VIDEO. Les cinq virées les plus animées des politiques en banlieues
BANLIEUES•Les déplacements de personnalités politiques dans les banlieues françaises ont donné lieu à quelques accrochages…Olivier Philippe-Viela
Une claque par-ci, une promesse de « nettoyer la racaille », par-là, quelques crachats essuyés avec le sourire… quand un représentant politique se lance dans une opération communication en banlieue, comme s’apprête à le faire ce jeudi dans les quartiers Nord de Marseille, le risque d’un imprévu est élevé. De là à dire que le politique cherche la scène de tumulte dont il aura besoin pour nourrir son discours, il y a un pas. 20 Minutes fait le tour des exemples récents d’échanges houleux pour des responsables publics en bas des tours.
2002, Strasbourg, la gifle de Bayrou
Première campagne présidentielle pour François Bayrou. En avril 2002, à quelques jours du premier tour, le candidat UDF ne décolle toujours pas dans les sondages, plafonnant à 5 %. Et puis il y a ce déplacement dans la cité de la Meinau à Strasbourg, en compagnie de la maire Fabienne Keller. Le passage du centriste est tumultueux. Sous les insultes, il décide d’aller parler avec quelques habitants du quartier, quand il sent une main baladeuse dans sa veste. Il se retourne, gifle Yacine, onze ans, et lui ordonne « tu me fais pas les poches ! ». La séquence restera comme celle de « la taloche strasbourgeoise » comme François Bayrou se plaît à l’appeler lui-même. « Je connais les Français. Ils me sauront gré de ce geste », glisse-t-il à l’époque à un journaliste du . Il fera 6,84 % au premier tour de la présidentielle 2002.
2002, Mantes-la-Jolie, Chirac sous les crachats
Candidat à un second mandat, Jacques Chirac se rend le 4 mars dans le quartier de Val-Fourré, à Mantes-la-Jolie (Yvelines) pour parler sécurité, son grand thème de campagne. L’accueil est mouvementé, le président est la cible de crachats et d’insultes, entre deux allusions aux affaires judiciaires : « Supermenteur » (clin d’œil aux Guignols de l’info), « Chirac voleur ! » ou « vive Schuller » (Didier Schuller, ancien conseiller général RPR de Clichy) sont lancés par des dizaines de jeunes sur le passage du chef de l’Etat. « Ce ne sont que des enfants ! », plaisante sur le moment Chirac, comme le rapportait à l’époque. Il se rendra ensuite à Argenteuil puis à Savigny-sur-Orge, où il sera aussi malmené, conformément à la volonté de son équipe de campagne , pour qui ces images venaient « conforter son discours sur la montée des incivilités et des violences ». Chirac sera réélu pour un second mandat.
2005, Argenteuil, Sarkozy et « la racaille »
Probablement la plus célèbre sortie d’un homme politique. Le ministre de l’Intérieur, qui se prépare pour succéder à Jacques Chirac en 2007, reprend la thématique sécuritaire pour sa campagne. Il vient à Argenteuil rencontrer des CRS en octobre 2005, juste avant les émeutes dans les banlieues françaises consécutives à la mort des adolescents (il y a onze ans ce jeudi). A son arrivée, des cris, des insultes et quelques projectiles l’accueillent, obligeant son service de sécurité à sortir des parapluies et à protéger le ministre avec une valise en kevlar au-dessus de sa tête. Une image est restée : apostrophé par une dame depuis sa fenêtre, il lève les yeux et demande « vous en avez assez de cette bande de racaille ? Ben on va vous en débarrasser ». Onze ans plus tard, qui va se rendre sur la symbolique Dalle d’Argenteuil le 2 novembre prochain ? Alain Juppé, qui vient marquer sa différence avec son rival à la primaire de la droite.
2007, sur conseil de Soral, Marine Le Pen à Aulnay-sous-Bois et Jean-Marie à Argenteuil
Alors que Nicolas Sarkozy est en train de séduire une partie de l’électorat Front national durant la campagne 2007, le parti de Jean-Marie Le Pen répond à cette OPA sur ses thématiques en envoyant ses représentants sur les marchés de banlieues. Le 5 avril, Marine Le Pen, alors conseillère régionale d’Ile-de-France, se rend à Aulnay-sous-Bois en Seine-Saint-Denis. La réception est tiède, MLP réplique aux « No pasaran » (Ils ne passeront pas) par son ironie caractéristique, mimant des gens qui pleurent : « Ah on se cache, les courageux… bravo les courageux ! », applaudit-elle tout en sarcasme.
Au-dessus de son épaule gauche, on aperçoit , casquette sur la tête. Une présence pas anodine : Soral est durant la campagne le conseiller spécial de Jean-Marie Le Pen, celui qui a pour mission d’opérer un rapprochement avec les banlieues. Louis Aliot, aujourd’hui vice-président du parti, revenait en 2013 : « Soral, on le voit peu mais il arrive à convaincre Le Pen que les banlieues allaient voter pour lui, pour remplacer l’électorat qui vote pour Sarkozy ». Et justement, le lendemain de la visite de Marine Le Pen à Aulnay, son père va… sur la Dalle d’Argenteuil, un an et demi après Nicolas Sarkozy, et se fait filmer recevant un accueil autrement plus chaleureux que le futur président de la République (mais il ne passera que 45 minutes sur place).
2015, La Courneuve, Hollande n’a plus la banlieue avec lui
« Je viens dix ans après ce qui s’était produit, ce drame terrible de Clichy, les émeutes qui avaient eu lieu. On doit mettre de l’apaisement, de la cohérence et de la solidarité », a-t-il expliqué pour justifier . Le 20 octobre 2015, François Hollande a droit à quelques applaudissements quand sa voiture apparaît, alors qu’il doit visiter une pépinière d’entreprises et lancer l’Agence nationale de développement économique. Mais les huées recouvrent les timides mots de soutiens. Le président, escorté par un important dispositif de sécurité, déclarera en fin de visite : « Il n’y a pas de quartier perdu dans la République. Il n’y a pas une France périphérique ».