A moins de deux mois du premier tour de la primaire socialiste, le 22 janvier 2017, les regards se tournent vers Christiane Taubira. L’ancienne ministre de la Justice a torpillé le programme de François Fillon dans une interview à Sud Ouest le 24 novembre dernier. Elle a également réagi au renoncement de François Hollande par un tweet, le 1er décembre.

Mais à ce jour, elle n’a rien dit sur les candidats en lice. Pourrait-elle s’allier à Arnaud Montebourg, qui n’a pas écarté cette option dimanche, ou encourage-t-elle Vincent Peillon à se lancer comme l’écrit Le Point ? Les spéculations vont bon train.

Un soutien à Montebourg, comme en 2011 ?

Arnaud Montebourg et Christiane Taubira sur le perron de l'Elysée, le 18 juin 2014.
Arnaud Montebourg et Christiane Taubira sur le perron de l'Elysée, le 18 juin 2014. - VILLARD/SIPA

Interrogé par un auditeur de l’émission Questions politiques France Inter/Le Monde/France Info qui lui demandait s’il estimait que l’ancienne garde des Sceaux devrait se présenter à cette primaire, Arnaud Montebourg a répondu : « Je lui ai dit que si elle souhaitait se présenter, nous pourrions avoir une discussion importante et constructive ensemble ». Manière de dire que l’un pourrait se rallier à l’autre. Chez les partisans de Montebourg, le ticket fait un peu rêver. « Montebourg sur l’économie et Taubira sur le sociétal, ce serait un vrai couple de gauche », glisse un militant.

Un rêve nourri par les souvenirs du soutien apporté par Christiane Taubira à Arnaud Montebourg, candidat à la primaire socialiste de 2011. Dès le 14 décembre 2010, elle avait annoncé son ralliement. « Cela fait dix ans qu’Arnaud Montebourg et moi, nous avons des convergences », avait-elle déclaré, en citant la Convention pour la VIe République et « les batailles contre la suprématie de la finance » parmi les combats communs.

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Pourraient-ils à nouveau converger, cinq ans plus tard ? Leur expérience au gouvernement a laissé des traces, Christiane Taubira n’ayant guère apprécié que le ministre du Redressement productif soutienne la nomination de Manuel Valls en 2014. Mais ils se seraient vus la semaine dernière selon L’Opinion.

Une ligne plus proche de celle de Peillon ?

Vincent Peillon et Christiane Taubira lors d'un rassemblement
Vincent Peillon et Christiane Taubira lors d'un rassemblement  - REVELLI-BEAUMONT/SIPA

Pour autant, Le Point écrivait lundi qu'« une opération est en cours menée par Aubry, Moscovici, Taubira et Hidalgo pour aller chercher » Vincent Peillon. L’entourage de l’eurodéputé a confirmé ce mercredi qu’il annoncerait sa candidature à la fin de la semaine, mais l’ex garde des Sceaux n’a toujours pas réagi.

Fabien Escalona, spécialiste de la gauche, la « situerait plutôt entre Peillon et Valls, au centre ou à l’aile droite du PS », rappelant que la garde des Sceaux a démissionné du gouvernement « tardivement », en janvier 2016. Soit un an et demi après l’éviction d’Arnaud Montebourg et Benoît Hamon. Depuis, elle est restée fidèle à François Hollande. « On sait ce que dit Taubira sur la République, la justice, l’éducation, mais sur les sujets économiques et sociaux, elle n’a pas construit d’offre très repérable. En tout cas, elle est loin de la critique sociale formulée par Montebourg et Hamon », souligne l’enseignant à Sciences Po Lyon. Des dissensions qui n’empêcheraient toutefois pas une alliance.

Si le nom de l’ancienne ministre de la Justice revient souvent dans le débat sur la primaire socialiste, c’est qu’elle a une aura particulière auprès de l’électorat de gauche, construite notamment lors de la « réforme emblématique du mariage pour tous, qu’elle a défendue avec un certain panache, des références littéraires », souligne Fabien Escalona.

Une pétition pour que Christiane Taubira se présente à la primaire a recueilli ce mercredi près de 86.000 signatures sur la plateforme Change.org. En 2002, candidate pour le Parti radical de gauche, Christiane Taubira avait récolté 2,3 % des voix et les accusations d’avoir éparpillé le vote de gauche. Reste donc la question d’un éventuel ralliement de l’ex garde des Sceaux.