VOTEPrimaire à gauche: Qui sont les électeurs de Benoît Hamon?

Primaire à gauche: Qui sont les électeurs de Benoît Hamon?

VOTESon secret, c'est d'avoir réussi à séduire au-delà du Parti socialiste...
Lucie Bras

Lucie Bras

Dix-sept points d’écart séparent Manuel Valls et Benoît Hamon au deuxième tour de la primaire socialiste. Mais qui sont ces 600.000 électeurs qui se sont mobilisés pour élire Benoît Hamon?

  • Ils ne sont pas forcément socialistes

Si les deux candidats sont au coude à coude dans le cœur des socialistes, ce sont les sympathisants écolos et Front de gauche qui ont fortement contribué à l’élection de Benoît Hamon.

« Chez les seuls sympathisants du parti, le score est très serré », confirme Yves-Marie Cann, directeur des études politiques d’Elabe, qui a réalisé une étude sur ce second tour. Le Parti socialiste est divisé en deux blocs indécis, et Benoît Hamon ne doit pas oublier toutes les voix en faveur de Manuel Valls. « Cela montre la force de l’enjeu du rassemblement pour les mois à venir », prévient Yves-Marie Cann.

  • Ils viennent de partout en France, sauf d’outre-mer

« Le critère géographique n’est pas pertinent pour analyser sa victoire, explique Yves-Marie Cann. C’est assez homogène. » En effet, Benoît Hamon a conquis la quasi-totalité du territoire français : il est arrivé en tête dans 92 départements en France sur un total de 101.

C’est en Saône-et-Loire, terre d’Arnaud Montebourg, qu’il remporte sa plus grosse victoire avec 68,65 % des voix. Même dans l’Essonne, où Manuel Valls est député, Benoît Hamon rafle 54,98 % des voix. Ce dernier arrive toutefois derrière son adversaire dans les outre-mer.

  • Ils sont plus jeunes que ceux de Valls

Les jeunes entre 25 et 34 ans ont voté Benoît Hamon à 69 %. C’est dans cette catégorie qu’il recueille son meilleur résultat. Et plus l’âge augmente, plus ce score baisse. Chez les plus âgés (50-64 ans), c’est ansi Manuel Valls qui prend la tête.

  • Ils sont actifs

Chez les actifs, des électeurs les plus populaires aux catégories socioprofessionnelles les plus élevées, tous votent Hamon. La seule population qui résiste à cette vague, ce sont les retraités, qui ont préféré Valls à 53 %.

  • Ils ont voté pour préserver les valeurs de la gauche

Les électeurs de gauche tiennent à conserver leurs valeurs : c’est le message qu’ils ont voulu faire passer en votant pour Benoît Hamon. A 76 %, ils ont estimé qu’il serait celui qui porterait le mieux ces valeurs pendant la campagne présidentielle. Seuls 24 % ont voté parce qu’il ferait un meilleur président de la république.

Autre critère, Benoît Hamon a donné l’impression d’être « honnête », de « vouloir changer les choses », d’après l’étude Elabe.

En résumé, le vainqueur l’emporte presque partout. Un vote qui dépasse les catégories socioprofessionnelles ou l’âge des électeurs. « Il fédère sur son nom des profils très variés. On peut parler de dynamique Hamon. » Une dynamique qu’il lui faudra conserver dans les trois mois qui le séparent de l’élection présidentielle.

Les conquêtes de Manuel Valls

Malgré sa défaite, Manuel Valls a quand même réussi à séduire des territoires dans le Sud et les territoires d’Outre-mer : l’Aude, l’Hérault, la Corse, Mayotte, la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane.

Et, score impensable, dans cinq bureaux (en Martinique et en Nouvelle-Calédonie), Manuel Valls remporte même 100 % des voix !

« Cela peut dépendre des consignes de vote des élus locaux. En Corse et dans un grand quart sud-ouest, les radicaux de gauche sont très présents et ont une vraie zone de force », analyse Yves-Marie Cann, directeur des études politiques Elabe.

Partout ailleurs, c’est la vague Hamon qui a emporté tous les suffrages.