence du Parlement : « J’ai demandé par lettre recommandée le rapport de l’enquête de l’Olaf sur ce dossier. Ils m’ont répondu « impossible, car ce serait révéler notre stratégie », s’énerve l’avocat. Qui accuse : « Ce qui est reproché à Marine Le Pen pourrait être reproché à bien d’autres eurodéputés. Mais, de toute façon, le Parlement européen n’est pas une citadelle. Il n’y a pas de barrière étanche entre ce que Catherine Griset fait en tant que chef de cabinet et sa fonction d’assistante parlementaire européenne. »

L’avocat a d’ailleurs confirmé à 20 Minutes avoir porté plainte la semaine dernière contre l’Olaf et contre le secrétaire général du Parlement européen Klaus Welle pour « faux et complicité de faux ». Une plainte qui ne suspend pas l’échéance du recouvrement pour autant… Sur le plateau de TF1 samedi à 13 h, Marine Le Pen, visiblement peu disposée à rembourser ces sommes, s’est défendue : « Je conteste formellement cette procédure. Le Parlement, c’est une institution politique. Nous les gênons beaucoup [les personnes à la tête du Parlement]. Ils ont dit qu’ils auraient notre peau et nous allons les combattre. Ils sont à la fois juge et partie et décident de condamner ».

Une procédure en France

Parallèlement, une information judiciaire a été ouverte le 15 décembre 2016 par le parquet de Paris pour abus de confiance et recel, escroqueries en bande organisée, faux et usage de faux et travail dissimulé dans cette même affaire. En effet, le Parlement européen avait saisi le Parquet, qui avait ouvert une enquête en mars 2015. Des juges d’instruction du pôle financier sont donc chargés par le parquet de Paris d’enquêter sur les soupçons de salaires indûment versés à des assistants parlementaires