Pourquoi les primaires des partis ne créent pas de leaders politiques
PRESIDENTIELLE•A droite comme à gauche, ce système n'assure pas aux candidats le soutien de l'opinon...Coralie Lemke
Au Parti socialiste comme chez les Républicains, les primaires peinent à faire émerger des meneurs pour la présidentielle à venir. Moins d’un Français sur cinq voit la primaire de la Belle alliance populaire comme un moyen d’adouber le futur président de la République, selon un sondage Odoxa pour FranceInfo paru ce vendredi.
« La gauche est menacée d’implosion. Les lignes idéologiques des candidats sont trop disparates », analyse Bernard Sananès, président de l’institut de sondage Elabe. « Ces clivages se retrouvent dans l’électorat, qui est perdu. » D’où un faible intérêt -seulement 42 % des Français inscrits sur les listes électorales- pour les deux scrutins de janvier. Interrogés par Harris Interactive, 30 % d’entre eux ne sont « pas vraiment » intéressés, et 28 % « pas du tout », d’après une étude parue le 5 janvier.
« En comparaison, la primaire des Républicains faisait beaucoup plus parler d’elle. Les protagonistes étaient connus depuis bien plus longtemps, et la candidature de Nicolas Sarkozy avait beaucoup mobilisé les électeurs », rappelle Jean-Daniel Lévy, Directeur du Département Politique & Opinion d’Harris Interactive.
a« Moins d’enjeux, moins de tensions et une dramaturgie moins marquée », autant de facteurs qui peinent à faire émerger un candidat qui serait porté par ses partisans.
Le programme contesté de François Fillon
Mais si la primaire mobilise, une fois le candidat désigné, son leadership n'est pas assuré, à l'instar de la primaire de la droite et du centre. Ainsi, le scrutin n’a pas permis de faire de François Fillon le candidat providentiel des Républicains. S’il a été désigné par une large majorité comme candidat (66 % des suffrages), son projet ne convainc pas les Français: 81 % d’entre eux souhaiteraient qu’il modifie son programme, selon un sondage publié le 4 janvier par Elabe.
« François Fillon a été boosté par la primaire mais il connaît maintenant un trou d’air qu’il n’avait pas anticipé. Cette baisse de popularité dans l’opinion publique est due à l’annonce de ses mesures sur la sécurité sociale », analyse Bernard Sananès.
Durant sa campagne, François Fillon avait plaidé pour une prise en charge par la sécurité sociale des seuls gros risques, les petits étant remboursés par les mutuelles ou assurances privées. « Cela ne plaît pas, et ce jusque dans son propre électorat. C’est un point d’alerte auquel il faut prêter attention », prévient le président d'Elabe.
Une situation bien différente des Etats-Unis, où des primaires sont organisées depuis longtemps. L’année passée, elles ont permis à un certain Donald Trump, un homme d’affaires novice en la matière de faire entendre sa voix politique, et in fine d’accéder à la tête du pays.