Primaire à droite: François Fillon peut-il créer la surprise face à Alain Juppé et Nicolas Sarkozy?
POLITIQUE•L’ancien Premier ministre connaîtrait une embellie dans les sondages…Thibaut Le Gal
Pour le premier tour de , « rien n’est joué ». Et c’est le favori des sondages, Alain Juppé, qui le dit ce lundi sur RTL. Après l’élection de Donald Trump, difficile de se fier aux sondages… mais la remontée d’un vers le duo de tête serait une des tendances des derniers jours. Le député de Paris peut-il jouer les trouble-fêtes ? 20 Minutes tente d’y voir plus clair.
Oui, la tendance est bien là
C’est indéniable : les derniers . François Fillon est crédité de 17 % d’intentions de vote, en hausse de 3 points en quinze jours, dans l’enquête Harris Interactive. Sa progression est plus forte dans l’enquête Kantar-Sofres, avec 7 points de gagnés (18 %).
« Les sondages nous présentent depuis des mois un duel qui serait déjà bouclé », s’agace Valérie Boyer. La porte-parole de François Fillon tire à boulets rouges sur les sondeurs (et les médias) pour mieux… s’en servir dans la foulée. « Les chiffres n’ont pas vraiment d’importance car on ne connaît pas le corps électoral. Ce qui compte c’est la dynamique, et la dynamique est de notre côté. »
Non, il pourrait lui manquer du temps
Si l’embellie est là, n’est-elle pas trop tardive ? Avec ses 18 %, et malgré la marge d’erreur, l’ancien Premier ministre serait encore loin d’Alain Juppé (36 %) et Nicolas Sarkozy (30 %). « Il pourrait lui manquer un peu de temps pour passer le premier tour. On retrouve un peu l’effet . La dynamique s’était faite trop tardivement dans la campagne pour inquiéter Aubry et Hollande », assure Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion de l’Ifop.
Oui, il a marqué des points lors des débats
Le camp Fillon en est persuadé : la daterait du premier débat, le 13 octobre dernier. Le candidat lui-même s’amuse de cette évolution, d’une formule, dans le JDD : « Jusque-là, dès que j’arrivais quelque part en province, un journaliste me tendait son micro avec compassion : Vous y croyez encore ? Aujourd’hui, on me demande jusqu’où ma campagne peut aller. »
« Il y a clairement un effet débat », confirme Jérôme Fourquet. « Comme en 2011 lors de la primaire PS, une bonne partie du corps électoral, moins politisé, rentre dans le vif du sujet lors de la dernière ligne droite, et notamment lors des débats télévisés. Fillon a marqué des points avec une bonne prestation quand Bruno Le Maire, l’autre 3e homme, n’était pas forcément à l’aise sur les deux émissions. »
Non, car lui aussi a un bilan
Nicolas Sarkozy est régulièrement attaqué sur son quinquennat. Mais François Fillon a été le Premier ministre de l’ancien président. « C’est sa principale faiblesse. Il promet une rupture à la Thatcher, mais il a été avec Sarkozy pendant cinq ans. Nicolas Sarkozy ne manque d’ailleurs pas de le rappeler dès qu’il le peut », insiste Jérôme Fourquet. « Fillon assume sa part du bilan, mais il en a tiré les leçons, c’est pour ça qu’il est parti dès l’échec de 2012 pour établir un autre programme », défend sa porte-parole.
Oui, il incarne un équilibre entre Sarkozy et Juppé
« Il incarne une forme de synthèse appréciée par une partie des électeurs de droite : le style et la posture sérieuse de Juppé, avec un programme de rupture, clairement à droite que pourrait défendre Sarkozy », remarque Jérôme Fourquet. Avec son programme éco, François Fillon a peiné à se démarquer. « Ses propositions ont été pillées par les autres ! », accuse Valérie Boyer.
Le voilà donc opérer un tournant fin septembre avec la sortie de son livre, Vaincre le totalitarisme islamique. « Il s’est montré déterminé sur le communautarisme, ciblant uniquement l’islam, ou se différenciant des autres sur les réponses face au terrorisme », précise le sondeur. Il y a une semaine dans le Parisien, le candidat proposait tout bonnement de « neutraliser » les combattants français de l’Etat islamique. « Moins il y en a qui reviendront en France, mieux ce sera. »
A côté de ça, s’il ne s’est pas empêché de filer des coups, l’ancien Premier ministre a évité les polémiques. Quand Nicolas Sarkozy subit les foudres de ces adversaires au deuxième débat, lui se met en retrait : « Ça a été un honneur pour moi d’avoir été premier ministre pendant cinq ans. »
Non, car l’anti-sarkozysme est capté par Juppé
« Si Juppé n’était pas là, ce serait plus facile. Pour capter plus largement le vote utile, et contrer Nicolas Sarkozy, il faudrait d’abord lui passer devant », assure Jérôme Fourquet. Il n’est pas étonnant, donc, de voir François Fillon et ses soutiens reprendre à leur compte la formule du depuis quelques jours.